'L', faute de mieux, je l'ai suivi dans un hôtel luxueux, près de la gare de Lyon.
─ Je vais poser mes affaires, puis on ira au restaurant, n'ait pas peur.
─ Je n'ai pas peur ! ai-je rétorqué indigné.
C'était la vérité, loin d'être effrayé, j'étais heureux d'être avec lui, impatient de la suite.
Je me suis demandé pourquoi il a précisé cela, est ce que je faisais si benêt et si paumé que cela. Je sais que ma silhouette maigrichonne agaçait mon père. J'ai une tignasse de cheveux bruns ébouriffés et des taches de rousseur comme ma mère et c'est vrai que j'ai un air gamin. Au moins quand je vieillirais je ferais jeune un peu plus longtemps, pour l'instant si j'achète de l'alcool dans un commerce, je suis bon pour devoir fournir ma carte d'identité.
Pourquoi je n'étais pas énergique comme lui ?
Il a souri.
─ Tu fais toujours confiance au gens comme cela ?
─ Je te fais confiance, ai-je rectifié.
Nous avons diné dans un restaurant luxueux, au service compassé, peu de monde et un silence qu'il a rempli sans se préoccuper des serveurs affairés. Il avait une culture folle dans tous les domaines. Il connaissait tous les lieux où aller, les endroits branchés alors qu'il n'était même pas Parisien. Il m'a épaté, il en savait plus que moi qui vivait en région parisienne depuis déjà six ans. Nous pouvions parler d'informatique ou de science, mais aussi de cuisine et de vin. Nous n'arrêtions pas de bavarder, je ne voulais juste pas le quitter.
Ce que j'ai aimé le plus avec lui, c'est que tout coulait de source. Je n'ai eu qu'à me laisser guider, pour le choix des vins ou la conversation et cela me convenait parfaitement. Je n'arrive à me décider sur rien, je tergiverse.
Après le diner, je l'ai raccompagné à sa chambre, je n'avais rien en tête de précis, si ce n'est rester avec lui, encore un peu.
J'étais vierge, car n'avait pas dépassé le stade des pipes et des caresses. Mon L m'a guidé dans des câlins de plus en plus chauds.
Je l'ai couvert de baisers. Nous nous sommes goutés mutuellement et il m'a appris que je pouvais faire mieux, il a joint le geste à la parole. Je ne sais pas si j'aurais aimé avec beaucoup de personnes, mais avec lui c'était parfait. Il m'a pris appuyé contre le mur.
Je me suis senti tellement vivant, tellement désiré, contre son corps chaud. J'essaie de ne pas y penser, car le manque est épouvantable. J'ai pensé que c'était fini, mais il m'a encore repris sur le lit et cette nuit-là j'ai découvert un L déchainé. C'était juste parfait. J'ai eu la chance d'avoir une très belle première fois.
Le lendemain quand je me suis réveillé, mon amoureux avait disparu, un mot était posé sur la table de nuit, je l'ai encore dans mon portefeuille, c'est tout ce qu'il me reste de lui.
Repose-toi, prends ton temps, la chambre est réservée jusqu'à demain sous une identité d'emprunt. Tu m'as beaucoup plu. L
Un mot pourtant que j'aurais voulu lui jeter à la tête de colère. Pas de nom, encore moins de téléphone. Le chagrin teinté de désespoir m'a assailli. Il m'avait pourtant prévenu qu'il ne voulait pas de petit copain, il ne m'a laissé aucune chance !
***
Mon métro arrive à Saint-Ouen. Il va être temps de me ressaisir et d'arrêter de ressasser le passé. Mes copains m'ont envoyé des messages pour m'encourager.
Je les ai rencontrés, alors que j'assistais pour la première fois à un défilé de vêtements hommes, osant enfin afficher ma passion des fringues. J'avais vingt ans et j'étais en troisième année à Polytechnique.
VOUS LISEZ
J & L [M*M]
DragosteJavier rencontre un inconnu dans un train et le perd de vue. Une année plus tard son entreprise est rachetée et il se retrouve en concurrence avec le directeur informatique de la Société concurrente. C'est le L qu'il avait rencontré dans un train. Q...