19- Diner au restaurant

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Léonard

Léonard, excusez-moi de vous déranger, mais le directeur de la banque Ligtblor demande si vous vous joindrez à eux ce soir à l'Ambroisie ?

─ Non Anet. J'ai un rendez-vous privé, je ne dine pas avec eux.

Je la vois sourire. Javier était appuyé contre ma voiture, donc si elle avait le moindre doute, c'est terminé. Je ne compte pas me cacher de toute façon et c'est plus facile qu'elle soit au courant.

─ Au fait est ce qu'il faut réserver pour ce rendez-vous privé ?

Je me suis frappé le front, j'avais oublié.

─ Je te laisse réserver quelque chose de bien ?

─ Je réserve pour ...

─ Pour deux. Fais au mieux ! Romantique et classe !

─ Romantique et classe, répète-t-elle ébahie.

Nous nous partageons les rencontres de prospection pour trouver de nouveaux actionnaires, c'est beaucoup de palabres pour peu de résultats, mais nous sommes rodés.

J'arrive dans les locaux de cette banque d'affaires, un immeuble cossu avec une moquette épaisse bleue et des grandes portes ouvragées anciennes. Pas de guichet ici, mais des bureaux pour des opérations privées, généralement des gros montants.

Je monte un escalier imposant pour arriver à un bureau bien trop grand pour une surface parisienne, il ne vise qu'à en mettre plein la vue. Je me demande toujours pourquoi les banquiers ont besoin de faire cela.

La surprise, c'est que le banquier est jeune, une alliance et une photo de mariage sur son bureau. Il est pas mal, mais j'ai mieux à la maison. Ce qui m'interpelle c'est son costume bleu ciel d'une coupe dandy avec un B brodé sur une des poches. Je souris malgré moi amusé, le monde est petit.

─ J'aime beaucoup votre costume.

─ Une marque prometteuse, un jeune artiste avec de l'avenir, j'en suis sûr. Nous sommes en pleine levée de fond pour l'appuyer. Vous êtes intéressé ?

─ Pourquoi pas ?

─ Je vous envoie le dossier par mail et n'hésitez pas à me poser toutes vos questions.

Il le fait aussitôt puis prépare les connexions pour mon ordinateur, je regarde ce qu'il m'a envoyé, je reconnais un tableau que j'ai vu sur le PC de Javier et je vérifie rapidement l'adresse de l'expert du site internet : c'est celle de Javier.

─ Il y a plusieurs actionnaires dans cette entreprise ?

─ Non un seul, le créateur de la marque qui s'appelle Boomy.

Donc Javier travaille gratuitement, ce qui ne me surprend pas. Hier, je lui ai demandé à quel salaire il postulait, il demande le même qu'actuellement et c'est deux fois moins que ceux de mon équipe.

─ Vous voulez que nous parlions de la marque Boomy ?

─ Non, non, je sais que votre temps est précieux pardon. Je vais vous présenter notre entreprise. Je projette sur son écran les documents qui visent à appuyer mon discours rodé.

Une heure de négociation plus tard, j'ai réussi à intéresser l'homme et à obtenir la promesse qu'il va étudier notre proposition. C'est un énorme progrès, avant quand nous démarchions les banques privées, ils ne nous recevaient pas.

Javier et moi, nous nous retrouvons devant le restaurant choisi par Anet. Il vient de passer son entretien d'embauche. Il est vêtu d'un costume gris clair, qui va étonnamment bien, mais ce n'est pas tout à fait lui.

Il me salue discret comme toujours, j'aime embrasser les mecs en privé, il est comme moi.

─ La boite t'a plu ?

─ Oui le directeur a l'air sympathique, le travail est intéressant et je n'encadrerai pas. Nous ne serons que quatre informaticiens. La boite est petite, mais pourtant on a presque autant de volume qu'à Satine et il y a énormément de programmes à maintenir. Ce qui est super cool c'est que je devrais voyager en Europe, et avantage non négligeable il y a trois jours de télétravail par semaine.

─ Et ?

─ Je te l'ai dit, je n'encadre personne, ça me plait.

─ Et ?

─ Et quoi ? Que veux-tu de plus ? C'est déjà bien.

─ Le salaire ?

─ Il est bien.

─ Combien ?

─ Un peu moins que chez Satine, mais je préfère l'idée de voyager et d'avoir du télétravail.

Je le regarde incrédule.

─ De toute façon j'ai deux autres entretiens, marmonne Javier, gêné, conscient qu'il ne fait pas très sérieux sur ce coup-là.

─ Tu ne demandes pas assez !

─ Je sais, mais je n'ai pas osé au risque de rater mon embauche, la boite est super bien.

Il admire le restaurant étoilé, visiblement ravi. Anet a bien géré.

─ C'est notre troisième fois, s'exclame Javier tout content.

J'aime quand il me dit cela, comme s'il n'y avait que moi. Je pense qu'il ment, car en tant que célibataire, il doit enchainer les mecs, comme je le fais. Javier est difficile à cerner.

De retour chez lui, il me dit qu'il faut qu'il dorme, car son monstre de patron l'a encore convoqué à huit heures.

─ Je déprogramme la réunion et la mets à neuf heures.

Il m'embrasse.

─ De toute façon j'ai presque trouvé un autre travail et je vais pouvoir planter cette boite.

Je me mets de tout mon poids sur lui.

─ Tu es lourd ! fait il surpris par mon attitude.

─ Je suis ton patron !

─ Ah bon tu as changé d'étiquette tu n'es plus mon petit copain ?

─ Non je suis ton patron qui va te punir pour ne pas être assez dévoué à l'entreprise.


J & L [M*M]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant