Chapitre 1

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45 jours.

Rien ne vient briser le silence que la respiration calme de la déesse de la nuit endormie à côté de moi. Mais je m'en soucie pas tellement et continue de lire mon livre tranquillement. De nouveau, tout s'efface autour de moi que j'en perds mon identité. Je ne suis plus personne, juste quelqu'un plongé dans un univers merveilleux où s'entrechoquent nombres de créatures fantastiques, guidés par une guerre qui fait rage depuis cent ans sur la Terre.

Je souris et apprécie chaque mot qui défile devant mes yeux pour former une jolie phrase, fluide et envoûtante. On peut dire que l'auteure a une plume spectaculaire qui laisse rarement ses lecteurs ennuyés par le livre. Je divague le long des pages et voyage au gré des aventures que vivent les personnages jusqu'à ce qu'un horrible et long hurlement vienne déchirer la nuit, et ma bulle.

Même Nëta à côté de moi se réveille en sursaut et grogne :

— Il fait encore un cauchemar ?

— À qui la faute hein ? accusé-je.

— Tu sais très bien que j'étais obligée, Léana.

Je frisonne quand j'entends mon prénom dans sa bouche. Ici tout le monde m'appelle Léa sauf elle. Bien sûr que non, ça aurait été trop facile. Elle me montre qu'encore une fois, elle sait. Mais je ne m'y attarde pas trop. Je saute de mon lit pour sortir sans tarder afin de rejoindre au plus vite Alexander, qui je le sais, est en train de se débattre sous la violence de son cauchemar.

J'ouvre la porte sans permission et son hurlement, maintenant plus près, me vrille les oreilles.

— Non ! Je ne peux pas choisir ! Ne me demande pas de le faire, je t'en prie. Elles comptent trop. Pitié ! Non ! Léana revient ! Pitié.

Je grimace en sentant mon cœur bondir et les larmes me monter aux yeux mais il a besoin de soutien, pas moi, alors je tais la douleur qui monte dans mon thorax et me rapproche du lit pour le secouer. Ça ne marche pas tout de suite et il manque de m'envoyer contre son armoire juste derrière mon dos mais je tiens bon.

— Alex, réveille-toi ! Alex ! hurlé-je.

Les cris cessent aussitôt, une respiration saccadée parvient à mes oreilles et dans la pénombre, je vois qu'il a ouvert les yeux sans savoir exactement où il est. Il respire fort et ses mains, maintenant accrochées à mes bras, me serrent.

— Léana ? souffle-t-il plein d'espoir. C'est toi ? Tu es revenue ?

Mon cœur se serre à cette simple et unique idée. Qu'il me prenne pour la déesse de la lune n'arrange pas la chose et je sens malgré moi mes lèvres trembler. Seulement je ne peux pas me permettre de lâcher tout maintenant. Il a besoin de moi.

— Alex...

— Léa...

— Tu as fait un cauchemar, tu veux que je m'en aille ?

— Non ! s'empresse-t-il de dire en appuyant ses doigts sur mes coudes.

— D'accord, d'accord, je reste là.

Je fais le tour du lit quand il accepte de me lâcher pour me glisser sous la couverture. Je pose une main dans son dos pour lui signifier que je suis toujours là, que je suis là pour lui et il se retourne pour garder ma main. La bulle de chaleur qui vient de se loger dans ma poitrine éclate et une chaleur que je ne peux pas exprimer prend possession de mon corps. Je n'ai qu'une envie : me blottir chaudement contre lui mais ça serait profiter de la situation, et ça je ne veux pas.

— Merci de rester là, balbutie Alexander en tremblant.

Je serre moi aussi sa main, détruite de le voir aussi malheureux. Ça dure depuis vingt jours et ses cauchemars n'ont cessé de s'amplifier. De ce que j'ai compris et du peu qu'il a bien voulu me dire, ils ont changé. Il doit faire un choix et je ne suis pas certaine de vouloir savoir de quoi il s'agit. La chaleur se mélange à une mélancolie qui me laisse lasse, exténuée. Alexander s'était enfin plus ouvert à moi pour de nouveau se renfermer après avoir appris qu'il n'était autre qu'Alexander Ier, l'âme sœur de la déesse de la lune. S'il avait pu, il serait aussi partie à la recherche de sa mère vivante mais Indrik l'a persuadé d'attendre au moins le retour de son père.

La Malédiction de La Luna (S2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant