Chapitre 11

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Jour J.

J'entends un bruit discret qui me tire doucement de mon sommeil. Je grogne un peu et sens Alex se tendre contre moi. J'ai tout juste le temps de le voir regarder son cou avec un miroir à travers mes yeux ensommeillés qu'il le range assez vite dans son sac, que j'ai à peine vu hier tant j'étais obnibulée par lui. Je serre les jambes, en y repensant.

— Alex ? croassé-je, la voix pâteuse.

Il bouge contre moi, se retournant face à mon visage.

— Ça va ? Il est tôt, Léana.

— Quelle heure ?

Il plisse les yeux en direction du réveil  qu'il a sorti aussi hier soir de son sac.

— Il est quatre heures du matin. Il faut que tu te rendormes, Léana. Tu devrais voir tes yeux.

Je souris faiblement à la lumière des bougies rallumées je ne sais quand. 

— Et toi ?

— Je ne bouge pas, ne t'en fais pas, du moins, pour l'instant. Je pars dans une heure, pour que personne ne comprenne que je suis resté avec toi.

— Ouais... Ça ferait un scandale.

— Raison de plus. Même...si je n'en n'ai pas envie, fait-il en venant replacer une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.

Le sourire qui a pris place sur mon visage n'est pas prêt de s'en aller et je ne veux pas quitter ce petit cocon de chaleur. C'est pourquoi je referme les yeux et me replonge dans la sécurité que m'offre la présence d'Alex, bien calée contre lui. Morphée me rattrape une deuxième fois tandis que les bras du jeune homme se referment sur mon dos. 

Tu es enfin prête.

Quand je me réveille, je sais d'office que je ne suis plus dans la petite cabane à l'allure chaleureuse. Je me fige, le cœur battant à tout rompre en constatant que je suis en pleine forêt, entourée que d'arbres à l'horizon. Pas une âme ne vit dans cet endroit à présent sinistre. Seul le son du vent vient siffler à mes oreilles et je déglutis,  peu rassurée. Je meurs d'envie de bouger, de faire quelque chose mais mon corps est paralysé par l'attente, par la peur de ce qu'il pourrait se passer.

La brise continue de souffler, légère et discrète et je ne distingue plus que les formes des arbres tandis que les ténèbres prennent le pas sur la luminosité qui régnait il y a quelques minutes. Il se passe plusieurs minutes sans qu'il ne se passe rien jusqu'à un rire cristallin traverse toute la forêt, faisant vriller mes oreilles. Comme portée par cette soudaine sorte de chant, je me relève, les doigts incrustée dans le sol, encore déboussolée.

Sans réfléchir plus, comme hypnotisée, je suis le rire qui continue de résonner dans tout cet écosystème, déconnectée de ce qui m'entoure. Je ne réagis pas quand une forme que je ne distingue pas passe derrière moi, ni quand des lapins rebroussent chemin dans leur tanière, effrayés. Non, je ne pense plus qu'à suivre cette belle voix, digne d'une sirène.

La vie ici vibre littéralement quand la voix retentit de nouveau et cette fois, je la distingue bien plus près de moi que je ne l'étais auparavant et finis par débarquer sur un fleuve tranquille. L'eau glisse sur le sol, aussi calme que possible et je m'accroupis pour la laisser couler sous mes doigts, tel de la soie fine. Les pierres noires, beiges, noires, se succèdent et emplissent ce cours d'eau et même des poissons viennent caresser le bout de mes doigts.

Je souris en voyant ce beau petit spectacle quand la voix brise de nouveau le silence de la fragile forêt. Cette fois, je me fige, sans réellement y croire. Mes doigts arrêtent de remuer et je sens mes yeux s'écarquiller quand je vois ce qui mouve devant moi. La Luna, aussi belle que dans mon souvenir, rit aux éclats, sa gracile silhouette tournoyant les pieds dans l'eau.

La Malédiction de La Luna (S2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant