Chapitre 7

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Quand j'émerge du brouillard, je ne réalise pas tout de suite où je suis. Je sens seulement une respiration sous moi, un torse ferme sous ma poitrine et de douloureux souvenirs font tout de suite surface. La gorge serrée et le cœur qui repart battre à toute vitesse, je me relève pour détailler Alexander.

Je me détends instantanément aussitôt en voyant que sa poitrine se soulève, que son visage est serein. Je regarde sa main jointe à la mienne, que j'avais serré avant de m'endormir, avec un soulagement que je ne peux même pas nommer. Mes muscles sont tous relâchés et je n'ai même plus la force de me relever. Si je ne tenais pas à sa main, je ne serai pas sûre d'être toujours assise.

Malgré tout, quand je parcours son torse des yeux, je me fige. J'ai l'affolante impression que mes yeux vont sortir de leurs orbites quand je remarque que la longue blessure qui ornait sa poitrine des deux côtés de son corps, là où l'épée l'a transpercé, est cicatrisée. Je sais que les loups guérissent vite mais il ne s'est passé que quelques petites heures depuis que nous sommes parties du royaume des morts.

Je m'apprête à passer la main sur son torse, sans y croire réellement. Il est vivant, là. Je l'ai sauvé et je sais que ce n'était pas un roman. Sans savoir comment, je suis rentrée au royaume des morts alors que ma place n'y était pas et j'ai sorti Alex de cette endroit sombre et effrayant. Et d'une fille un peu trop intéressée.

Je grogne. Ce n'est pas le moment d'y penser, car j'ai plus urgent à faire. Réveiller Alex et retourner à la meute rapporter ce qu'il s'est passé, sans, je l'espère, croiser cette horrible et cruelle Shelley. Qui aurait cru qu'elle pouvait faire cela ? Je la savais basse mais pas jusqu'au point de vouloir me tuer. Je secoue la tête en sentant le désespoir m'envahir. Je ne veux plus, pour le moment, y songer et sentir mon cœur se louper et faire des bonds.

— Bravo.

Je sursaute violemment en attendant une voix dans mon dos. Mais ce n'est pas le pire ; je la reconnais. Quand je me retourne, je ne suis pas du tout surprise de croiser de beaux yeux verts, si commun à la déesse de la lune. Elle m'observe, le regard léger en apparence mais elle ne sourit pas mais ce n'est pas le plus inquiétant. Son corps n'est plus aussi nette qu'avant, comme si elle était sur le point de disparaître.

— Léana, murmuré-je.

— Non, c'est urgent. Je n'ai plus beaucoup de temps. Tu dois m'écouter car la prochaine fois qu'on se verra sera la dernière.

— Quoi ?

— Je te félicite. Ramener quelqu'un du monde des morts n'est pas une mince affaire et c'est quasiment impossible. Seul un groupe de personnes peuvent le faire et c'est très restreint. Tu es bien là ma descendante et bien plus encore... Avant tout, avant qu'on se revoit, je m'excuse de te tromper. Car même si je te dis la vérité, je te la cache aussi. Je ne voulais pas mais je ne pouvais pas faire autrement. Tu n'es pas encore tout à fait prête et même la prochaine fois...je doute. Alors désolée de te tromper.

— Quoi ? Tu me trompes de...

— Tout le monde te dit la vérité et te trompe à la fois Léana. Léo, Shelley, moi. Sauf Alex, rajoute-t-elle en lui jetant un coup d'œil. Mais bref, ce n'est pas le plus important. Tu as fait de gros progrès, tu n'as pas encore dix-huit ans et la lune n'est pas encore à son zénith que tes pouvoirs de magiciennes sont déjà éveillés.

— Mes pouvoirs...?

— Oui. C'est toi qui a guéri Alex, Léana. Par la force de ton désespoir, tu l'as ramené à la vie et tu l'as soigné inconsciemment. Même s'il était revenu à la vie, sans soin, il n'aurait pas été étonnant qu'il reparte de l'autre côté. La mort rappelle toujours, une fois franchie. Enfin, pour lui, ce ne sera plus jamais le cas, tu peux me croire.

La Malédiction de La Luna (S2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant