Chapitre 21

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Sans l'ombre d'un doute, le façon de me regarder de Darmin est sans appel. Nous avons de discuter et je suis d'accord avec lui. Il s'est passé trop de temps laisser des non-dits. Adossés au tronc d'arbre, postés juste en face du filet de badminton, nous continuons d'observer nos amis en train de s'amuser.

— Léana..., commence-t-il, une voix incertaine.

— Vas-y, dis tout de suite ce que tu as à dire même si c'est rude, ce ne sera pas la première fois.

Sa poitrine se gonfle, signe qu'il prend une longue inspiration. Visiblement, cette conversation l'enchante encore moins que moi. Il ne veut pas me brusquer, contrairement à certaines personnes dans mon entourage. 

— Je vois comme tu le regardes. Je crois qu'il vaudrait mieux que tu arrêtes.

Je tourne un regard dédaigneux vers lui. 

— Tu crois que c'est si facile, Darmin ? Je t'en prie, arrête de regarder ton conjoint comme tu le fais du jour au lendemain.

Sa bouche se plisse.

— C'est bien ce que je me disais, rétorqué-je, un peu acide.

— Je me suis mal exprimé, désolé. Ce que je veux dire surtout c'est que... Ce n'est plus la même personne. Je sais qu'on peut penser que parce que c'est la même âme, c'est la même personne mais... Cet Alexander n'a pas le même vécu ni les mêmes pensées que celui dont tu es tombée amoureuse. Ils partagent pas mal de choses, c'est vrai mais... Il y a aussi beaucoup de différences.

Ses mots sont amers, comme le goût du café, un arôme que je déteste. Comme des milliers d'aiguilles, ils me piquent mais c'est nécessaire, même si je ne l'oublie pas.

— Je sais, je sais, le rassuré-je. Je sais très bien qu'Alexander était sa réincarnation et non sa copie conforme. Moi-même, je suis différente. Nous ne sommes plus ce que nous étions avant, c'est impossible. 

— Tant mieux si tu en es consciente. 

Son soupir me laisse dubitative. 

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Disons que ça me fait bizarre de voir mon frère comme ça. Je m'attendais pas à le voir tel qu'il était il y a trois cent ans mais plutôt à devoir lui expliquer en quoi nous sommes liés. Heureusement pour l'instant, il ne pense pas à nos parents. 

— Ils sont morts, c'est ça ? osé-je demander.

— Oui. Ils ont demandé à ce que la capacité de vivre éternellement leur soit retiré. Ils n'ont pas supporté de...

— Vivre sans lui et Alenscia. 

— Exactement. Ce qui s'est passé... C'était trop pour eux.

Je ne peux rien de dire plus, pas en ayant la gorge nouée. Je me souviens très bien de leurs regards meurtris et haineux quand je suis rentrée dans leur maison, après que Léo m'ait lancé sa maudite malédiction. De ma fureur quand j'ai découvert le corps sans vie d'Alenscia, couchée sur le canapé, les lèvres bleutées. De tout ce qu'ils m'ont pris. Je ne me souviens pas de tout mais les émotions que j'ai ressenties, elles, sont toujours présentes, comme certaines cellules qui se baladent dans mon corps. 

— Tu sais... Je suis quelque part soulagée qu'il me déteste pour ce qui s'est passé avec sa soeur. A l'époque, il ne m'en a jamais voulu et je ne comprends pas.

Les mains de mon interlocuteur se posent sur mes bras pour me faire pivoter vers lui. 

— Je t'en prie, ne pense pas que c'est de ta faute, c'est faux. Tu sais à cause de qui Alenscia a été tué. Sa haine n'est que mal placée et poussée par quelque chose dont on ne sait pas grand chose pour l'instant.

La Malédiction de La Luna (S2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant