Moi : arrête Khalid, t’es pas là, et tu vois pas, si je continue à ne jouer que la femme ou la mère, les gosses vont m’écraser ! j’ai pas eu le choix, il a bien fallut que je pallie à ton absence parce qu’y a plus que mes épaules pour porter, plus que ma voix pour crier, et y a plus personne pour me soutenir, j’ai l’impression d’être une mère horrible, je suis obligée d’être sur tous les fronts même si j’ai que deux mains, c’est dur d’être une mère isolée, sah, je pensais pas, mais c’est terriblement dur et j’ai dû m’habituer à être un père et une mère en même temps !Khalid : si, moi je suis là pour te soutenir !
Moi : et tu compte faire quoi si j’te dis que Yassin a craché ? si j’te dis que Kaylissa a retourné toute sa chambre avant de mettre la moitié de ses habits à la poubelle et si j’te dis que Yassin a fait tomber le fils du voisin à ta mère, et pas par accident ? tu va les engueuler au téléphone ? tu vas leur mettre une fessée et leur faire des gros yeux remplis de pixels sur skype ?
Khalid : arrête Nadiya, arrête
Moi : arrête ? alors dit moi tu compte faire quoi ? tu compte faire quoi pour des bêtises quand même pour un cas important comme un cambriolage tu prends pas la peine de te déplacer pour nous ?!
Il avait arrêté de parler, je continuais à déblatérer des paroles.
J’avais pleinement conscience que je disais des paroles extrêmement dures à entendre, que je ne faisais qu’aggraver la situation, mais j’étais sérieusement à bout, et si mon mari ne me comprend plus, qui alors peut me comprendre ?
Moi : alors, dit moi, tu as perdu ta langue ? demande moi comment je fais ? non ? et bien j’le fais toute seule Khalid, comme une grande, parce que je voulais te permettre de vivre ton rêve même si ça voulait dire que je devais me mettre de côté, que je devais rester dans ton ombre, que je devais être celle qui s’active en coulisse mais qui ne monte jamais sur scène, que je devais être sur tous les fronts tout en essayant de rester une femme, comment je fais pour te comprendre, pour toujours essayer de te comprendre, et comment toi tu fais pour ne pas le faire ?
Il ne répondait toujours pas, et ça avait le don de m’agacer… Je décidais alors de dire encore une chose et de mettre fin à cette discussion.
Moi : alors que je te manque, que les petits te manquent, que ta maison soit vide et sans souvenirs de nous, je suis d’accord, que tous les instants que tu rate avec nous te donnent la sensation d’être mis de coté, je suis d’accord, que tu te sentes impuissant s’il nous arrive quelque chose, je suis d’accord, mais n’essaie pas de me rendre fautive de tout ça, je voulais que ton rêve se réalise et tu es partis sans trop insister pour rester parce qu’au fond ton choix était déjà fait, avec ou sans mon accord tu aurais fini par partir pour mettre en route ce projet, enfin qu’est-ce que je raconte, pour continuer ce projet déjà bien avancé, soi réaliste. Moi, tout ce qu’il me restait à faire, c’était accepter et essayer de gérer un maximum pour éviter que tu t’inquiètes et que ton rêve tombe à l’eau, que ton projet tombe à l’eau et qu’on se retrouve ruiné, je prends sur moi, oui, je prends sur moi, mais il y a des jours ou j’en peux plus, ou ce que je te cache, je n’arrive plus à te le cacher, ou je ressens le besoin de me confier à mon mari, de chercher du réconfort, de la compréhension, du soutien, mais comment puis-je me sentir mieux si mon mari ne fait pas l’effort de me comprendre ? si j’en suis arrivée à ce point de saturation, c’est parce que tu me manques, mon mari me manque, pouvoir me reposer sur lui me manque, me sentir soutenue me manque, n’avoir pas eu la possibilité de t’accompagner pour construire notre avenir au Maroc me manque, choisir la décoration de la maison du Maroc me manque pendant que je tourne en rond dans cette maison dans laquelle je vie et qui me rappelle tous les jours que tu n’es pas là et que tu manques aux enfants plus que tu ne manques à quiconque ici, cette maison, c’était mon seul réconfort, tout ce qu’il me restait de ce qui n’était plus actuel, et même ça on me l’a pris, je… je partage une grande chambre d’hôtel avec nos trois enfants et on est les uns sur les autres, et je…
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Il était une fois : pff les contes de fées n'existent pas.
Ficción GeneralBelle chronique enregistrée à l'ancienne comme on les aime Histoire Réelle