* Partie 40 *
Les préparatifs du mariage battaient leur plein et la date à la mairie a été fixée, pile 3 mois avant mon 21 anniversaire, donc dans 2 mois. Je me marierais donc à la fleur de l’âge, autrement dit 20 ans. Soit le 09 juin ****.
Vous vous demandez peut être où est passée Lamia depuis la fois où elle était chez moi ?
Et bien on se voyait de temps en temps, mais on évitait de trop se voir et de rester trop ensemble, en effet, on se parlait, mais ça restait le strict minimum depuis la soirée où elle était chez moi, malgré qu’on avait passé une super bonne soirée et tout, on s’évitait, parce que nos caractères se ressemblaient trop et depuis nous nous étions repris une ou deux fois la tête à propos de futilités donc d’un commun accord on s’évitait.
De mon côté tout allait bien à ce moment là, avec Moha je vivais un conte de fées, c’était mon Prince Charmant et j’étais sa Princesse et ce, même si l’on vivait une romance éloignés car depuis sa demande en mariage nous ne passions pas de temps seuls, il avait toujours de petites attentions envers moi et sah c’était juste magique.
Parfois au travail j’avais le droit à des livraisons de fleurs, parfois à des livraisons d’habits ou de bijoux, il s’était même mis à m’écrire des lettres en plus de tous les SMS et appels que l’on se donnait.
Je l’avais accompagné pour son dernier contrôle de routine afin de voir si la tumeur n’avait pas repoussée et si le cancer n’avait pas ressurgi, tout était bon, et fini le mauvais cauchemar : on pouvait définitivement laisser cette maladie au passé car il n’y avait plus de risque que la tumeur repousse et du coup que des métastases ne reviennent.
Il savait réchauffer mon cœur même en étant absent et je crois que cette faculté n’est pas donnée à tout le monde.
Concernant mon frère, depuis que j’avais écris la lettre, je n’avais pas eu de nouvelles, et j’avais réitéré son écriture plus d’une fois et son envoi plus d’une fois mais jamais de nouvelles.
Lors d’un de nos nombreux appels…
Moha : pourquoi tu ferai pas une demande de parloir ?
Moi : je sais pas, s’il me répond pas c’est pour une bonne raison Moha
Moha : laquelle ?
Moi : je sais pas, peut être qu’il veut pas me voir tant qu’il est en prison, peut être qu’il veut pas m’y voir là bas, peut être que ça le ferai souffrir de me voir enfermé et de pas pouvoir partager plus qu’une petite heure de parloir, une chaise et des molards sur le mur avec moi ?
Moha : j’avoue, sah j’laisserai jamais mes sœurs venir en prison si j’y étais
Moi : voilà, tu vois j’essai de positiver, de me dire que tôt ou tard il aura fini cette peine qu’il s’est prise encore une fois à cause de moi, et j’me dis que tôt ou tard, c’est bientôt, il s’est pris que un an et demi ferme et la personne anonyme à mis plus de 6 mois à me retrouver, ce qui fait qu’il ne devrait que lui rester quelques mois à tirer et sah j’espère qu’avec la bonne conduite et les grâces, il devrait bientôt sortir et bientôt être à mes côtés
Moha : c’est bien de positiver ma chérie, tu sais, t’as murie à ce sujet
Moi : j’ai plus envie de me laisser abattre, il me manque, même à en crever, mais c’est le mektoub et comme quelqu’un que je connais et que j’aime par dessous tout m’as dit « on ne peut peu rien faire contre et il faut croire en son mektoub », alors j’y crois, et je sais qu’il me reviendra
Moha : inchaAllah ma Princesse
Moi : inchaAllah mon Prince, j’ai confiance en Allah et Il nous réunira, que ça soit ici bas ou auprès de Lui, j’y crois, et je prends mon mal en patience
Moha : la patience est une vertu que tu n’avais pas avant, mais mashaAllah tu as su apprendre, et tu en seras récompensée inchaAllah
Moi : inchaAllah, tu coupe ou pas ?
Moha : non vas y, je laisse le téléphone de côté et on se reprend après d’accord ?
Moi : vas y
En effet, c’était l’heure du Maghreb et nous faisions nos prières au téléphone, on mettait chacun le haut parleur et je le laissais diriger la prière via le téléphone, je ne sais pas si c’est haram ou si c’est valable, mais c’était très important pour moi à ce moment là de le laisser me guider dans tout ce qui concernait l’Islam, il n’y avait que celle du Maghreb que nous avions le temps de faire à deux alors nous le prenions et nous le faisions.
Quelques semaines étaient passées depuis cette discussion et nous approchions à grand pas de ce fameux mois de juin, on était fin avril voir début mai, je ne me souviens plus exactement, ma mémoire me joue parfois des tours et je n’ai pas retranscrit chaque date dans mon petit journal intime mais mahlich, on va faire avec.
Je disais donc, un soir, j’avais organisé une soirée fille, à la maison se trouvait donc Tissem, Souad, Naouel et Nouria, en réalité, seule Naouel avait fait le déplacement car Tissem, Souad et Nouria habitaient quasiment avec moi et du coup nous faisions souvent des soirées filles, pour cause, mais ce soir là, c’était particulier, notre petite Naouel fêtait ses 16 ans et l’obtention d’une place dans un foyer plus proche de chez moi et plus avantageux car elle y était uniquement avec des enfants de son âge.
Sah je sais le bien que cela procure d’être auprès de jeunes de son âge et d’arrêter de côtoyer des enfants en très bas âge que l’on voit partir, revenir, partir, revenir et pleurer encore plus.
Je me souviens de ces nuits au foyer rythmées par les pleurs des enfants qui demandaient sans cesse leur mère, leur famille, qui demandaient sans cesse un peu d’amour familial alors que nous ne savions même pas ce que cela voulait dire ni ce que ça voulait bien représenter car nous n’en avions jamais usé, ou bien c’était tellement lointain dans nos souvenirs que nous avions volontairement enterré tout ça au plus profond de nous-mêmes.
Soit, Nouria fêtait donc son anniversaire et elle avait eu une soirée de libre et j’avais eu l’autorisation de l’accueillir chez moi pour deux jours. Ca aussi c’était révolutionnaire, à mon époque, autrement dit pas si lointaine que ça, on n’y avait pas le droit.
On délirait bien, devant la télé, que j’avoue avoir allumé ce soir là uniquement en fond, en regardant bien évidemment les clips, on jouait au KEMS, j’sais pas si vous connaissez ce truc, mais sah ça vaut le détour, comme nous étions 4, une faisait l’arbitre et toutes les 5 parties nous changions d’équipe, un mini roulement quoi.
On rigolait bien, on parlait de tout, de n’importe quoi, de nos premières hontes, de nos souvenirs qui nous ont foutu la chair de poule, bref, d’un tas de trucs, lorsqu’on vint à toucher un sujet assez délicat …
Tissem : bon ben finalement Nouria, ça sera ma belle sœur à moi
Nouria : en cas ça sera la mienne aussi
Sou : pff et moi j’pu dans l’histoire
Naouel : t’inquiète Sou, j’suis là moi !
Nouria : tais toi Wawel, tu vas finir avec Sofiane que tu vas rien comprendre hahaha !
Naouel : heinnnn arrête de dire des trucs comme ça là hcheumch un peu !
Moi : bande de cassos, Sou, cherche ailleurs que dans notre clan, apporte nous du sang neuf un peu, qu’est-ce qu’on a à toutes tourner autour des frères ou des beaux frères
Nouria : wAllah je sais pas, de vraies folles, Sou t’es notre seule espoir
Sou : te casse, j’ai mon gadjo moi depuis longtemps déjà
Moi : ahhh ? et tu déclare pas ? saloperie va
Sou : faut que j’le fasse passer bien pour Khalid, mais ça craint
Moi : pourquoi ?
Sou : c’est un comorien, j’étais avec lui dans le sud, et y a un an comme ça, un peu après que j’ai emménagé ici il est venu habiter ici pour se rapprocher de moi…
Nouria : mashaAllah brave garçon il a tout quitté pour rejoindre sa princesse !
Sou : ho ta gueule t’es trop accro au roman tah cendrillon
Moi : chut elle a raison c’est trop chou carrément, limite j’ai la larme à l’œil
Naouel : hahahaha, hassoul, t’as cru on allait zapper ? déclare tout là, CV, photo, on veut tout savoir !
Sou : il.. ho putain vous me les cassez les filles oh !
Moi : pas de gros mots ici !
Sou : pff.. il … waaa la flemme ! il a 24 ans, il s’appelle Saïd (je mets pas son vrai prénom alors j’ai pris le prénom de Soprano mdr), il est comorien, grand, bronzé quoi
Moi : en même temps un comorien va pas être blanc hafrita
Sou : pff t’es nulle haha ! il travaille, il est chauffeur de poids lourds pour une société donc il voyage quasi jamais il reste dans la région, il a son permis
Nouria : non sahhh il a son permis ? on savait pas !
Sou : arrêtez de me hagar là c’est bon !
Moi : t’avais cas déclarer avant, tu nous a fais la misère à nous aussi, c’est à ton tour !
Sou : et puis voilà, je sais pas quoi dire d’autre sah, j’suis avec lui depuis que j’ai 16 ans, donc ça fait 4 ans maintenant, et voilà c’est un gars dans le dine et tout, prière, il a déjà fait le pèlerinage et il est venu ici dans le but de me khtob
Nouria, Wawel et moi : youyouyouyouyouuuuuuuuu
Sou : vos gueules haychik si quelqu’un entend on sait jamais vous savez les murs ici c’est du papier crapon
Moi : crapon ?
Nouria : crépon imbécile hahahaha
Quelle soirée de fou rires, sah je m’en souviens comme si c’était hier, on rigolait, encore et encore, sans s’arrêter, et qui dit rire, dit souvent larmes… qui dit fous rires, dit souvent mer de larmes… Et vers 3h du matin…
Nouria : au fait, c’est pas que j’veux plomber l’ambiance ou quoi mais … j’ai eu des nouvelles de mon frère et j’sais que si j’déclare pas que je savais, ça sortira et Diya tu m’en voudras…
Moi : ah, saha, bah écoutes, il va bien ?
Nouria : ouai..
Moi : hamdoulilah… il t’as dit s’il allait revenir ?
Nouria : ouai…
Moi : et il revient quand ?
Nouria : bientôt.. parce.. parce qu’il.. il va s’marier
Ohhhh la con de sa race, mon cœur s’est crispé dans ma cage thoracique, comme si un éléphant venait de sauter dessus geh, j’ai frôlé la syncope, j’avais des putains de bouffées de chaleur qui s’emparaient de mon corps tellement que je me suis levée et j’ai ouvert la fenêtre en plein mois de décembre.
J’ai tourné le dos à toutes les filles, en vrai ça se fait pas mais j’étais incapable d’affronter leurs regards, fallait pas que je pleure, non non fallait pas, c’était pas le moment, ça faisait quelques mois qu’il était parti et que tout allait bien pour moi et que j’avais compris que son départ m’avait été bénéfique car j’avais tourné la page.
D’ailleurs c’est quoi cette expression pourrie « tourner la page » on a trop cru la vie c’est un livre geh ! Pff à croire que j’ai pas tourné cette putain de page parce que savoir qu’il va se marier m’a réduit en miettes…
Je sais désormais que plus jamais rien ne sera comme avant entre lui et moi, que plus jamais il ne pourra venir chez moi en pleine nuit pour me réconforter, que plus jamais il ne me prendra dans ses bras comme avant, que plus jamais il ne pourra passer des heures à m’écouter et disparaître avec moi sans devoir rendre de compte à personne…
Mais de l’autre côté je suis heureuse pour lui parce qu’il mérite quelqu’un de bien et quelqu’un qui le rendra heureux, quelqu’un d’autre que moi car moi tout ça, je ne suis pas en mesure de le lui donner alors qu’il le mérite amplement…
Tissem s’est levée, elle voulait me prendre dans ses bras mais je l’ai gentiment repoussé, sah c’était pas le moment de vouloir me montrer de l’affection, j’étais trop en colère, si je lâchais tout, ça risquais de pas être jolie, et j’ai une fâcheuse tendance à tout lâcher quand on me prend dans ses bras et là j’avais qu’une envie c’était sauter à la gueule de cette fille, bien qu’elle me soit inconnue, pour lui arracher la figure, les yeux, les dents, j’voulais la bouffer !
Woooow faut que je me calme, je suis avec Mohamed maintenant et je n’ai pas le droit de réagir comme ça, pas après tout ce que j’ai morflé, subi et pardonné pour être avec Moha, oui faut que j’me calme…
Sah non putain non, c’est impossible comment j’ai trop les nerfs ! Il s’en va comme ça en me laissant avec mon cœur à moitié déchiré, en plein doute, il préfère s’enfuire en me brisant le cœur encore plus, Moha le répare, je vais mieux et il débarque comme ça, normal, du jour au lendemain et le pire quasi marié ?
Allé Diya, te laisse pas faire, remonte la pente, souri et garde la tête haute, il est parti, tu le remerciais, et maintenant qu’il revient tu veux le tuer ? non non non sort toi ça de la tête, s’il est parti c’était pour une bonne raison et ça t’as fait du bien à toi aussi, t’as mis les choses vraiment au clair et tu sais ce que tu veux… et tu veux Moha…
Bref, je vous épargne le reste de mes pensées car je pense que vous en avez compris le sens, je passe également la soirée pourrie car je suis restée scotchée à la fenêtre, sans vouloir bouger un doigt et en allumant clopes sur clopes, en effet, rapidement les filles ont compris que je voulais être seule et ont déserté l’appartement.
Peu après leur départ ça toquait, je pensais qu’une des filles avait oublié quelque chose mais elle aurait eu les clés, donc je n’ouvrais pas car je ne savais pas qui c’était et que j’avais les boules donc je ne voulais voir personne.
Seulement ça insistait, ça insistait tellement que j’ai fini par ouvrir afin de savoir ce qui était aussi urgent pour être dérangé aussi tard dans la nuit, en tirant violemment sur la poignée avec toute la rage qui m’animait et qui me tenait debout depuis avant.
Et là, surprise, si je puis dire.
Mehdi se tenait devant ma porte.
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Il était une fois : pff les contes de fées n'existent pas.
Fiction généraleBelle chronique enregistrée à l'ancienne comme on les aime Histoire Réelle