What could've been...

- Acte III : Vi -

Après avoir quitté la Ville Haute et ses allées riches, me voilà de nouveau à vagabonder dans les rues incertaines des bas-fonds. J'ai tout de suite su où me rendre, un endroit où se rassemblent les résistants prêts à mener l'offensive contre Silco. Je n'ai pas eu de mal à rallier la cause, on allait enfin se battre pour libérer notre ville. Retrouvant mes gants Hextech, ces armes volées à la Cité Haute et alimentées par leur technologie, il était temps de venger tous ceux qui étaient morts sans recevoir le moindre honneur. 

À l'heure de régler les derniers détails avant l'assaut, je m'installe un peu à l'écart pour vérifier l'état de mon matériel et faire d'éventuels ajustements. Tout en trafiquant le mécanisme, je laisse mes pensées divaguer. Je ne leur en avait pas laissé l'occasion depuis ce matin, ayant tout fait pour garder mon attention rivée sur autre chose. Mais désormais seule dans le calme avant la tempête, un visage ressurgit dans mon esprit. Sa peau lisse, ses traits fins.. L'odeur de ses cheveux et le goût de ses lèvres. Tout ça défile inconsciemment alors que la nuit passée se rejoue devant mes yeux. 

Dire qu'il y a seulement quelques heures, j'étais auprès d'elle, en sécurité. Mais l'appel du danger a l'air d'être plus fort que le reste pour nous, errants des bas-fonds et vagabonds de la Basse-Ville. Loin de ne pas nous satisfaire du peu de confort qu'on peut avoir ici, nous voulons surtout être libres, et pas esclaves d'un tyran qui veut s'accaparer le pouvoir. Du temps de Vander, il était sein et maîtrisé. Aujourd'hui plus que jamais auparavant, c'est la loi du plus fort qui prime. Si ça continue comme ça, Silco finira par entièrement prendre le dessus et plus rien ne pourra l'arrêter. Il commencera par éliminer toutes les personnes gênantes, traquera et tuera jusqu'à la dernière d'entre elles. La vie telle qu'on la connu disparaîtra et aucun retour en arrière ne sera possible. La guerre éclatera entre les bas-fonds et "l'au-dessus", et avec toute la puissance dont il dispose, il s'emparera sans mal des territoires qu'il convoite. 

Si un tel désastre venait à exister, il n'y aurait pas d'autre solution que de partir. Et si je dois m'enfuir, c'est avec elle. Si faire tout notre possible ne suffit pas à neutraliser la menace, j'irai la chercher et nous quitterons cette ville, avant qu'il ne soit trop tard.  Notre monde est sur le point de s'écrouler et la chute s'annonce bien plus rude que je n'avais voulu le croire. À deux, on pourra tourner le dos à tout ça et recommencer ailleurs. Elle me suivra, j'en suis sûre. Je n'ai aucun doute la concernant, ma confiance est totale. Peu importe ce qui arrivera ensuite, c'est là mon seul et unique souhait. En attendant, je ne veux pas faire partie de ses remords, alors je dois faire en sorte de revenir en un seul morceau. 

Le moment approche. Comme une armée de fantômes, on se faufile dans les rues sombres pour se rendre au repaire de Silco. Tout le monde le connait ici, et il n'a pas que des admirateurs. Personne ne lui voue une haine plus forte que moi depuis la mort de Vander, mais au vue de l'excitation générale, je ne dois pas être la seule à qui il doit rendre des comptes. 

Une fois en place, en embuscade, on attend le signal qui annonce le début de l'offensive. Mon cœur bat à toute vitesse. Je pense à Caitlyn, sûrement un peu déboussolée en ce moment-même. Je la sais suffisamment intelligente pour se poser les bonnes questions et pour ne pas agir stupidement, mais quelque chose au fond de moi me dis que...

Un cri d'assaut retentit et quelqu'un me bouscule, me ramenant à la réalité. C'est maintenant. Brandissant mes poings Hextech dans un hurlement de guerre, je cours avec les autres en direction de la forteresse protégées par les hommes de Silco, surgissant comme un diable dans la cour intérieur du grand bâtiment. Je frappe le premier type qui vient de toutes mes forces, puis le deuxième, la rage du combat faisant bouillonner mon sang. Ils vont payer, tous autant qu'ils sont. 

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Je suffoque quand le bras bionique me plaque au mur de toute sa force. Luttant pour respirer, j'avise le regard sournois de cette traîtresse qui travaille désormais pour l'ennemi. Sevika.. Je ne l'aimais déjà pas beaucoup du temps où elle était des nôtres, et je la méprise encore plus depuis qu'elle a retourné sa veste. En grognant de douleur, j'essaie de me libérer mais l'emprise est trop forte.