- Acte VII (part. 1) -

212 15 1
                                    

Caitlyn : 

On arrive au point de rendez-vous alors que le crépuscule commence à poindre à l'horizon. Je suis Vi lorsqu'il nous faut escalader le pont par l'extérieur, pour ne pas se faire repérer par quiconque serait déjà sur place. Elle m'aide à atteindre la plate-forme et nous nous hissons à mi-hauteur d'un des immenses poteaux qui soutiennent la structure. L'intérieur de celle-ci est creuse et assez grande pour permettre à quelques personnes de s'y tenir accroupies. Ekko est déjà là avec quelques Feux Volants, à surveiller avec des jumelles ce qu'il se passe en contrebas. 

- Juste à temps, nous dit-il sans quitter son observation des yeux. La nuit va bientôt tomber. 

Vi et moi prenons place de sorte à voir également le pont sous nos pieds. C'est haut, une douzaine de mètres environ. D'ici, je peux apercevoir quelques sommets de bâtiments appartenant à la Haute-Ville, à ma droite, ainsi que le côté du pont menant aux Bas-Fonds, et par laquelle Silco est censé arriver. 

- Comment être sûrs qu'il ne prendra pas un autre chemin ? 

- Silco a bien trop d'orgueil pour ça, me rétorque Ekko. Il arrivera par la grande porte et sur un tapis rouge. 

J'accuse ses mots sans répliquer. Le soir tombe rapidement, et bientôt des lueurs se font voir au niveau de la Cité-Haute. 

- On dirait que la Milice est déjà en place, gronde notre guide entre ses dents. 

- Marcus a sûrement engagé une bonne armée de chiens de garde pour barrer la sortie, réplique Vi. C'est pas plus mal, ça veut dire qu'il sait que Silco se montrera ici avec tous ses hommes. 

- Et ça c'est une bonne nouvelle, selon toi ? raille son acolyte à la peau noir. 

Elle répond avec un grand sérieux. 

- Ouais. Ça veut dire qu'il n'a pas divisé ses effectifs. Et donc qu'on peut l'anéantir entièrement ici-même et aujourd'hui. 

Le jeune homme hoche la tête, tandis que je reste admirative devant la détermination dont elle fait preuve. Elle n'a qu'un seul but en tête : tuer Silco pour lui faire payer tous ses méfaits. Elle bouillonne déjà intérieurement, la colère faisant briller ses yeux dans la nuit légèrement éclairée par les projecteurs de la Milice. Je la sens tendue, et nerveuse. 

- Vi, lance Ekko. Je sais que tu meurs d'envie de lui écraser la tête, mais souviens-toi qu'on a un plan. Garde ton sang-froid, ok ? 

Mon amie soupire, mais acquiesce. Un Feu Volant se rapproche alors, sa voix modifiée par l'étrange masque qu'il porte. 

- Ekko, y a du mouvement par là-bas. Faudrait aller jeter un œil. 

- Ok, on bouge. 

Il se tourne vers nous. 

- Je reviens. Tâchez d'ouvrir l'œil. 

Je hoche la tête, et il s'éclipse par l'ouverture du pylône donnant sur l'extérieur. Je perçois à peine le ronronnement de leurs planches quand ils se déplacent. Accroupie à côté de moi, Vi garde la main posée sur l'objet qu'elle a ramassé un peu plus tôt sur la grève, et qui forme une bosse dans sa poche. Je pose doucement ma paume par-dessus, et elle lève enfin son regard vers moi. Je laisse le mien se fondre en elle, tout en ayant l'impression de pouvoir tout deviner sans qu'elle ai à ouvrir la bouche. 

- J'ignorais, finit-elle par dire, que ce boulot nous mènerait jusqu'à chez toi. 

- Et moi j'ignorais qu'on s'était retrouvées aussi proche sans le savoir il y a des années. 

Un sourire fugace traverse son visage. Elle se met à me raconter brièvement le casse, un cambriolage en bonne et due forme qui aurait dû bien se dérouler. Mais un imprévu avait tout chamboulé, et amené avec lui une suite de problèmes de plus en plus conséquents. Je connaissais déjà une partie de l'histoire, et elle finit de m'apporter les détails et transitions manquantes. Je comprends désormais comment chacune de nous en est arrivée là.

What could've been...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant