--- Dr. Doyle ---
Si personne ne connaissait le Professeur, on pourrait dire, sans hésiter une seule seconde, qu'il était la plus grande menace dans le laboratoire. Quelque chose de terrifiant se dégageait de lui, comme une sorte d'aura, une pression insoutenable pour son interlocuteur. Nous pouvions même remarquer que SCP-049 n'était pas serein tandis que Beauchamp retirait un anneau de couleur verte pour le ranger dans sa poche. Éclaircissant sa voix avant de parler, le Professeur demanda pour détendre l'atmosphère :
- Que diriez-vous de commencer à me parler de cette fameuse horde, Docteur ? J'apprécie le temps passé avec vous, beaucoup même, mais je ne voudrais pas vous embêter alors que vous êtes occupé.
- Très bien alors, disait le Docteur en se calmant, que diriez-vous si ... Si je commençais par mon enfance ?
- Cela peut nous aider à mieux vous comprendre, répondait le Professeur en hochant la tête, je vous écoute ... Cependant, ne déviez pas le sujet pour éviter de parler de cette horde. Nous nous sommes bien compris, Docteur ?
- Ne nous sommes bien compris, affirmait SCP-049.
Je ne m'attendais pas à ce que le Docteur nous raconte son histoire. Même si nous n'étions pas là pour ça, ça nous serait peut-être utile. Pour toutes les fois où il refusait simplement de parler, nous n'allions pas nous en plaindre ! Après quelques secondes de silence, il se mit à parler :
- Depuis ma plus tendre enfance, comme mes parents étaient médecins, j'ai toujours été une personne très attachée à la médecine ... Ça me fascinait d'apprendre à soigner une simple blessure, à comprendre le fonctionnement d'un corps animal sans certains organes, et, tout simplement, de confectionner des remèdes "de grands mères" pour soigner un rhume. En résumé, toutes ces choses m'étaient familières depuis le berceau grâce à mes géniteurs. Cependant, au fil des années, j'ai remarqué que ma propre anatomie était étrange. Aucun rhume, aucune fièvre, une très bonne santé et un corps, comme disaient mes anciennes conquêtes, parfait ! Malgré tout, cela me rendait complètement malade, sans vouloir faire de mauvaises blagues.
- Et cette fameuse constitution que vous possédez serait liée à vos prouesses et votre longévité, théorisait le Professeur, j'imagine que, lorsque vous étiez jeune, vous pensiez que c'était un mauvais sort ? Connaissez-vous la raison derrière ce mystère qu'est votre touché mortel ?
- Il s'agit de l'œuvre de Dieu, admettait le Docteur en regardant sa main droite, il m'a choisi ... Quand j'étais jeune, je pensais qu'il se moquait de moi ... Qu'il riait à pleins poumons lorsqu'il me voyait pleurer pour attraper une grippe ! Mais, pour moi, c'est tout de même étrange ... C'est plutôt vague ! En tant qu'homme de science, je ne peux penser qu'une telle personne puisse exister mais ... Comment pourrais-je être doté de tels pouvoirs ? Qui, autre que Dieu, pourrait m'octroyer ce touché mortel ?
- Vous seriez donc croyant, Docteur ? Demandait le Professeur en semblant plutôt surpris, ce qui n'était pas courant. Mais, pourquoi serait-ce la faute de "Dieu" ? Vous avez la réponse, je suppose.
- Je crois en lui mais je ne suis pas son plus grand admirateur, soupirait le Docteur en regardant le Professeur, je dirais même que je suis sa plus grande victime. Et en tant que pauvre médecin, un symbole de renaissance et d'altruisme, je devais soigner d'une façon plus brutale. Lorsque je voyais les gens, du moins certaines personnes, je sentais une étrange ... Je ne dirais pas odeur, loin de là ... C'est comme une sorte d'aura que seuls les pêcheurs possèdent. Ceux qui méritent d'être soignés par Dieu deviennent ensuite, comme je les appelle par vieille habitude, mes patients.
Même si le Docteur paraissait plutôt calme et courtois, je parvins à discerner une once d'agressivité dans sa voix. Parler de son histoire ne devait pas trop lui plaire malgré qu'il l'avait décidé. Perplexe, Frédéric s'approcha et me chuchota :
- Grosso modo, Dieu lui donnerait des contrats de tueur à gages pour se faire une équipe de zombies ? J'déconne, héhé, mais tout de même ... Ça m'intrigue son histoire ! Restons vigilants, j'suis certain qu'il va dévoiler des infos importantes.
Acquiesçant à mon ami, je fis plus attention pour être deux fois plus vigilant. Ensuite, en se levant, le Docteur se mit à marcher dans son laboratoire en continuant son histoire :
- La Pestilence ... Fléau de l'Humanité ! Quelque chose me dérangeait, à l'époque ... Bien avant de soigner comme aujourd'hui, je ne faisais que tuer, me cacher et pleurer. Mais avec le temps, j'eus une nouvelle idée ... Réanimer les corps morts des pêcheurs grâce à mon expérience de médecin et des pouvoirs qui m'ont étés conférés. Dès lors, en ne sortant que pendant la nuit, je capturais des petits animaux pour travailler sur eux pendant la journée. Après plus d'un milliers d'essais, j'étais parvenu à faire bouger un corps ! J'étais si heureux, si enthousiaste ... Cette quête octroyée par Dieu était devenue beaucoup moins éprouvante !
- C'est très futé et courageux de votre part, admettait le Professeur d'un ton impressionné, c'est très intéressant ! Continuez, je vous prie !
- Comme je devais améliorer ma technique, j'ai quitté la France pour partir en Suisse, continuait le Docteur en rangeant quelques fioles et des couteaux dans des tiroirs, je ne pouvais plus rester chez moi à cause de la pression que je ressentais ... Vous savez, tuer des amis d'enfance et des patients réguliers peut rendre n'importe qui complètement paranoïaque. Et une fois arrivé là-bas, j'ai voyagé dans le pays, surtout dans les cimetières, pour expérimenter sur les humains. Comme j'étais déterminé à réussir, je travaillais d'arrache-pied et, comme toute bonne résolutions, je l'ai tenu ! En moins de trois jours, j'ai réanimé cinquante corps ! Cependant, ils ne tenaient pas plus de deux heures ... Mais le progrès était là ! Heureux, lors d'une soirée plutôt chic, j'ai parlé de mes avancées à une jolie femme ... Par précaution, je lui ai dit que ce n'était qu'une fiction, je ne voulais pas avoir de problèmes ! Et quelques mois après, j'entendais parler d'un livre racontant l'histoire d'un scientifique fou créant une bête humaine gigantesque craignant les flammes.
- Le Monstre de Frankenstein de Mary Shelley, s'exclamait le Professeur en levant les sourcils, quelle drôle d'anecdote ! Vous seriez donc la source d'inspiration de Viktor Frankenstein, je dois admettre que c'est plus qu'intéressant ! C'était en au début du dix-neuvième siècle donc ... Qu'avez-vous fait ensuite ?
- De nombreuses années plus tard, j'ai entrepris un voyage pour Londres, continuait SCP-049 en nettoyant ses outils de médecin, j'étais plutôt fortuné à cette époque et je souhaitais changer d'environnement ... Et un jour, après une consultation, j'ai décidé d'assister à une pièce de théâtre ! Ça m'avait époustouflé, vous n'avez même pas idée, et j'ai donc commencé à y aller de façon hebdomadaire ... Et suite à une représentation, j'ai rencontré le Masque, que vous appelez 035, qui m'avait beaucoup surpris. Nous aimions tous les deux le théâtre, le travail et l'histoire ! C'était mon meilleur ami, nous nous amusions beaucoup ! Et, tout comme moi, il possédait des capacités surnaturelles. N'étant que très peu en dehors de mon cabinet, je ne connaissais pas l'état de Londres mais ... D'après lui, c'était piteux et sale. Comme il était au courant pour ma quête, il m'avait dit que je pouvais, si je le souhaitais, soigner des cibles humaines au soir. De plus, elles ne servaient pas à grand chose, il ne fallait pas se le cacher, elles ne travaillaient pas et ne faisaient que rendre Londres plus moche qu'elle ne devrait. Leurs corps, sans vouloir être trop explicite, étaient extrêmement sales.
- Arboriez-vous un surnom lors de cette période avec le Masque ? Questionnait le Professeur en semblant avoir compris.
- Vous êtes bien perspicace, riait SCP-049 en s'approchant pour s'assoir sur sa table d'opération, je portais bien des noms ! L'Assassin de Whitechapel, le Boucher Nocturne, le Croque-Mitaine ... Ou bien, "Jack l'Éventreur" !
Toutes les personnes derrière la vitre furent surprises et ébahies, nous étions comme des enfants écoutant une histoire. Apprendre toutes ces nouvelles informations sur une entité si mystérieuse était quelque chose de très captivant. Se servir de ces dons conférés par "Dieu", inspirer une œuvre légendaire, et maintenant, être le fameux tueur en série de Londres. Remarquant nos réactions, le Docteur continua :
- Ne récupérant que les corps de personnes méconnues, je laissais quelques victimes dans la nature pour créer une sorte de grande pièce de théâtre morbide avec mon cher ami. Je me chargeais des meurtres et d'incarner le personnage tandis que le Masque adressait des lettres à la presse Londonienne et manipulait les pensées des inspecteurs de police qui, je dois l'avouer, auraient facilement pu découvrir nos identités. Je pense notamment à Frederick Abberline, un sacré personnage. M'enfin, je m'égare ... Après cette période de terreur, le Masque et moi avons arrêté de jouer avec les nerfs des Londoniens comme je m'étais amélioré. Ensuite, mon ami m'a demandé de l'enfermer quelque part en attendant son prochain spectacle ... Qui ne devrait pas tarder à arriver comme vous l'avez retrouvé, haha !
- J'apprécie grandement toutes ces informations, intervenait le Professeur en regardant le Docteur, cependant, il nous manque une information importante ... Votre lien avec les Catacombes ! Qu'en est-il de votre retour à Paris ?
- Je suis revenu dans le courant de 1890, informait le Docteur en s'asseyant sur sa chaise, je voulais revoir ma terre natale ... J'étais devenu très habile à cette époque mais, malheureusement, disons que la police était devenue vigilante suite à cette histoire d'éventreur et, vu que je revenais de Londres, ça aurait pu sembler suspect. Je me suis donc servi des Catacombes comme moyen d'y cacher mes patients... Je ne saurais en dire le nombre, j'ai beaucoup travaillé, mais ils sont accessibles grâce à mes capacités. J'imagine que Dieu m'avait aussi donn-
- C'est tout ce que je voulais savoir, coupait le Professeur en se levant d'un bond avec un sourire fier, je vous remercie ! Je vous prie de préparer vos affaires Docteur, nous partirons dans les Catacombes de Paris. Cela dit, ce fut une chouette histoire !
Et puis, Beauchamp sortit, affichant un sourire face aux membres de la sécurité, et s'approcha de Michaud et moi pour demander :
- Messieurs, pourriez-vous contenir SCP-457 et SCP-054 pour notre future expédition ? Connaissant vos compétences, je suis sûr que vous nous permettrez de nous servir d'eux pour le bien de la mission ... Oh et, j'avais oublié, vous avez carte blanche sur les SCP objets à prendre, on ne sait jamais ce qu'il se passera là-bas. Nous partirons demain, j'ai besoin de repos ... Porter SCP-714 est très fatiguant, le saviez-vous ?
Fae s'empressa de passer entre les jambes de son maître pour le mettre sur son dos et partit en direction de sa chambre. Ce qui me choquait n'était pas réellement qu'il avait porté l'anneau, même si c'était surprenant, mais il venait de dire ... Qu'on partait à Paris avec des SCP ?!
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[TOME 2] SCP Foundation : Opération "Doctoris Coemeterium" [EN CORRECTION]
HorrorSuite à la neutralisation de SCP-106 et du sacrifice du Caporal Abdoul, le Site où travaillaient Archibald Doyle et Frederic Michaud n'avait jamais été aussi efficace en terme de recherches ! Cependant, les menaces étaient toujours pesantes contre l...