Chapitre 21 : Avant le Banquet ...

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Notre chambre était très belle. Elle ressemblait à une chambre d'hôtel de luxe, c'était vraiment chic. Un lit double, un beau sofa en velours devant une cheminée allumée et une grande armoire où y déposer nos vêtements. Il y avait même une salle de bain accessible. Le Prince nous avait demandé de nous laver et de nous préparer pour ce soir, il était parti pour nous ramener des vêtements de soirée. Tandis que nous retirions nos vêtements sales, je remarquais avec effroi :

- Merde, le sac avec les SCP, je ne l'ai plus !

- Ça fait longtemps que tu ne l'as plus, répondait Frederic en déposant SCP-168 sur le lit pour le border, je pense qu'il est encore là où 457 s'est déchainé.

Je me tapais le front en soupirant, j'avais paumé un sac avec des SCP importants à l'intérieur. Je déposais mes vêtements sales sur une chaise tout en gardant mon caleçon et j'entrais dans la salle de bain pour me laver. Quel idiot que je suis, punaise !

--- Professeur Beauchamp ---

Étrangement, même si nous étions dans les Catacombes, le ciel devenait de plus en plus sombre au fil du temps. Cela devait signifier que la nuit approchait à grands pas, à mon avis. Cependant, je ne me sentais pas encore exténué, et mon fidèle Fae non plus. Depuis quelques heures, nous visitions plusieurs vestiges de villages en dehors du Royaume de l'Épouvantail. En approchant de beaux jardins arborés et fleuris, je remarquais que plusieurs 049-2, armés de lances et d'épées, sortaient d'une Église pour se diriger vers l'Est du Royaume. Tous semblaient déterminés et chantaient en chœur les louanges des "Trois Pattes du Yatagarasu". Pour éviter tout malentendu, je me cachais avec Fae derrière une maison du village. Quoiqu'il en soit, ma mission n'était plus d'éliminer les 049-2 mais de retrouver mes condisciples afin de déguerpir d'ici. Quelque chose me disait que Frederic, Archibald et le Docteur s'étaient débrouillés pour se frayer un passage à l'intérieur du Royaume. Ça ne m'étonnerait même pas que l'assistant d'Anthony soit devenu le nouveau Roi de l'Outre-Monde. Soit, je devais vérifier ce qu'il en était du Royaume, et ces 049-2 connaissaient certainement l'entrée. Je décidais donc de suivre le groupe à une bonne distance. Je vais aller sauver mes scientifiques, ça commence à m'énerver tout ça.

--- Dr. Doyle ---

Après un bon bain chaud, j'étais complètement décrassé du sang séché et l'odeur infecte des égouts était partie. Je me brossais les dents, les cheveux et m'aspergeais avec un parfum de lavande. J'enroulais un essuie autour de ma taille pour sortir de la salle de bain. Comme une fusée, Frederic, qui était complètement nu, s'empressait d'entrer dans la salle de bain. Il fermait la porte dès qu'il était dedans. Je ne le verrais plus jamais de la même manière. Après ce moment de gêne, le Prince entrait dans la chambre pour déposer deux ensembles sur notre lit pour partir tout aussi vite. Le veston, le pantalon, la veste de costume, la cravate et les mocassins étaient noirs tandis qu'il y avait une chemise rouge foncé, certainement pour moi, et une chemise jaune. Il y avait même des sous-vêtements et des chaussettes avec nos couleurs favorites. Je me déshabillais, tout en entendant SCP-168 rigoler, pour directement enfiler ma tenue. J'étais très classe, il fallait le dire. Je m'asseyais ensuite sur le lit pour prendre la Calculatrice en main et demander :

- Au fait, tout à l'heure, tu avais dit que tu connaissais le Roi. Que tu reconnaissais sa voix. Pourrais-tu me dire ce que tu sais ? Du moins, de ce que tu t'en souviens.

- EN EFFET, SA VOIX ME DIT QUELQUE CHOSE. IL S'OCCUPAIT PARFOIS DE MOI BIEN AVANT ERIC. C'ÉTAIT UN HOMME QUI TRAVAILLAIT EN MÊME TEMPS QUE LE PROFESSEUR BEAUCHAMP À L'ÉPOQUE OÙ IL ÉTAIT COMME VOUS.

- Lorsque le Professeur était un scientifique lambda, m'écriais-je avec un air surpris.

- OUI.

Quelqu'un qui travaillait avec le Professeur, et ce, bien avant que je ne sois affilié au Site-02. Ça ne me disait strictement rien, franchement. J'avais beau me creuser la tête comme un fou, je ne savais rien du tout. Ce que je sais, c'est qu'il devait être en lien avec le Docteur à un moment de sa vie avant d'arriver dans les Catacombes. Plutôt logique vu que c'est un 049-2, du moins, si il en est bel et bien un. Mais vu ses capacités, j'en doutais du contraire. La Calculatrice continuait en disant :

- JE NE PENSE PAS QUE CONNAITRE SON NOM AURAIT GRAND INTÉRÊT. LUI RAPPELER SON PASSÉ ALORS QU'IL DIRIGE UN ROYAUME DE ZOMBIES, JE NE PENSE QUE C'EST PAS JUDICIEUX.

- En effet, répondais-je en soupirant un peu, cependant, ça serait déjà pratique de savoir à qui nous avons affaire.

- RESTONS PRUDENTS. IL TRANSFORME DES ZOMBIES EN MAUDITS.

Tout ce temps passé avec la Calculatrice m'avait appris qu'il était bête. Hors, depuis quelques minutes, il agissait comme un intellectuel. Vraiment déjanté ce p'tit truc. Je le reposais près des coussins et me relevais pour me regarder dans un miroir. Alors que nous étions en mission, nous voila en train de se préparer pour assister à un banquet avec Michaud et un ancien scientifique. Quel monde de fou. J'attendais patiemment Frederic et, arrivant de nouveau à poil mais propre, il s'habillait en vitesse. Il annonçait avec orgueil :

- Mesdames et messieurs, zombies de toutes sortes.. Je suis le Docteur Frederic Michaud ! Grand amateur de bricolage et d'expériences !

- ÇA VA LES CHEVILLES, demandait la Calculatrice, ELLES S'ENFLENT UN PEU NAN ?

- Tu n'en as pas toi, rétorquait Frederic en rigolant.

- JE CHIALE.

Je n'avais rien dit pour finir, il était toujours aussi bizarre 168. Frederic se reluquait longuement avant de me dire en souriant :

- Archibald, ce soir, on termine cette mission !

- Très bien, répondais-je en souriant un peu, ça me va !

--- Le Docteur ---

Depuis tout ce temps, je n'étais qu'un bête fou. J'avais passé tant d'années à essayer d'éradiquer une chose qui n'existait pas. Cependant, je sentais bel et bien quelque chose venant de mes anciennes victimes. Je sentais qu'ils étaient mauvais au fond. J'avais déjà eu le même ressenti avec Doyle et Michaud, auparavant, mais ça s'était estompé. Au final, ce n'étaient que deux comiques souhaitant à tout prix sauver le monde de créatures comme moi. Ce qui me paraissait mauvais changeait aussitôt. Cette Pestilence m'avait ruinée la vie, il fallait l'affirmer. Tant de personnes, à cause de mon égoïsme et de ma débilité, sont privées de leur vie. Ce Mastodonte courageux, malgré que j'étais l'homme derrière tout ça, ne m'avait même pas voulu du mal. Ils ne méritaient pas la mort. Aucun ne méritait de subir ma folie. Et ce brave scientifique qui ne faisait que son travail ne méritait pas la mort non plus. Me délivrant de ma mélancolie, le Rat m'annonçait :

- Docteur, nous ne nous connaissons pas et n'avons aucun lien mais toute personne souhaitant changer est capable de changer. Autrefois, bien avant que l'Épouvantail ne tue mon peuple, j'étais un Chevalier pour lui. Nous devions éliminer des esclaves faibles et les femmes stériles. Tout se passait bien jusqu'au jour funeste où il a ordonné à ses Maudits d'éliminer des villageois et mon peuple. Ce jour là, j'ai perdu mes yeux et gagné ma liberté. Au péril de ma propre vie, j'ai protégé les faibles car je sentais que c'était la bonne chose à faire. Pour toute à l'heure, je vous ai pris pour des Zombies du Roi. Il me souhaite mort car il a du mal à envoyer ses Maudits dans les égouts pour les envoyer dans la nature. Certains passent, malheureusement.

- D'après vous, je devrais changer et devenir ... Un Héro ? Je ne suis qu'un simple Docteur.

- Docteur, vous avez le pouvoir de réanimer les morts et les contrôler, vous avez bien plus que ça. Vous et l'Épouvantail êtes très semblables. Mettez derrière vous votre folie et devenez ce que les autres méritent : un sauveur.

- Vachement alambiquée toute cette histoire ... Même si vos propos sont étranges, je savais que tôt ou tard, je devrais changer ma façon de faire. Soit, j'ai quelque chose à faire pour annoncer mon grand changement. Oh et au fait, quel est votre nom ?

- Je suis Gareth.

SCP-049 erit salvificem mundum. En d'autres termes, je sauverais le monde désormais. M'affilier pleinement à la Fondation SCP serait une bonne chose, ils auraient bien besoin d'un homme de ma trempe. Soit, je vais devoir commencer par ce Royaume et mes anciens patients. Mais avant tout, je vais devoir me séparer de cette tenue nauséabonde.

--- Dr. Doyle ---

Ayant un peu de temps avant le banquet, Frederic et moi nous baladions un peu dans les couloirs du Château. Nous étions permis de nous promener à condition que nous ne tentions pas de fuir. On était des VIP ! Les couloirs et les cuisines étaient remplies tandis que dans la salle où on allait danser était en train d'être décorée par des Maudits. Ça préparait quelque chose de grandiose, il n'y avait pas à dire. Alors que nous regardions les Zombies décorer les couloirs, une 049-2 se postait devant nous et criait :

- Bon sang, au lieu de flâner dans les couloirs, aidez les !

Elle avait une peau presque parfaite, elle semblait quasiment humaine entièrement. Elle avait une coupe à la garçonne grise, des yeux émeraudes et une robe de la même couleur que ses yeux. Elle devait faire au moins 1m60. Voyant qu'on ne réagissait pas, elle me poussait avec Frederic avec une sacrée force ! Elle nous grondait :

- Invités ou pas, vous aidez !

- Eh, demandait Michaud en rigolant, quelle est votre nom ? C'est la moindre des choses à nous dire, héhé ! Moi, j'suis Michaud et lui c'est Doyle !

- Jade, répliquait-elle en nous forçant à aller en cuisine.

Et d'un coup, elle partait en claquant les portes derrière elle. Quel caractère ! Pour une première rencontre, c'était très réussi. Frederic me tapait sur l'épaule en éclatant de rire :

- Eheh, toi qui aime les femmes avec du caractère, t'en dis quoi !

- Tu abuses, soufflais-je en rigolant doucement.

On se tournait vers les cuisiniers et on approchait pour voir ce qu'ils faisaient comme nourriture. À ma grande surprise, tout sentait très bon. Par contre, la viande avait une forme différente ici, ce n'était pas comme à la Surface. Elle était vraiment circulaire ici, comme un burger, mais avait des côtes dedans. Frederic se dirigeait vers un cuisinier préparant la soupe pour l'aider tandis que j'allais près de ceux qui préparaient les amuse-bouches pour les aider à faire des toasts. Être un scientifique pour la Fondation ouvrait beaucoup de voies, en vrai. Je passe de chercher des expériences à mettre des garnitures sur des toasts ! En déposant les amuse-bouches dans des plats, j'entendais la voix robotique de SCP-168 dire :

- SLURP, SLURP.  MMH. METTEZ DU SEL, ÇA MANQUE DE SEL.

- Tu n'as même pas gouté, s'énervait un 049-2 cuisinier, boite parlante !

- METTEZ VOS LARMES DANS LA SOUPE, QU'ELLES SERVENT À QUELQUE CHOSE.

Soudainement, quelqu'un entrait dans la salle. C'était le Prince Épouvantail qui annonçait :

- Préparez les amuse-bouches dans la salle de fête ! Et que ça saute !

Un des Zombies me donnait deux plateaux remplis et me faisait signe de suivre le Prince, j'exécutais son ordre tout en regardant une dernière fois Michaud qui, à cause la Calculatrice, devait retenir le Zombie cuisinier visiblement fou de rage. Nous sortions des cuisines et arrivions dans la salle de fête, j'avançais vers une table pour y déposer mes plateaux. Voyant que les verres des champagnes étaient vides, je m'empressais d'ouvrir une bouteille pour les remplir. Je mériterais une promotion avec ça, héhé. Pendant que je remplissais les verres, la jeune femme de tout à l'heure s'approchait de moi en disant avec respect :

- Et bien, ça se voit qu'on peut vous faire confiance, Doyle !

- Oh, répondais-je en rigolant un peu, appelez-moi Archibald, je vous prie. Et puis, faut pas laisser des verres vides, vous savez ?

- C'est ce que dirait un alcoolique, s'exclamait Jade en riant. Mais soit, c'est très gentil de votre part de le faire. Profitez bien de la soirée, Archibald.

Elle sortait de la salle en me faisant signe. Dès que j'avais terminé mon boulot, je retournais rapidement dans la chambre de Frederic et moi-même pour aller uriner un coup. Alors que j'apaisais la bête, j'entendais des rires snobs depuis la fenêtre. Je jetais un coup d'œil à l'extérieur et remarquais un attroupement de 049-2 bien habillés. Certains hommes avaient une canne même. Cela devait signifier que la fête allait commencer dans quelques minutes. Pour le coup, je me sentais un poil tendu mais ça devrait aller. Courage Doyle. 




[TOME 2] SCP Foundation : Opération "Doctoris Coemeterium" [EN CORRECTION]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant