Quelle horrible odeur ! Durant ma carrière au sein du Site-02, j'avais eu "la chance" de sentir des choses puantes comme des cadavres, une flaque de SCP-106 et même la chambre de Frederic après une longue journée de travail, mais là, ça battait tous les records. Excréments, sang, bouts de cadavres, nourriture décomposée. Je me sentais nauséeux à chaque pas, c'était presque insoutenable. Je peinais à couvrir mon nez avec le col de mon pull encore mouillé par notre plongée du début de la mission. Au moins, ça me réveillait bien. Nos ventres gargouillaient, nos pas se ralentissaient à cause de la fatigue et nous ne parlions plus. Si nous arrivions dans le Royaume de l'Épouvantail, nous allions certainement manger en priorité. Comblant le silence, le Docteur intervenait avec une voix craintive :
- Vous me penserez fou mais, depuis quelques secondes, j'entends des bruits venant de loin. J'ignore ce qu'est l'origine de ce bruit.
- Si vous ne savez pas, répondait Frederic en se bouchant le nez, c'est que nous ne devons pas nous en soucier. J'espère que l'odeur ne vous rend pas parano, Doc !
À vrai dire, moi aussi j'entendais quelque chose d'étrange. Nous étions dans les Égouts depuis une bonne trentaine de minutes et, à aucun moment pendant notre marche, il n'y avait de bruits comme ça. Ça ressemblait presque à des grognements. J'en frémissais mais je ne voulais pas stresser Frederic, qui sait ce qu'il ferait comme connerie encore. Cependant, plus on avançait et plus les grognements étaient clairs et plus bruyants. Qu'est-ce que c'était encore ? On entendait la Calculatrice en train de pleurer :
- BOUHOUHOU ... C'EST LA FIN, JE LE SENS, BOUHOUHOU ...
- Ferme là, rétorquais-je en soufflant, tu ne rassures personne ! On devrait faire attention, sérieusement. Quelque chose de gros semble se bal-
Un puissant cri ressemblant à un couinement de rat retentissait au loin, me coupant dans ma phrase. On entendait ensuite de gros pas se diriger vers nous, nous nous cachions rapidement. Frederic était en sueur, le Docteur se tenait le torse et j'étais près du coin du couloir, j'épiais discrètement et, approchant à deux pattes, un immense rat approchait. Il avait des poils gris, faisait au moins 3m, possédait une espèce d'épée à deux mains accrochée sur le dos. Il avait les yeux bandés par des bandages et le bout de sa queue était métallique ; il tapait parfois contre un mur avec. Je me remettais en place et chuchotait :
- Je pense qu'il est aveugle. Faisons attention et taisons-nous.
- Compris, répondait Frederic en se mettant à écrire doucement dans son carnet, on va faire attention.
Après une dizaine de secondes, le Rat Géant était visible. Il avançait encore, passant près de nous. Il avait une épée ensanglantée et des dagues aux hanches. Nous devions être très discrets sur ce coup là.
- TEMA LA TAILLE DU RAT. ERIC, REGARDE. C'EST UN GROS RAT.
D'un coup, le Rat Géant se tournait vers nous en dégainant son épée à deux mains avec sa main droite. Nous étions pétrifiés par la peur mais, nous extirpant de notre peur, le Docteur hurlait tout en se mettant à courir vers là d'où venait le rongeur :
- BON SANG ! FUYONS !
- BORDEL, criait Frederic en me prenant le bras pour courir aussi vite qu'il pouvait, ON SE CASSE D'ICI, ARCHIE !
Bien rapidement, nous étions pourchassés par le Rat Géant. Sans même nous retourner, on sentait que nous avions une épée de Damoclès près de la tête. Il grognait, faisait un horrible bruit en tranchant la pierre en dessous de lui et essayait de nous attraper. En pleine course, je remarquais que Frederic tapait contre le mur de pierre avec son bras métallique, essayant de désorienter notre poursuivant. Cependant, ça ne servait à rien. Ses sens devaient être très développés. Mais il possédait des points faibles, je l'avais remarqué : il avait du mal à viser et à se tourner pour courir dans une direction différente. Aucun coup de sa part n'avait atteint sa cible et il trainait dans les tournants. Après une course de cinq minutes, nous nous cachions sous des débris avec le Docteur et Michaud. Le Rat Géant nous avait perdu de "vue" et hurlait dans les couloirs :
- Je vous retrouverais, pourritures du Roi ! Si je vous mets la main dessus, soyez certains que vous le paierez très cher.
J'étais surpris de l'avoir entendu parler, et en plus de cela, avec une voix humaine. Vu la situation, c'était un énorme quiproquo, il pensait que nous étions à la solde de l'Épouvantail. Mais pour être sûrs, nous ne faisions aucun bruit. Il pourrait très bien nous éliminer sans vouloir nous écouter. Nous attendions au moins deux minutes, le temps qu'il s'en aille, avant de nous relever. On était très tendus par ce qu'il venait de se passer. Le Docteur chuchotait ensuite en se frottant les manches :
- Quelle abomination monstrueuse, je n'avais jamais vu une telle chose de ma vie. Et de quel droit ose-t'il dire que nous sommes des "pourritures du Roi" ? Nous ne l'avons même pas encore rencontré.
- Soit, coupait Michaud en se grattant la tête, de toute évidence, il connait bien mieux ces égouts que nous. Mais vu qu'il est aveugle, il doit avoir un quelconque moyen de savoir où est la sortie pour aller aux Royaume !
- Ou bien, répondais-je, il a une sorte de petite place où s'endormir près de la sortie ? Comme un petit camp pour surveiller ce qui pourrait arriver ?
Nous nous mettions à réfléchir, en vain. Nous continuions notre voyage dans les égouts en étant le plus discret que possible. Dès que nous entendions un bruit trop bruyant ou suspect devant nous, nous faisions demi-tour pour chercher un autre passage. Cependant, il n'y avait plus de grognements et de pas. C'était bien plus stressant que de ne pas l'entendre.
- J'ai l'impression de voir de la lumière là bas, s'écriait Michaud.
- En effet, répondait SCP-049 en se hâtant, et il y a une échelle !
Un peu plus loin, une échelle menant à une plaque d'égout se dressait devant nous. Nous étions enfin sortis de cette affaire ! Nous nous dépêchions donc de monter. Michaud en premier, moi en second et le docteur pour fermer la marche. On montait de plus en plus jusqu'à ce que nous entendions un puissant rugissement venant d'en dessous :
- TOUT DROIT DANS MON PIÈGE !
Le cri du Docteur retentissait derrière moi et à peine que j'avais la tête tournée, il n'y avait plus rien. Cette chose venait d'enlever SCP-049 sans s'être fait tuée par son contact mortel. Je relevais la tête en demandant à la hâte :
- QUE FAISONS-NOUS ? On y va ou on va le rechercher ?!
- Merde, grognait Frederic, euhhh... Roh aller, il se débrouillera, je suis sûr ! Il est bien plus résistant que nous après tout !
Et Frederic remontait, poussait la plaque et arrivait à la surface. Je le suivais et, ayant une petite pointe au cœur, je regardais en dessous de moi. Déposée paisiblement, la lavande de 049 nageait doucement dans l'eau impure. J'espérais qu'il allait bien, je commençais à m'attacher à lui avec toutes ces histoires. Je décidais de monter à la surface. J'avais l'impression d'être à Londres mais plus médiéval et avec un immense château. Nous étions dans une rue sans ambiance, nous nous infiltrions ensuite dans une ruelle pour faire une petite pause. Mon ami, s'asseyant au sol, me disait avec un air rassuré :
- Nous sommes enfin à l'intérieur, héhé. Ne t'en fais pas pour le Doc, il doit sûrement être en train de trancher la tête du rat avec sa propre épée !
- J'espère que tu dis vrai, répondais-je en m'asseyant, mon dieu que c'est crevant d'être en mission... Plus jamais hein !
- D'ici là, rigolait mon collègue en mettant ses lunettes d'ingénieur, nous serons des FIM, t'sais !
- SACRÉ ERIC, HA HA HA.
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[TOME 2] SCP Foundation : Opération "Doctoris Coemeterium" [EN CORRECTION]
HorrorSuite à la neutralisation de SCP-106 et du sacrifice du Caporal Abdoul, le Site où travaillaient Archibald Doyle et Frederic Michaud n'avait jamais été aussi efficace en terme de recherches ! Cependant, les menaces étaient toujours pesantes contre l...