☆| 5. Sortie inopinée

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Bobbie Sue

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Bobbie Sue

Avril 1969

Les genoux ramenés contre ma poitrine, l'estomac noué, mon corps est pris d'une violente série de tremblements. Recroquevillée sur moi-même, au fond de mon armoire, les cris furieux de ma belle-mère, mêlés à ceux de mon père me semblent moins perceptibles. Je prends de profondes inspirations afin de conserver la maîtrise de l'affolement qui coule le long de mes veines.

Ces protestations qui s'élèvent dans toute la maison, je devrais en avoir l'habitude. Pourtant, l'entente de la voix éraillée d'Ollie qui rugit contre mon père, me fait frissonner d'effroi, puisque le son masculin de ce dernier ne tarde pas à se faire entendre à son tour.

Dès le début, j'ai pressenti quelque chose d'anormal chez cette femme à l'apparence quelque peu excentrique. Mais je voulais avant tout le bonheur de papa qui s'était évaporé après le départ de maman et Annie. Si j'avais su...

Derrière ses multiples pantalons en pattes d'éléphant et d'autres à carreaux, ses chemises de soie de toutes les couleurs, se dissimule une véritable vipère. À notre première rencontre qui s'est déroulée dans un petit restaurant du coin, j'ai saisi, au regard sombre qu'elle m'avait adressé, qu'elle méprisait mon existence. Mes illusions n'ont pas tardé à se concrétiser par la suite. Ollie évite de se trouver seule en ma présence et j'en fais de même. Papa n'a rien vu, son amour pour cette femme l'a aveuglé au point de me faire passer au second plan. Pour ça, je lui ai pardonné.

Or, ce que je n'ai pu accepter a été son mariage précipité avec cette femme rencontrée seulement deux mois plus tôt. Mais je me suis tue et ai ravalé mes opinions avec amertume. J'ai espéré qu'un jour, il ouvrirait les yeux, afin de prendre conscience que son mariage ne le conduirait nulle part, excepté à l'échec.

Ce jour a fini par arriver. C'était pendant une journée pluvieuse où papa avait fini sa tournée de distribution du courrier, quant à moi, je n'avais pas eu d'école. Ollie a débarqué à la maison, après s'être rendue chez son médecin, car depuis quelques jours, elle se trouvait au plus bas de sa forme.

Son large sourire ravi a éveillé ma curiosité, ainsi que celle de papa.

— Alors ? a questionné papa, posant sur ses genoux son journal. Qu'est-ce que le médecin a dit ? Ce n'est pas quelque chose de grave ?

Avec son sourire horripilant, Ollie s'est installée sur les cuisses de mon père, passant ses bras derrière sa nuque. Les voir si proches, si amoureux me procurait un douloureux pincement au cœur, qui a ravivé les souvenirs de papa et maman ensemble.

— Ce n'est absolument pas grave, plus maintenant.

Mon cœur a raté un battement, j'ai supposé que celui de papa avait également tressauté. Il a interrogé Ollie du regard, tandis qu'elle a collé son visage contre le sien.

▪︎ Prends l'argent... Et tire-toi ! ▪︎ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant