☆| 9. Clés en mains

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Shérif Mack

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Shérif Mack

Septembre 1972

Les bras croisés, j'attends patiemment que le récit de Bobbie Sue touche à sa fin. Jamais je ne l'admettrai devant elle, de peur de dévoiler une facette vulnérable de ma personne, mais Arnie me touche. Lorsqu'elle évoque sa personne, je suis saisi d'une puissante illusion de m'apercevoir à sa place. Ce pauvre garçon qui cherche à s'intégrer dans une société qui ne veut pas de lui, c'est un résumé bref, mais complet de mon enfance et de mon adolescence.

J'ai repris le poste de shérif de Rosanky dans l'espoir de faire changer les mentalités. Pourtant, celles-ci ne semblent pas avoir bougé d'un poil. Elles demeurent closes, avec une clé perdue dans les méandres des opinions racistes que l'on porte aux individus comme moi. Or, je reste convaincu que, soit moi, soit une autre personne parviendra à mettre la main dessus, afin de libérer ces mœurs toxiques empoisonnant nos esprits.

Je jette un bref coup d'œil en direction du miroir, me demandant ce que mes collègues pensent de tout ceci. Jusqu'à présent, le récit de Bobbie Sue ne m'a apporté aucun nouvel indice de concret. Je tapote mon stylo contre les dossiers avec une rapidité qui trahit ma nervosité. Je n'avance pas d'un pas dans cette enquête. Et cette constatation accentue ma frustration qui contracte l'ensemble de mes muscles.

— On fait une pause, déclaré-je en me levant du bureau.

— Encore ? Vous ne tenez pas la route très longtemps.

Sans rien lui répondre en retour, je récupère le dossier de Bobbie Sue et quitte la pièce. Je pénètre dans la salle d'à côté où je découvre Harry Vandenberg et Louis Preston qui conservent un œil sur la jeune femme.

— Vous avez des nouvelles de Walker ? questionné-je, rivant mon attention sur la même personne, avant de la déporter sur les flics.

Tous deux répondent d'un mouvement négatif de la tête. Je pousse un soupir las, n'ayant aucun moyen de pression pour contraindre Bobbie Sue à me dévoiler ce que je veux entendre ; ce qui s'est passé chez El Passo.

J'ai beau consulter son dossier à la recherche de détails qui m'auraient échappé. Mais je persiste à faire chou blanc. Pourquoi elle et Billy Joe s'en sont pris à ce pauvre Eli ? Cette question ne cesse d'errer dans mon esprit, sans trouver de réponse.

Je retourne donc dans la salle d'interrogatoire étouffante où je découvre Bobbie Sue me dévisager avec une expression curieuse. Les sourcils froncés, son regard est rivé en direction de mes mains.

— Vous engloutissez votre café avant de venir ici ?

Comprenant ce à quoi elle fait illusion, je pousse un énième soupir, rabaissant mes épaules. En cet instant, je ne ressens aucun besoin d'ingurgiter de la caféine, en dépit de la fatigue qui pointe le bout de son nez.

Cette fois-ci, je ne prends pas la peine de m'installer sur la chaise. Debout, je la surplombe de toute ma hauteur, donnant ainsi une illusion d'intimidation.

▪︎ Prends l'argent... Et tire-toi ! ▪︎ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant