☆| 8. Écho profond

52 13 59
                                    

Billy Joe

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Billy Joe

Mai 1969

Je pousse un profond soulagement qui se révèle tout sauf discret. Cependant, j'ignore la soudaine attention que les lycéens autour de moi me portent, trop affairé à ranger mes livres dans le casier. Cette matinée m'a semblé interminable, notamment la dernière heure de mathématiques où mon cerveau n'a enregistré aucun mot du professeur. Mon corps a donc trépigné de réjouissance à l'entente de la sonnerie. Ainsi, je me suis rendu à mon casier en ignorant les habituelles remarques que l'on porte à mon égard.

Contrairement à mes appréhensions, personne n'a évoqué le sujet de mon supposé passage en maison de correction. J'en suis donc venu que cette intox n'a pas fuité. Bobbie Sue a certainement dû marchander avec son trio féminin pour conserver cette anecdote erronée entre elles.

Concernant Bobbie Sue, je ne l'ai pas revue depuis notre altercation publique qui remonte au mois dernier. Et je me sens soulagé de ne plus la trouver dans les parages. Je retrouve mes instants de tranquillité sans avoir la hippie collée à mes jambes. Ou semi-tranquillité, car on ne cesse de me héler dans les couloirs ou dans la cantine pour me rappeler mon statut d'extraterrestre dans ce lycée.

Au début, il m'a été difficile d'ignorer les surnoms, les remarques que l'on me porte. Puis, avec le temps, une armure s'est construite, renforçant les failles sensibles de mon être. Je suis devenu un insensible. Ou du moins, j'en donne l'illusion.

Parce que malgré tout, je reste un être humain avec une large palette d'émotions. Je suis un être bien vivant. Sauf que tout le monde oublie ce détail qui constitue chaque personne vivant sur cette planète.

Comme à l'accoutumée, j'endosse le rôle du type invisible dès mon entrée dans la cantine. Cette technique détient le mérite de fonctionner, puisque durant la pause de midi, j'ai le droit à un véritable moment de répit.

Je veille à me retrouver attablé dans un recoin de la pièce, dos au mur, afin d'avoir une parfaite et complète vision de la cantine. De cette manière, j'évite les coups par derrière et ai un œil sur tout. J'assiste à l'échange aux apparences électrique entre Karen McKinnley et son petit ami, Joey Dilliger. Je découvre un groupe de filles comploter entre elles et derrière, une équipe de mecs s'émerveillant devant les paires de fesses qui s'offrent à eux.

Enfin, je vois tout, mais n'en souffle pas un mot. Telle une caméra de surveillance. À l'exception que, durant ces instants, je suis invisible aux yeux de tous. Mais je ne m'en plains pas, bien au contraire.

Ce jour-là, alors que le menu se révèle fort peu appétissant, je découvre les frères Clark se lever de table, avec un pot de yaourt en main, ricanant comme des hyènes. Sentant le sale coup venir, l'ensemble de mes muscles se contractent de fureur. Qui sera leur prochaine innocente victime ?

Mes prunelles ne les lâchent pas d'une semelle, à l'affût du moindre de leurs mouvements. Mon souffle se coupe dans ma trachée lorsque je saisis qu'ils prennent la direction de la table d'Arnold Miller.

▪︎ Prends l'argent... Et tire-toi ! ▪︎ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant