☆| 4. Moyen de pression

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Shérif Mack

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Shérif Mack

Rosanky – septembre 1972

À mes yeux, la rencontre entre Bobbie Sue et Billy Joe n'a rien de particulier. Il s'agit de deux adolescents éprouvant de la difficulté à se plier au règlement. Ce qui est susceptible d'expliquer la raison du meurtre chez El Passo. Or, je ne détiens encore pas assez de pistes pour comprendre ce qui a pu pousser ces jeunes adultes à commettre un tel acte. Pourquoi ? Telle est la question que je suis déterminé à élucider.

Je m'éponge le front avec un mouchoir qui se trouve dans ma poche. Il faudra que je demande à obtenir au moins un ventilateur pour cette salle où j'ai l'impression de cuir dans un four. Saisissant la hanse de ma tasse, je porte celle-ci à mes lèvres tout en cherchant à décoder le langage corporel de Bobbie Sue. Les bras croisés contre sa poitrine, son regard évasif se perd au loin. Les coins de sa bouche sont abaissés, comme si quelque chose occupe la totalité de son esprit. Ou quelqu'un.

— Parle-moi de ta famille, lâché-je en brisant ce silence trop lourd qui nous enveloppe.

Son attention se relève sur moi. Je décèle la répulsion qui se dégage de son regard. On dirait que j'ai touché une corde sensible. À la simple constatation des traits tirés marqués sur son faciès, je devine qu'elle se fait violence pour ne pas m'en foutre une. Car s'en prendre à moi risque de lui apporter de sérieux problèmes, plus qu'elle n'en a déjà.

— Je ne te demande pas de tout me raconter en détail, mais juste quelques mots sur ta mère ou ton père.

Sa mâchoire se crispe, elle fuit mon regard, priant sans doute pour que je cesse mes interrogations sans doute trop envahissantes. Toutefois, cette attitude a pour effet de nourrir la curiosité qui coule dans mes veines. J'espère découvrir ce qu'elle s'évertue à dissimuler au travers de son mutisme sur sa famille. Je pense que mes questions l'ont placée dans un état de fébrilité qui me donne l'avantage. Pourtant, lorsque ses iris bleus se plantent dans les miens, j'y découvre une soudaine lueur d'aplomb qui me désarçonne.

— Il parait que j'ai le droit de refuser de répondre à ces questions.

Je fronce les sourcils, cherchant à comprendre où elle a pu dénicher cette information erronée. Ce sourire satisfait qui revient s'accrocher à ses lèvres me fait grincer des dents. Par moments, il m'arrive d'éprouver une certaine réjouissance d'en finir avec cette affaire, notamment cet interrogatoire qui met mes nerfs à rude épreuve. Or, je dois conserver la maîtrise de la situation afin d'en récolter les mérites par la suite.

Semblant être indifférente à la température anormalement élevée dans la pièce, Bobbie Sue croise ses jambes avec une impression dévoilant sa conviction de me faire tourner en bourrique. Or, elle se trompe. Je devine avec exactitude où elle tente de me conduire.

— À quoi ça vous sert de me questionner sur ma famille ? Ça n'a aucun lien avec cette « enquête », affirme-t-elle.

Bien sûr que ça en a. Je tiens à comprendre chaque aspect de son passé et celui de Billy Joe pour mieux saisir ce qui a provoqué cette terrible situation.

▪︎ Prends l'argent... Et tire-toi ! ▪︎ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant