☆| 13. Profil du coupable idéal

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Shérif Mack

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Shérif Mack

Septembre 1972

M'abreuvant de mon café, mes yeux ne quittent pas Bobbie Sue. Elle a achevé une autre partie de son témoignage quelques minutes plus tôt. La situation de Billy Joe aurait pu me toucher, m'émouvoir. Or, seul le scepticisme m'habite. Le récit concernant l'existence de son œil de verre ne coïncide pas avec la version des faits inscrite dans son dossier.

Durant nos multiples pauses – cigarettes et toilettes pour Bobbie Sue, café pour ma part, je me suis procuré le dossier de Walker qui est loin d'être vide. L'incident survenu dans son enfance y est détaillé en deux pages.

Ce qui explique le regard dubitatif que j'adresse à la jeune femme installée face à moi. Cette dernière fronce les sourcils, comprenant qu'elle ne m'a pas bernée. Je m'interroge alors si cette version erronée provient de Billy Joe, désireux de protéger sa mère tout en la sachant responsable de l'accident, ou si sa mère a déformé la réalité afin de se donner le rôle de l'innocente.

— Tu sais ce que je pense de tout ça ? déclaré-je en déposant ma tasse sur la table.

Une lueur de méfiance passe dans ses iris verts. D'avance, je devine que mes prochains propos la pousseront à sortir ses crocs ainsi que ses griffes en guise de menace.

— Je ne crois absolument pas un mot sur l'accident. Soit Billy Joe, soit sa mère a menti à ce sujet.

Le regard de Bobbie Sue s'enflamme, les traits de son visage se durcissent.

— Qu'est-ce que vous en savez ? crache-t-elle en se penchant vers moi.

Au travers de ce contact visuel foudroyant qu'on s'échange dans cette petite pièce aussi chaude et étouffante qu'un sauna, je peux ressentir son envie profonde de se jeter sur moi et d'oppresser ses mains autour de mon cou. Cependant, la perspective d'aggraver son cas si elle mettait ses désirs à exécution doit certainement l'inciter à rester à sa place.

Je saisis le dossier de Billy Joe et recherche la page désirée.

— D'après le rapport que j'ai sous les yeux, Joan Walker a été condamnée en 1960 pour maltraitance et négligence envers son enfant, Billy Joe Walker. C'est écrit noir sur blanc, si tu ne me crois pas.

Je fais glisser le document jusqu'à Bobbie Sue. Or, elle demeure immobile, conserve ses bras croisés sur sa poitrine. Sans doute, elle souhaite rester dans le déni, buvant les paroles que Billy Joe lui a servi trois ans plus tôt.

Après tout, cela m'importe peu, car je sais que je détiens en ma possession, la preuve des véritables circonstances de l'accident. Joan est coupable. Elle a été sanctionnée sévèrement sur sa négligence. Fin de l'histoire.

Mais Bobbie Sue ne l'entend pas de cette oreille.

— Sauf que ce qui se trouve dans ce document, c'est votre vérité à vous, celle que vous avez inventé. Vous avez fabriqué ce tissu de mensonges, car vous n'aviez aucun coupable à vous mettre sous la dent.

▪︎ Prends l'argent... Et tire-toi ! ▪︎ TERMINÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant