Ils étaient au portillon du jardin, élégamment soigné quoique flétri par les temps d'hiver. La maison en briques belles et lisses avait le charme typique des bâtiments anglais, cette coquetterie charmante et cette finesse sévèrement affectueuse qui leur étaient propres. Thomas jetait un œil inquiet à la Mercedes garée près des petits murets. James, le remarquant, encouragea de sa voix sûre et suave : « Tout ira bien, montre toi brave. » Ils toquèrent après avoir traversé les parterres de fleurs, rapidement une grande ombre approcha derrière la vitrée flouée pour leur ouvrir machinalement.
« C'est pour ? »
C'était un homme gigantesque, avec des épaules larges, carrées, et de beaux yeux menthols.
« Gally ? dit Hayden. Enchanté. Nous devons avoir une discussion, pourrions-nous entrer ?
- Gally... ? releva-t-il avec surprise. Vous attisez ma curiosité. Venez, je vous en prie. »
Ils se rendirent à la petite cuisine, dont le carrelage avait une teinte légère et rosée. Ils s'asseyaient pendant que Gally amenait une théière en céramique et trois tasses.
« Merci pour votre hospitalité. sourit James en le voyant poser le service de table.
- Oh, ce n'est rien, ce n'est rien... Vous m'avez intrigué ! et vous pouvez me tutoyer. Allez-y, je vous écoute attentivement.
- Tutoie-moi aussi, dans ce cas. Ce serait de toute manière plus approprié. pensa-t-il, retirant sa casquette plate. Nous ne nous connaissons pas, mais je suis le neveu de Janson Ash. J'ai passé toute ma vie à vagabonder dans les rues, ce n'est que très récemment que j'ai su qu'il m'avait légué cette maison, comme ça a été ton cas. Alors je suis venu de Londres en espérant connaître enfin ce qu'est le foyer.
- Le... neveu de Janson ? Non, c'est toi, le deuxième nom ? depuis tout ce temps ? Isaac Newton ?
- C'est bien mon nom. Je suis en retard, je le sais... »
Thomas étrangla un hoquet sur sa langue. Newton, était-ce ainsi son prénom ? non James, ni Tony, ni Hayden, pas même Alexander et encore moins Connor. Ce merveilleux inconnu s'appelait Newton, et plus jamais rien de différent.
« Je ne pensais pas te rencontrer un jour ! J'attends depuis des années ! Comment as-tu su ?
- Mon foyer d'enfance m'a contacté pour me le transmettre.
- C'est... invraisemblable ! que veux-tu, alors ? ta part de l'héritage ?
- Tu le résumes simplement, seulement ma demande me paraît bien plus conséquente. Je voudrais vivre dans cette maison.
- Oh, ça, ce n'est rien ! elle est payée depuis trois décennies. J'y ai toujours habité seul, et nous sommes cousins... ça ne me poserait aucun problème, je n'en n'ai de toute façon pas le droit. Encore moins en sachant que vous côtoyez la misère. Avez-vous quelques affaires ?
- Uniquement ce que nous portons.
- Mince, ça, ce n'est pas pratique... Mais j'ai emploi commercial depuis quatre ans ; ma paye pourrait vous soutenir si cela vous convient, de quoi remplir la garde-robe et le garde-manger.
- Eh, c'est que je ne sais plus comment te remercier... Je ne savais pas ce type de bonté humaine.
- Ne dis pas n'importe quoi, je te le dois ! tu es le dernier de la famille, hormis Ben et moi-même.
- Le fils d'Harry et Bree ?
- Exact ! Les autres sont six pieds sous terre ou aux quatre coins des États-Unis. J'étais entièrement seul avec Ben, ces cinq dernières années.
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Une saison en enfer - Newtmas
FanficThomas, âgé de dix-huit ans, a été jeté à la rue par ses propres parents en raison de son homosexualité. Démuni, privé de toute famille, l'adolescent vagabonde dans les rues de Londres depuis plus d'une semaine. Un ou deux sous trônent au fond de sa...