Chapitre 5

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— Bon aller, on sort la farine, le lait, la levure, le sucre et les œufs !

Emy et Léo sortent le tout en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

— Bien ensuite vous prenez 2 verres et un saladier. Emy, verse dans le saladier 1 verre de lait, 1 de farine. Léo, toi, verses 1 tiers de verre de sucre et une demi-cuillère à café de levure.
— Chef oui chef ! Dit Léo en rigolant.
— Et maintenant vous touillez pendant que je prépare la poêle.

Je me retourne et prépare une poêle avec un peu d'huile. Je décide de faire un caramel au beurre salé à côté pour agrémenter notre petit déjeuné.

— Bien, on verse une petite louche et on attend que ça cuise. Attention pas trop longtemps sinon ça finit tout brûlé comme ceux de votre maman ! Dis-je en ricanant.

Je passe ma spatule en dessous du pancake.

— C'est la partie marrante de la recette. Le saut de pancake. Regardez : vous mettez le pancake un peu au bord de la poêle et avec un petit coup de poignet vous l'éjectez en l'air.

Je m'exécute et reçois une petite salve d'applaudissements quand le pancake retombe intact dans la poêle.

— Emy, tu veux essayer ?
— Oui !!
— Attention, c'est très chaud hein !

Elle s'exécute et réussit brillamment. Pendant que les enfants font sauter les pancakes, je termine mon caramel et le verse dans un petit bol.

— Et voilà, vous savez faire des pancakes.

Je vois Léna rentrer à nouveau dans la cuisine.

— Aller vous habiller les enfants avant de prendre le petit-déjeuner !
— Oui maman !

Les deux petits garnements sortent en trombe de la cuisine tandis que je me retourne en fronçant les sourcils.

— Léna, j'ai dit quoi ! Sors de cette cuisine, je t'apporte des pancakes dans 2 minutes.
— Si autoritaire, pffff.

Je prépare une petite assiette avec quelques pancakes et du caramel et je sors lui apporter alors qu'elle est sur le canapé avec un livre et des petites lunettes rondes. Je rigole en voyant son look.

— Quoi ?
— C'est quoi tes lunettes ?
— Ha ha ha. J'y peux rien si je vois pas super bien de près. Ça me va pas bien ?
— Ah vrai dire, ça te va très bien dis je avec un clin d'œil avant de lui tendre l'assiette.

Ni une ni deux, elle enfourne une énorme bouchée dans sa bouche.

— C'est à quoi ? Demande t'elle.
— Caramel au beurre salé pourquoi ?

Sa tête se décompose tandis qu'elle lâche un grognement guttural.

— Léna ??
— Je suis allergique...

Elle tombe en avant et commence à se gratter la gorge.

— Oh merde, merde, je fais quoi, Léna qu'est ce qu'il faut que je fasse !

Elle est désormais allongée sur le dos et ne répond pas.

— Merde, merde ! Allez, Alice, réfléchit. Massage cardiaque ? Non, ça sert à rien, son pouls bas toujours.

Je prends son bras que je lève, mais il retombe aussitôt.

— Super, elle est inconsciente... Ne me dis pas que je vais devoir faire du bouche-à-bouche marmonnais je dans ma barbe.
— Tu pourrais, mais ça servirait à rien.

Je relève brusquement mon regard pour remarquer Léna qui me regarde, hilare.

— J'y crois pas, tu faisais semblant ! Tu es horrible, je m'inquiétais et je savais pas quoi faire !
— Je dois avouer que c'était très mignon.

J'attrape un coussin et lui balance dans la tête une première fois. Je m'apprête à recommencer, mais elle me devance en serrant ses mains contre mes poignets. Elle me fait basculer et se retrouve au-dessus de moi. J'ai le souffle coupé par la proximité et heureusement, elle s'éloigne pour me lancer un coussin.

— Bataille de coussins ! Crie Léo en se jetant sur nous

On se chamaille quelques minutes tous ensemble avant de s'allonger épuisés. Je détache mes cheveux complètement ébouriffés avant de m'exclamer :

— Je meurs de faim.

Je tends une main à tout le monde pour les aider à se relever et on se retrouve à manger nos pancakes en ricanant.

— Alice, ce sont les meilleurs pancakes que j'ai jamais mangé de ma vie ! Dit Léna, la bouche pleine.
— Si bon que tu en as fait une allergie hein !
— Oh, arrête, je sais qu'au final, tu as trouvé ça drôle comme blague !
— Maman, on peut inviter Julie et Clément ? Demande Emy
— Bien sûr !

Il est 11h quand les deux enfants arrivent. Aussitôt, Léo et Emy s'éclipsent dans leurs chambres en rigolant, me laissant seule avec Léna, assises dans le canapé.

— On peut... discuter ? Demande Léna.

Elle n'a pas besoin de préciser que je sais que c'est le même sujet qu'hier soir. Je hoche la tête imperceptiblement.

— Pourquoi tu t'es enfuie cette ... nuit ?
—Je crois que j'étais complètement à côté de mes pompes. On venait de ... c'était ma première fois et j'étais en couple avec Arthur, j'avais pas vraiment le courage d'affronter tout ça à ce moment.
— Mais pourquoi tu n'as jamais eu le courage de l'affronter tout court ? Je veux dire, c'est pas comme si j'avais essayé pendant des jours et des jours de te parler !
— Je voulais pas admettre que je ressentais quelque chose pour toi et c'était beaucoup plus simple et de retourner dans les bras d'Arthur.
— Mais bon sang Alice, tu as bousillé 15 ans d'amitié ! Tu aurais pu au moins m'expliquer ça ces 12 dernières années ! S'énerve Léna.
— On a bousillé cette amitié à partir du moment où je t'ai embrassé et que tu y as répondu. Et pour ce qui est de ces 12 dernières années, pas un mois n'est passé sans que j'ai envie de t'écrire ou de te parler ! Tu voulais que je t'écrive quoi "Salut, c'est Alice, tu sais ton ancienne meilleure amie / la fille avec qui tu as couché avant de ne plus avoir de nouvelles ? "
— Tu m'aurais dit que tu voulais juste rester amis, ça m'aurait juste brisé le cœur, mais j'aurais accepté. J'avais besoin de toi dans ma vie Alice et au lieu de ça, tu t'es cassée à l'autre bout de la France sans nous laisser l'opportunité d'avoir une discussion.

Le silence s'installe quelques secondes. Je remonte le genou contre ma poitrine, peinée d'avoir encore mal après tant d'années. 

12 ans plus tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant