Chapitre 9

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Elle finit par sortir un carton de foie de morue qu'elle brandit avec fierté.

— Des foies de morue ? C'est bizarre un peu ton truc...
— Mais non regarde !

Elle glisse sa main à l'intérieur et en sort des glaces à l'orange et au chocolat.

— Non, tu rigoles, ce sont LES glaces de notre enfance ?
— Oh que oui dit elle avec un clin d'œil.
— Et pourquoi dans un carton de foie de morue ?
— Pour ma petite réserve, tu ne connais pas Léo et Emy en été. Ils consomment près de 10 glaces par jour, si je n'en ai pas mis de côté, il en reste plus du tout.
— C'est diaboliquement ingénieux !

On retourne dans le salon pour s'installer cette fois-ci par terre avec des coussins.

— Tes parents, ils vont bien ? demandais-je à Léna.
— Presque trop, ils passent souvent voir les enfants à l'improviste.
— Ils me manquent, j'ai passé littéralement toute mon enfance chez eux, chez toi...
— Et tes parents ?
— Oh, je les vois assez peu depuis que je suis partie faire mes études, mais ça allait. Ma sœur revient très souvent les voir.

Je baisse le regard, perdue dans mes pensées.

— J'arrive pas à comprendre pourquoi j'ai voulu tout quitter comme ça : toi, ma famille, mes amis. J'avais tout ici, j'ai jeté par la fenêtre toutes les bonnes qui étaient dans ma vie. J'ai tout perdu maintenant.

Une petite larme roule contre ma joue. Léna la remarque et se rapproche. De son pouce, elle l'essuie.

— Hé, tu n'as pas tout perdu, tu as ta meilleure amie, tu as toujours tes parents même si tu es moins présente et tu m'as moi. Enfin, je veux dire, même si on ne s'est pas parlée ces dernières années, je n'ai pas la moindre envie de recommencer les douze prochaines années donc...

Elle me sourit et pose quelques secondes sa bouche sur la mienne.

— Bon changeons de sujet. Comment tu as rencontré Nicole ?
— Le jour de la pré rentrée à l'école de graphisme. On devait se jeter de l'eau et des œufs a la figure et on a été choisies pour finir accrochées à un poteau.
— Sympa comme rencontre rigole Léna.
— Ça a plutôt bien fonctionné, on est inséparables depuis.
— Je suis sincèrement heureuse que tu aies trouvé quelqu'un comme elle. Glace ?

Je fronce les sourcils en me rendant compte qu'elle me tend une glace à l'orange. À peine ai-je commencé que je laisse échapper un petit gémissement de contentement.

— Oh mon Dieu. C'est vraiment le meilleur truc au monde, je sais pas comment j'ai pu m'en passer autant d'années.

Léna rigole tandis que je m'adosse contre elle. Son bras se glisse dans mon dos pour rejoindre ma taille.

— Mais en fait, tu fais quoi exactement comme métier ?
— Directrice artistique. Je me charge de répartir les tâches entre les différents illustrateurs, maketistes ... en fonction de la demande du client.
— Cool !
— Ouais, mais je n'ai pas autant de temps que ce que je voudrais pour dessiner...
— Tu pourrais devenir illustratrice non?
— Je pourrais. Tu sais comme le changement m'effraie et bon faire une reconversion à 30 ans c'est pas ce que j'envisageais dans mon avenir.
— Parce que tu aurais imaginé te retrouver ici avec moi un samedi soir d'hiver après être venue à un week-end organisé pour les anciens du lycée ? Rigole Léna.
— C'est vrai, je l'avais pas vue venir celle-là.

Léna ouvre une glace au chocolat tandis que je continue avec la mienne. Mon téléphone vibre, je le prends et regarde quelques secondes l'écran.

— Tu sais quoi ? Je ne suis pas disponible ce soir.

Je décide de l'éteindre et le pose sur la table à ma gauche. Je me retourne vers Léna qui me sourit à pleines dents.

— Quoi ?
— T'as même pas regardé l'expéditeur et tu as éteint ton téléphone juste parce que tu es avec moi... C'est vraiment adorable...

Elle se penche et me dérobe un nouveau baiser.

— Mmmm orange chocolat, je valide comme association ! Rigole Léna tandis que je lève les yeux au ciel. Tiens, j'ai une autre question, pourquoi tu as accepté de venir à cette réunion si tu n'avais plus aucun contact avec nous depuis autant d'années.
— Tu veux savoir, honnêtement ?
— Oui.
— J'en ai vraiment aucune idée dis je en rigolant. Sérieusement, je comprends pas, la probabilité que je passe un week-end pourri était presque de 100 %. Faut croire que je suis un peu maso ou que j'avais envie de voir certaines personnes
— Il est nul ton week-end-là ? Demande Léna sur la réserve.
— Absolument pas, c'est pour ça que j'ai dit presque 100 %. Et toi alors, c'est pas comme si tu parlais à beaucoup de monde en Terminale, j'étais de loin la plus sociable de nous deux dis-je en rigolant.
— Déjà, j'habite dans le coin donc j'avais un peu aucune excuse de ne pas me pointer. Et j'espérais peut-être, ou peut-être pas personne ne sait, que tu viennes.
— On a beau avoir 30 ans, on agit quand même comme des ados rigolais-je.
— Si on est des ados, alors on va devoir regarder Gossip Girl.
— Me dis pas que tu as encore toutes les saisons en DVD...
— Je sais pas, va voir dans les étagères.

Je me lève et vais voir près de la télévision. Je me retourne et sautille comme une enfant.

— Tu les as encore !
— Tu me prends pour qui, c'était ma série préférée !
— On regarde ?
— Oh que oui !
— Par contre, pas le droit de me comparer à Blake Lively, je serai vexée si tu me disais que j'étais mon jolie qu'elle dis je en rigolant.
— Pas besoin de te comparer pour savoir que tu es plus jolie qu'elle.
— Dragueuse !
— Un peu, j'avoue. Aller, mets !

Je lance la première saison et vais m'installer entre les jambes de Léna qui me regarde, amusée.

— C'est pas toi qui a dit que tu voulais profiter ? Ricanais-je.
— Si si, je ne m'y attendais pas, mais je vais définitivement pas m'en plaindre.

Elle enroule ses bras autour de mes épaules pour me coller à elle. On regarde 4 ou 5 épisodes tout en continuant de manger et de boire notre bière. 

12 ans plus tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant