Chapitre 12

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A 13h45, Léna m'emmène jusqu'à la gare. Ni elle ni moi ne sourions.

— Tu reviens quand du coup ? Demande Léna.
— Probablement lundi soir, ou mardi, tout dépend de ce que mon chef me dit. Je te tiendrais au courant.
— Pas de souci, je m'arrangerai pour venir te chercher pour pas que tu aies besoin de prendre le taxi.
— C'est pas la peine tu sais...
— C'est non négociable me répond elle avec un petit sourire.

Je l'observe dans son grand manteau gris, imprimant son visage dans ma tête.

— Faut que j'y aille.
— Envoie-moi un texto quand tu es bien arrivée !

Léna me tend un bout de papier avec son numéro que je glisse dans la poche de mon jean, en sûreté.

— D'accord, à bientôt !

Elle me sourit, on se regarde sans rien dire et je me retourne pour y aller. Ma petite valise glisse contre le sol en marbre. J'ai à peine parcouru quelques mètres que je m'arrête.
Je suis vraiment en train de craquer pour elle...
Je me retourne. Léna me regarde en fronçant les sourcils.

— Ça va ?
— J'ai oublié un truc.
— Quoi donc ?

Je m'approche d'elle rapidement et pose très doucement ma bouche contre la sienne. Je m'éloigne tout aussi rapidement et me retourne.

— Essaie de pas trop t'ennuyer sans moi ! Dis-je à moitié en criant.

Pas besoin de voir son visage pour savoir qu'elle lève les yeux au ciel.
Après plusieurs heures de train, j'arrive enfin à l'appartement, Nicole doit actuellement être à son rendez-vous. C'est étrange de se retrouver dans cet appart toute seule après ces derniers jours. Finalement, je décide de me mettre sur le lit et de regarder Internet. Je dérive sur des offres d'emploi d'illustratrice. Les filles ont raison, j'aime pas tellement mon travail et j'adorerai en changer. Je referme mon PC et m'endors. C'est décidé, demain, je donne ma démission, j'ai un peu d'argent de côté, de quoi tenir plusieurs mois sans emploi. Je dépose donc ma démission à mon patron, avec effet immédiat et vais faire mes affaires que je ramène à la maison. Mon téléphone vibre tandis que je le sors et ouvre le message de Léna.

Son message : Alors tu as réussi ?
Mon message : Oui, je peux venir demain à la première heure. Ça va ta journée pas trop chargée ?
Son message : Ok que si, je finis à 18h au cabinet et je dois encore aller chercher les enfants à la garderie après...
Mon message : Courage, je t'embête pas plus, on se voit demain !

Après avoir rangé mon téléphone, je décide de faire ma valise à la hâte. Je n'ai plus de travail, pas grand-chose à faire ici, alors autant aller lui faire la surprise et avec un peu de chance, je peux y être pour 18h. J'embarque dans le premier train et arrive comme prévu à 17h45 à son cabinet. Je me décide à y entrer ou une dame très gentille m'attend à l'accueil.

— Mademoiselle, que puis je faire pour vous ?
— Oh euh rien, j'attends une amie, elle devrait bientôt terminer
— Je vous laisse aller vous asseoir alors.

Je vais me mettre sur le petit banc très confortable en attendant Léna. Mon regard est vite attiré par une femme en jupe chemisier gris avec des talons et des lunettes. Aucun doute, c'est Léna. Au ton qu'elle emploie envers l'homme à côté, elle n'a pas l'air très contente. Elle marche drôlement vite et je décide que ce n'est probablement pas le moment de la déranger et de l'interrompre. Elle donne le dossier qu'elle tient dans ses mains à son collègue et relève les yeux. Son regard rencontre le mien, et je ne suis pas peu fière de remarquer de la surprise. Elle fait signe au jeune homme de s'en aller et elle s'approche de moi.

— Alice ? Je croyais que tu n'arrivais que demain !
— Oups, j'ai menti. Je voulais te faire la surprise dis je avec un petit sourire.

Léna me regarde et se mord la lèvre. Son regard dévie un instant vers ma bouche avant de rejoindre mes yeux.

— C'est adorable... Malheureusement, à moins que mon collègue ne s'en charge, je suis probablement bloquée ici encore une petite demi-heure...
— Oh, ce n'est pas grave, je t'attends.

Son collègue arrive à ce moment.

— Léna, justement, je te cherchais. Est-ce...

Léna se tourne vers lui avec un regard étrange.

— Clément, clément, ça fait combien de temps qu'on travaille ensemble ?
— Je sais pas 5 ans pourquoi ?
— Je t'ai rendu des milliers de services, je crois non ?
— Euh oui, ou veux-tu en venir.
— J'ai vraiment besoin que tu te charges de ce dossier.
— Pourquoi, Léna, j'ai promis au patron de ...
— Tu vois la superbe jeune femme derrière moi ? Elle vient de faire 8h de train et de taxi pour venir me faire la surprise et elle se rend compte que je ne vais pas être disponible avant très longtemps. Ce serait triste non ?

Il lève les yeux au ciel avant de m'adresser un regard.

— Ok, passe ton dossier, je m'en charge.
— Merci Clément ! Passe une bonne soirée !

Et il s'en va aussi rapidement qu'il n'est arrivé.

— Léna, tu es diabolique, le pauvre, il savait pas où se mettre !
— Crois-moi, il m'en doit des milliards de services et franchement pour une fois, j'ai envie de passer une soirée en bonne compagnie plutôt que devant un dossier poussiéreux. Aller viens, on rentre, en plus, je dois prendre les enfants.

Je hoche la tête pendant qu'elle m'entraîne au sous-sol jusqu'à sa voiture. Quelques minutes, plus tard, les enfants y entrent.

— Oh coucou Alice, pourquoi t'es là ? Demande Emy
— Elle va rester quelques jours avec nous, ça ne vous dérange pas ? Demande Léna
— Non, elle est coool ! Répond Léo.

On arrive rapidement à la maison, Léna commence à faire le repas (19h pour les enfants), organise leurs devoirs. Je reste assise sur le canapé ne pouvant pas l'aider : elle n'avait pas vraiment besoin d'aide à vrai dire. 

12 ans plus tardOù les histoires vivent. Découvrez maintenant