"I broke your heart like someone did to mine" (Save your tears - The Weeknd)

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Le réveil est difficile pour Matsukawa. Son téléphone sonne de longues secondes avant qu'il n'ouvre les yeux. Il se rend compte qu'il doit reprendre un rythme de vie infernal, tout en tentant de prendre soin de lui, de ses amis, de son appartement, de sa musique... Mais comment la vie adulte a-t-elle pu le presser à ce point ? Il remarque qu'il n'a toujours pas coupé la sonnerie qui résonne dans tout l'appart, avec un Hanamaki qui commence à râler à côté de lui. Vraiment, une bombe pourrait s'écraser à côté de lui, il continuerait à dormir. Il coupe enfin le bruit incessant de son téléphone, et observe Maki se détendre et soupirer de plaisir. Il ne peut s'empêcher de rire en le voyant sourire à moitié tout en serrant son coussin entre les bras. Il ne peut s'empêcher de démêler doucement les cheveux de son front, avant de se raviser en se rendant compte de son geste.

Ce sentiment l'agace de plus en plus. Après réflexion, il ne veut pas perdre cette amitié. De toute façon, ça fait bien trop peu de temps qu'ils se connaissent. Tant pis s'il n'a jamais été aussi proche de quelqu'un aussi rapidement de toute sa vie. Tant pis pour ses paroles quand il était fiévreux : jamais il n'invitera Hanamaki. Il doit le faire partir pour retrouver ses esprits, et arrêter de se sentir de plus en plus attiré jour après jour. Vraiment, il ne veut plus souffrir, et il ne veut pas faire souffrir quelqu'un d'autre avec ses traumatismes et son rythme de vie barbare. Il lui en parlera en revenant de l'hôtel tout à l'heure.

En attendant, il se lève, va prendre une douche bien froide pour se calmer, avant d'aller se servir son café et prendre un bol du riz préparé par Iwaizumi pour être sûr qu'il mange. Il est 11h00 quand il quitte son appartement, laissant un Hanamaki encore endormi sur le canapé, ce qui le fait sourire. Avant de souffler pour essayer de laisser tous ces doutes sur sa vie sentimentale de côté.

A l'hôtel, il commence par se diriger vers le bureau du directeur. Il sait qu'il est là en ce lundi midi : l'hôtel et le restaurant sont souvent plein d'hommes d'affaires et de riches contribuables de la région, il peut se faire mousser. Ce petit homme, la cinquantaine bedonnante, toujours dans des costumes de luxe mais avec la cravate de travers, prend un malin plaisir à se faire bien voir par les clients, alors que chaque employé le déteste, et il les méprise de toute son âme. Jusqu'à présent, Matsukawa a le droit au même traitement : il reste malgré tout qu'un pianiste foiré qui tente de gagner sa vie comme il peut, en travaillant ici et dans un bar gay. Même après le premier concert avec Oikawa, le directeur n'avait voulu saluer que le violoniste, oubliant totalement son employé. Alors être appelé lors de son retour au bureau du directeur l'inquiète un peu, surtout qu'il ne travaille pas ce midi. Après avoir frappé à la porte, et d'avoir été invité à y entrer, il salue son directeur.

- Comment allez-vous, mon petit Matsukawa ?

- Bien mieux, merci.

- Cette semaine de pause vous a été bénéfique, j'espère.

- Tout à fait, Monsieur.

- J'espère, dit-il en s'approchant, que vous être heureux de m'avoir mis dans le pétrin.

- Je ne comprends pas, Monsieur.

- Je ne sais pas si vous êtes un idiot ou vous faites l'idiot.

Il lui tire sa cravate pour ramener le visage du grand pianiste un peu plus bas.

- Mais vous connaissez le nombre de personnes qui vous ont demandé après ce concert ?

- Je ne pensais pas, répond-il en tentant discrètement de dégager

- Vous êtes donc un abruti. Tout le monde vous demandait, puisque tout le monde sait que vous travaillez ici, mais vous, vous préférez vous faire porter pâle ?

Music is what feelings sound likeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant