Nous avant tout [girlxgirl]

Partie 2 (4)

Comme prévu, elles passent la soirée ensemble. Elles restent pelotonnées l'une contre l'autre la plupart du temps. Profitant de cette intimité, Maddie essaye une fois de plus de délier la langue de Yaëlle. Celle-ci reste obstinément fermée malgré ses efforts. Frustrée, elle finit par abandonner toutes tentatives. Ce sentiment perdure chez elle et lui laisse un goût amer. Pourtant, elle ne refuse pas l'invitation de Yaëlle à dîner chez elle quelques jours plus tard. D'emblée, elle est peu bavarde et garde une attitude neutre tout au long de la rencontre. Sensible à cette indifférence, Yaëlle tente d'arranger les choses :
- Quelque chose ne va pas Maddie ? Tu es bien silencieuse ce soir.
- Je me demandais quelque chose.
- Quoi donc ?
- Tu n'as pas confiance en moi ?
- Si bien sûr. Pourquoi te demandes-tu ça ?
- Tu évites les sujets personnels systématiquement. Donc je me pose des questions.
- Je peux t'assurer que ça ne vient pas de toi.
- C'est quoi alors ? Pourquoi tu refuses de t'ouvrir à moi ?
- C'est difficile pour moi de me confier. Parfois c'est compliqué de parler de soi.
- Tu peux me parler Yaëlle. Je ne te jugerai pas.
- Je le sais.

Un long silence s'installe entre elles. Peu sûre d'elle, Yaëlle finit par reprendre :
- J'ai connu quelques filles. Juste quatre ou cinq. Elles ont toutes finies par me briser le cœur ou me rejeter. Ce n'est pas plus facile avec ma famille. Je n'ai que ma mère et je n'ai plus de nouvelles de mon père depuis mon enfance. Même si j'arrive à garder la face, il y a des blessures qui ne guérissent jamais.
- Je vois.
- C'est ce que tu voulais savoir non ?
- Entre autres. C'est une avancée.
Maddie laisse passer quelques secondes avant de se confier à son tour :
- Je n'ai jamais eu de chance non plus. Je n'ai aimé que des filles qui ne m'aimaient pas en retour. Mes parents sont divorcés et mon père ne me parle plus depuis des années. Tu vois, nous avons chacune nos faiblesses.
- En effet.
- Tu n'es plus seule.

Cette dernière remarque touche Yaëlle. Ces confidences contribuent à les rapprocher. Ce stade passé, elles profitent l'une de l'autre plus sereinement le reste de la soirée. En fin de repas, elles s'installent devant un film. Plus d'une fois, Maddie tente un rapprochement, que Yaëlle repousse gentiment. Après la projection, Yaëlle découvre que Maddie s'est endormie. Délicatement, elle se retire et se lève. Sans bruit, elle la couvre avec un plaid. Elle l'admire un instant avant d'aller se coucher à son tour. Au matin, Yaëlle constate qu'elle n'a pas bougé. Elle n'attend pas longtemps avant de la voir se réveiller. Lorsque Maddie ouvre les yeux, elle lui adresse un discret « salut ». Maddie lui retourne son bonjour. Yaëlle lui propose un petit-déjeuner. Maddie accepte poliment.

Elles mangent ainsi dans un silence global, jusqu'à ce que Maddie ouvre la bouche :
- Je vais m'en aller maintenant. Je dois retourner chez moi me préparer pour le travail.
- Prends ta douche ici si tu veux. Ne te gêne pas.
- Non merci. Je dois quand même rentrer pour me changer. Je ne vais pas te déranger plus longtemps.
- Tu ne me déranges pas. Au contraire. Si tu veux, tu peux revenir ce soir.
- Je passerai peut-être. En tout cas merci pour ton accueil. C'était vraiment gentil de ta part de m'avoir laissé dormir ici.
- C'était un plaisir. Tu peux venir quand tu veux.

Avant de partir, Maddie se tourne une dernière fois vers Yaëlle pour l'embrasser. Yaëlle est charmée par cette spontanéité. Par la suite, elle devient nerveuse et attend la fin de journée avec une impatience qu'elle peine à contenir. Elle ne cesse de se demander si Maddie viendra la rejoindre. Rentrée chez elle, elle se rafraîchit et fait les cent pas dans son appartement. Elle est sur le point de se décourager quand Maddie arrive. Elles se prennent dans les bras dès qu'elles se retrouvent. Elles passent la soirée à discuter dans une atmosphère sympathique. Puis, blotties l'une contre l'autre sur le canapé, Maddie tente à nouveau un rapprochement. À l'inverse de la veille, Yaëlle se laisse faire. Les deux jeunes femmes s'embrassent intensément. Pourtant, Yaëlle y met un terme.

Interloquée, Maddie se redresse :
- Qu'est-ce que tu as ? Qu'est-ce qu'il ne va pas ?
- Rien. Je ne voudrais pas aller trop vite.
Maddie se relève :
- Je vois. Écoute, je vais m'en aller.
- Non s'il te plaît. Reste.
- Je pense que c'est mieux pour l'instant.
- S'il te plaît. Ne t'en va pas.
- Pourquoi tu ne me dis pas ce que tu ressens ?
- J'ai des sentiments que je ne peux pas nier. Mais ces choses-là prennent du temps.
- Tant que tu n'es pas décidée, je ne peux rien pour toi Yaëlle.

Sur ces derniers mots, Maddie attrape ses affaires et se dirige vers la sortie. Yaëlle la rattrape et lui barre la route. Elle empoigne ses hanches et l'embrasse avec ferveur. Ce baiser lui fait lâcher ses affaires. Emballée, elle entoure le cou de Yaëlle de ses bras. « C'est un bon début » murmure-t-elle quand ce baiser se termine. Lorsqu'elles se lâchent, elle récupère ses affaires et disparaît.