Partie 6 (1)

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Les deux amoureuses passent le reste de la convalescence de Maddie à se soutenir l'une l'autre, entre rendez-vous médicaux et moments en tête-à-tête. Libérée de son plâtre qu'elle troque contre une attelle, Maddie souffle enfin. Quant à Yaëlle, elle garde un œil avisé sur sa protégée et suit à la lettre les conseils de rééducation prescrits. Elle seconde Maddie dans ses exercices et la motive pour qu'elle ne se décourage pas. Grâce à leurs efforts communs, Maddie se rétablit plus vite que prévu. Avertie, je saute sur l'occasion pour leur rendre visite. Même si elles ne montrent rien, je sens tout de suite un changement dans leur attitude. Leur connivence amoureuse me saute aux yeux. Je suis ravie de voir Maddie en bonne santé physique, mais l'évolution de leur relation me réjouit davantage. Je leur lance des regards appuyés, mais aucune n'aborde le sujet. Vexée, je m'apprête à partir quand Yaëlle me retient :
- Ça va, on te taquine. C'est bien ce que tu crois.
- Yaëlle, petite cachottière.

Elle me raconte les péripéties de leur histoire avant que je m'en aille pour de bon. Rentrée chez moi, je m'adresse directement à Angi :
- Tu me dois un dîner.
- Pourquoi ?
- Yaëlle et Maddie sont ensemble.
- Sans rire ?
- Elles sont tombées amoureuses. Tu vois. J'ai bien fait d'y croire.
- Effectivement.
- Tu les verrais. Elles sont si mignonnes toutes les deux.
- On dit samedi pour le dîner ?

Nous rions toutes les deux de la situation et nous réjouissons de cette avancée. Comme convenu, je prends le relais avec le traiteur. J'épluche les informations à ma disposition afin de trouver celui qui nous convient le mieux. Je passe des jours à parcourir les annuaires à la recherche de la perle rare. J'en retiens deux qui ont tous les critères que nous souhaitons. Le soir-même, j'en parle à ma fiancée qui valide mes choix. Nous réservons ensemble une rencontre avec eux. Lors de ces entrevues, nous échangeons sur tous les aspects de l'événement. Le premier ne nous convainc pas, mais le second nous semble parfait. La dégustation à laquelle il nous convie achève de nous convaincre. En repartant, je souffle un grand coup, soulagée d'en avoir terminé.

Heureusement, je n'ai pas à chercher longtemps pour trouver le pâtissier capable de réaliser le gâteau de nos rêves. Là aussi, Angi partage mon avis et l'essai est concluant. Je ne relâche pas mes efforts, puisque je m'attelle à la réalisation des faire-part dès cette tâche bouclée. Angi me voit enchaîner les allées et venues à un rythme alarmant. Chaque soir, je suis épuisée et m'endort en un rien de temps. Soucieuse, elle profite d'un petit-déjeuner pour me proposer une pause :
- Je te dois un dîner, je crois.
- Je plaisantais.
- J'insiste. Ça te fera du bien.
- Si tu y tiens.

Même si je n'ai pas l'énergie de sortir, je fais un effort pour elle. Elle m'emmène dans un restaurant sans prétention où nous passons une soirée reposante en nous régalant. Pourtant, cette sortie ne calme pas ses craintes. Revenues à l'appartement, elle m'interpelle au moment où je m'apprête à me coucher :
- Lâche un peu toi aussi. Je ne veux pas que tu te fatigues tous les jours.
- Ne t'en fais pas pour moi. Je suis solide.
- On va faire les faire-part ensemble. Je ferai moi-même le plan de table. Ensuite on choisira au calme le menu, le lieu et la date. Rien ne presse de toute façon. Le plus gros du travail est derrière nous.
- Tu oublies l'officiant et le thème.
- Qui a besoin d'un thème ? On décidera de l'officiant en même temps. Ne te tracasse pas pour ça.
- J'ai de la chance de t'avoir.
- C'est moi qui ai de la chance.

Sur ces dernières paroles, je tombe dans un profond sommeil en quelques secondes. Sans m'avertir, elle prend un jour de congé pour se mettre au travail. Je la vois cogiter en permanence, en plus de l'aide qu'elle m'apporte. Elle se charge également d'envoyer les invitations. En fin de journée, elle est tout aussi exténuée que moi. Dans la soirée, nous nous assoupissons dans les bras l'une de l'autre. Loin d'avoir perdu sa motivation, elle passe son temps libre sur le reste des préparatifs. Plongée dans ses réflexions, elle n'en sort que pour les tâches quotidiennes et quand le travail l'appelle. Aussi investie que moi, elle avance à une vitesse impressionnante, même si le plan de table lui donne du fil à retordre.

Les invitations reviennent positives les unes après les autres. Le fait que Laureline puisse assister à la célébration nous réjouit plus particulièrement. Le choix le plus compliqué s'avère être celui de l'officiant. Après avoir un temps considéré une de nos connaissances, nous finissons par opter pour un spécialiste qui colle parfaitement à nos attentes. Celui-ci se montre à l'écoute et ouvert d'esprit. Il nous faut des heures pour établir un menu. Puis Angi repère des lieux susceptible de nous plaire. Ses préférences sont aussi superbes les uns que les autres. Après des semaines de tergiversations, notre choix se porte sur un espace en plein air, avec un immense jardin et un parc avenant, rattaché à une maison de maître.

Plus les préparatifs avancent, plus nous réalisons que le mariage devient concret. Arrivées au bout, nous prenons un moment pour y penser :
- On y est arrivée, s'étonne Angi. Notre mariage prend forme.
- Tu as peur ?
- Non. Et toi ?
- Pas du tout. Je suis plutôt excitée à vrai dire.
- Pareil pour moi. Me marier avec toi est ce qui peut m'arriver de mieux.
- Pour moi aussi.
- Aucune de nous ne risque de s'enfuir alors ?
- On dirait bien que non. Tu m'auras sur le dos pour le reste de ta vie.
- Ça me va. Sauf quand c'est moi qui serai sur le tien.
- Je n'y vois aucun inconvénient.

Nous scellons cet accord avec un tendre baiser.

Nous avant tout [girlxgirl]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant