Partie 8 (3)

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L'heure du retour approchant, nous décidons de mettre de l'ordre dans nos affaires sans attendre. Lauréline s'apprête également à partir et vient nous voir une dernière fois. L'émotion est au rendez-vous. Nous nous promettons de nous revoir dès que possible et de nous donner régulièrement des nouvelles. Nous la regardons s'en aller le cœur lourd. Une fois le rangement terminé, nous passons un long moment au domaine et prenons le temps de remercier Nathalie et Denis pour leur accueil. Je remercie moi-même Angi pour cette fabuleuse idée. Après avoir plié bagages, nous leur faisons nos adieux pour de bon. Nous sommes toutes les deux au bord des larmes au moment du départ.

Après une longue et éreintante route, nous retrouvons enfin notre foyer. Je n'ai cessé de penser à la même chose durant tout le temps du trajet. La même question me taraude. Dois-je réellement franchir le pas ? Après des jours et des jours de réflexion, le constat que j'en fais est le même. Je n'ai plus envie d'obéir à la chef, d'écrire sur des sujets qui ne m'intéressent pas, de m'enfermer dans un endroit peu hospitalier. En définitive, j'arrive toujours à la même conclusion. Je préfère pour l'instant garder mes observations pour moi. Nous ne perdons pas de temps pour trier et ranger nos vêtements. Nous sommes totalement épuisées au moment de nous coucher.

Je suis encore dans la lune le lendemain. Incapable de faire quoi que ce soit de productif, je me contente de regarder Angi s'affairer dans l'appartement. Une nouvelle consultation chez le médecin balaye le reste de mes doutes. En rentrant, je rejoins Angi qui prépare le dîner dans la cuisine. Avant qu'elle ne dise un mot, je lui livre sans attendre ce que j'ai sur le cœur : « Tu sais quoi ? Je laisse tout tomber. Je me fiche de tout ça. Je me fiche de ce job, de ce que la chef veut. Tout ce que je veux c'est toi. Je veux être avec toi. Je veux dormir avec toi, me réveiller avec toi. Je veux tomber amoureuse de toi tous les jours. Je me fiche pas mal du reste. »

Abasourdie, elle abandonne ce qu'elle est en train de faire et me fixe un moment sans rien dire. L'incrédulité passée, elle parvient finalement à me répondre.
- Donc ça veut dire... que tu démissionnes ?
- C'est ça. C'est toi qui avais raison. Dès qu'on retourne au bureau, je donne ma démission.
- Tu en es sûre ?
- Absolument. Il est temps que je passe à autre chose. Qu'en dis-tu ?
- C'est une bonne nouvelle. J'en suis soulagée. Vraiment.
- Tu resteras avec moi ?
- Évidemment. Je ne compte aller nulle part. Ma maison c'est toi.

Libérées de ce poids, nous profitons pleinement des derniers moments à passer ensemble. Nous occupons notre temps libre à mettre de l'ordre dans nos affaires et à profiter l'une de l'autre. Nous partageons des instants de bonheur simples devant des films, au cours des repas et de discussions. Blotties l'une contre l'autre, nous échangeons murmures et baisers jusqu'à ce que la nuit nous appelle. Emmitouflées dans la chaleur de notre lit, nous profitons de la plénitude retrouvée et laissons le sommeil nous emporter.

Le matin suivant, Angi doit presque me sortir du lit pour me motiver à bouger. Nous avons prévu d'aller voir la chef dès le début de la journée pour lui faire part de ma décision. J'appréhende beaucoup cette entrevue, mais c'est une étape primordiale que je ne peux pas éviter. Angi insiste pour m'accompagner, plus pour m'encourager que pour me seconder. L'anxiété me gagne dès que l'on quitte l'appartement et monte d'un cran une fois la porte d'entrée du Journal passée. En jetant un rapide coup d'œil à son bureau, je m'aperçois que la patronne est déjà là. En revanche, les filles ne sont pas encore à leur poste. Ma compagne me prend par la main et m'entraîne avec elle jusqu'au bureau de la chef. Elle prend l'initiative de toquer à la porte et nous fait entrer sans attendre de réponse. Surprise, la chef se lève d'un bond, puis s'avance vers nous pour nous saluer. Tremblante, je saisis la main qu'elle me tend.

- Angi ? Camille ? Qu'est-ce que vous faites là ? Vous ne reprenez pas avant la semaine prochaine.
- Bonjour, répond poliment Angi. On vous dérange ?
- Non pas du tout. Venez vous asseoir. Qu'est-ce qui vous amène ?
La chef retourne s'asseoir tandis que nous prenons place en face d'elle.
- Camille a quelque chose à vous dire.
- Je vous écoute.
- Eh bien, je balbutie, je... vais devoir démissionner.
- Comment ça ? Vous nous quittez ?
- C'est bien ça.
- Pourquoi ? Il s'est passé quelque chose ? Vous pouvez me le dire si c'est le cas.
- Non non ce n'est pas du tout ça. Ces années passées ici ont été merveilleuses et j'ai adoré travailler pour vous. Je vous serai éternellement reconnaissante de m'avoir donné ma chance. Mais ces temps-ci, je n'ai plus la tête à ce que je fais. Je stresse facilement et je ne suis plus capable d'écrire des papiers satisfaisants.
- Je vois. Je suis très triste de vous voir partir. Je présume qu'il n'est pas la peine d'essayer de vous retenir.
- Je crois que non. J'en suis sincèrement désolée.
- Croyez bien que c'est réciproque. Vous étiez très précieuse et vous avez un talent inné. N'hésitez pas si vous changez d'avis.
- Je vous remercie.
- Bon. Je vous laisse l'annoncer à vos collègues. Prenez le temps qu'il vous faudra pour débarrasser votre bureau. Rien ne presse. C'est plutôt calme en ce moment.
- Merci.

Nous ne tardons pas à quitter les lieux. Je souffle de soulagement une fois dehors. Je me sens étonnamment libre, libérée d'un poids. Nous décidons de poursuivre la matinée au grand air. Puis Angi m'invite à déjeuner dans un restaurant que nous ne connaissions pas. Cela s'avère être une belle découverte. Nous passons une bonne partie de l'après-midi à arpenter les rues avant de regagner la familiarité de notre foyer. Épuisées par ce périple, nous nous écroulons sur le canapé à peine rentrées. Nous prenons un dîner rapide et nous couchons plus tôt que d'habitude. Une fois toutes les deux au lit, Angi vient chercher mes bras. Nous restons un moment sans bouger ni dire un mot. C'est elle qui brise le silence.
- Que vas-tu faire maintenant ?
- Je n'ai plus qu'à m'y mettre.
- Tu regrettes ta décision ?
- Pas un seul instant. J'ai fait le bon choix.
- Je suis de ton avis.
- Mais pour l'instant je vais en profiter pour m'occuper de ma princesse. Prendre soin de toi sera ma priorité.

Nous marquons une fois de plus un temps. Angi m'embrasse. Pendant notre baiser, je caresse son visage avec délicatesse. Elle intensifie l'échange en retour. Je fais glisser une main le long de son dos jusqu'à son bassin. Alors qu'elle se colle au maximum à moi, je faufile ma main entre ses cuisses. Je sens un frisson la traverser. Je continue sur ma lancée en me glissant sous ses vêtements. J'effleure son intimité du bout des doigts avant d'en glisser en elle. Les premiers gémissements arrivent rapidement et montent crescendo à mesure que je m'active en elle. Elle dépose des baisers sur mon cou entre deux soupirs. J'accélère la cadence au fil de ses mouvements. Elle s'accroche à moi tandis que la pression augmente en intensité. Au bout d'un moment, elle ne tient plus en place jusqu'à ce qu'elle pousse un dernier cri, le plus fort et le plus ardent de tous. Elle reprend tant bien que mal son souffle.

Apaisée, elle m'embrasse une dernière fois et pose sa tête sur ma poitrine. Reposée contre moi, je la câline doucement. Tout en la cajolant, je remets ses cheveux en place. Se faisant, je remarque qu'elle a fermé les yeux. Elle s'est assoupie dans mes bras. J'aime tellement la voir endormie de cette façon. Je ferme les yeux à mon tour et savoure ce moment tant qu'il dure. Sans me soucier du lendemain, en laissant de côté mes craintes et mes incertitudes. Je serre contre moi la chose la plus précieuse que je possède en ce monde, l'amour infini d'une vie, pleine d'espoir et de tendresse.

Nous avant tout [girlxgirl]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant