Partie 3 (1)

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Un matin, Angi me submerge de questions :
- Pour le mariage, tu préfères en salle ou en plein air ?
- Plutôt en plein air.
- Tu veux une robe ou un costume ?
- Un costume.
- En taffetas ou en flanelle ?
- Peu importe.
- Il faut que tu choisisses.
- Aucune importance. Quelque chose qui me va. Qu'est-ce que tu as ?
- Cette nuit, j'ai réalisé qu'on n'avait encore rien préparé pour le mariage.
- Et alors ? Rien ne presse.
- Il y a des tonnes de choses à penser. L'endroit, les invités, le traiteur, l'officiant, la date. On n'a rien décidé.
- Tu sais qu'il faut dormir la nuit ?
- Sérieusement Camille. Il faut commencer à y penser. Tu veux toujours te marier ?
- Évidemment.
- Alors on doit se mettre au travail. Je vais prendre un congé. Ça va me permettre d'y travailler.
- Tu sais que tu n'es pas seule dans l'histoire ?
- Je sais. On y pensera ensemble si tu préfères.
- C'est mieux.

Remontée comme un coucou, Angi termine son petit-déjeuner et se lève :
- Je vais faire du shopping pour trouver une robe de mariée aujourd'hui. Et si j'ai le temps je chercherai un traiteur.
- Tu n'es pas obligée de tout faire seule. Si tu m'attends, on pourra faire ça ensemble.
- Ce n'est pas la peine. Ne t'inquiète pas.
- Si tu le dis. Mais mon offre reste valable.
- Tu es un amour.

Sur ces derniers mots, elle m'embrasse et part se préparer. Pourtant, malgré son assurance de ce matin, je reçois un appel d'elle totalement paniquée dans l'après-midi :
- Camille, je ne vais pas y arriver.
- Qu'est-ce qu'il t'arrive ma puce ?
- Il y a trop de choix, trop de choses à penser.
- Où es-tu ?
- Au magasin de la rue De Sand.
- D'accord. Ne bouge pas. J'arrive tout de suite.

Aussi affolée qu'elle, je m'empresse de courir la rejoindre. Sur place, je repère le magasin et m'y précipite. Je la retrouve en pleurs, recroquevillée dans un coin. Je m'agenouille en face d'elle et fais au mieux pour la consoler :
- Tout va bien ma douce. Je suis là maintenant.
- Je ne vais pas y arriver.
- Ne t'en fais pas ma chérie. On va tout faire ensemble. Tu n'as plus à t'inquiéter.

Je lui tends un mouchoir pour qu'elle puisse essuyer ses larmes, puis je l'aide à se relever. Une fois apaisée, nous commençons à arpenter les allées. Interpellée par notre intérêt, la gérante vient à notre rencontre. Aimable en apparence, je sens pourtant une pointe d'austérité. Tout sourire, elle tente d'en savoir plus :
- Vous êtes la mariée et la demoiselle d'honneur ?
- Non. Nous sommes les mariées, dis-je.
- Ah.
Son sourire disparaît aussitôt, marquant ainsi le début des hostilités. Je me charge de répliquer :
- Ça vous pose un problème ?
- Oh non. Il en faut pour tous les goûts.

Le dédain dans sa voix a le don de m'agacer. Sur le point de bouillir, je réponds automatiquement : « Écoutez pauvre mégère. Chacun est libre de faire comme il l'entend. Il serait temps d'évoluer plutôt que de stagner comme un fossile. En attendant, vous pouvez garder vos chiffons défraîchis pour vous. Viens ma puce. Ça sent le moisi ici. » Je ne lui laisse pas le temps de réagir. J'attrape la main de ma fiancée pour nous diriger vers la sortie. Une fois dehors, Angi m'interroge :
- Où va-t-on maintenant ?
- Je connais une autre boutique pas loin. Là-bas, les vendeurs sont plus sympathiques que cette vieille bique.

Nous parcourons à peine quelques mètres pour trouver le commerce en question. Le changement s'avère radical. Plus grand et plus accueillant, il propose des possibilités vastes et variées. Nous nous perdons presque entre les allées à la recherche de modèles à notre goût. Intriguées par plusieurs d'entre eux, notre échange se complique. Lui présentant une robe, je demande :
- Celle-ci ne te plaît pas ?
- Pas vraiment. Il y a trop de froufrous pour moi.
- Et celle-là ?
- Non. Elle ne m'irait pas.
- D'accord.
- Tu n'en cherches pas une pour toi aussi ?
- Non, je préfère un costume. Pas question de ressembler à une guimauve ce jour-là.
- C'est très bon la guimauve.
- Oui. C'est bon à manger, mais pas beau à regarder.
- Si tu le dis.

Sensible à notre désarroi, une vendeuse vient à notre secours. Elle nous écoute attentivement et nous aiguille vers plusieurs modèles susceptibles de nous intéresser. Elle vise juste puisque Angi les trouve plus superbes les uns que les autres. Son choix final se porte sur deux tenues en particulier. Un autre vendeur s'assure de trouver la taille adéquate et procède à quelques ajustements. L'essai de la première ne m'enthousiasme pas plus que ça. La seconde, au style très opposé, me laisse sans voix. Lorsque ma fiancée sort de la cabine d'essayage, je suis ébahie et manque de basculer de la chaise sur laquelle je suis pourtant bien assise. Cette longue robe blanche, sans manches, à la coupe évasée et aux épaules dénudées, la fait ressembler à un ange tombé du ciel. « Angi... tu es... splendide » je balbutie. Cette réaction finit de la décider. « Je prends celle-ci » affirme-t-elle sans hésitation. Pour ma part, j'opte pour un costume féminin blanc, simple mais chic. Nous rentrons plus que satisfaites de ce shopping improvisé et soulagées d'un poids.

Nous avant tout [girlxgirl]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant