10: Appel à l'aide ~ Lou ~

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J'éclate en sanglots. Je ne me retiens plus et me jette dans les bras de mon interlocutrice. Je sens ses bras dans le bas de mon dos et ce simple contact me fait déjà sentir un peu mieux. Billie tente d'essuyer mes larmes, sans grand succès car elles sont immédiatement remplacées par de nouvelles. J'inspire un bon coup et tente de reprendre mes esprits.

-"Je suis désolée, je ne sais pas ce qui me prend.

- Ne t'excuse pas. J'attendais justement que tu te confie à moi.

- Ah parce-que tu appelles ça se confier ? Je n'ai fait que pleurer comme une madeleine !

- T'en sais rien, peut-être que c'était un message codé et que j'ai tout compris.

Son trait d'humour me fait sourire. Elle est vraiment très forte...

- Pffff... T'es bête !

- Allez plus sérieusement maintenant. J'ai deviné, Lou.

- Oui j'avais compris... Vu comment tu m'as fixé pendant toute la journée après mon malaise, de rien du tout en plus !

- T'es au courant que tu es contradictoire là ? Tu sais que j'ai tout compris et tu continues à faire comme si ce n'était pas grave.

- Et oui, que veux-tu, j'essaie de me persuader moi même ! Dis-je d'un ton se voulant enjoué.

- Ne fais pas la maline avec ce sujet, je t'en prie. Tu sais autant que moi quelles peuvent être les conséquences.

- Mais comment ? Comment sais-tu tout ça ? Je demande intriguée.

- J'ai connu la même situation, Lou. Il y a un an.

Ma bouche reste ouverte, sous le choc. Je n'aurai jamais imaginé ça en la voyant. Quand j'arrive enfin à reprendre la parole, ma voix se veut rassurante.

- Je... Je comprends très bien si tu ne veux pas en parler.

- Non c'est bon, j'en ai justement envie, pour te mettre en garde. Comme tu peux t'en douter, j'avais pas mal de complexes à l'époque. Ce qui m'a amenée à faire la même chose que toi..."

Billie me raconte patiemment toute son histoire que j'écoute attentivement. Alors je lui déballe tout à mon tour, du début jusqu'à la fin.

Cette histoire a démarré un jour au collège, en troisième. Nous avions mangé un repas très copieux à midi. Tous mes camarades de classe étaient assis à ma table. Après avoir fini, j'avais déclaré en rigolant à mes copines que "c'était moi, ou mon pantalon avait rétréci !" Haha, trop drôle Lou, franchement tu es irrésistible. Seulement, j'avais parlé assez fort pour que la peste du collège m'entende. Alors, elle avait tourné la tête vers moi et à son regard, j'avais compris ce qu'il allait m'arriver : la pire humiliation de ma vie.

Je me souviendrai toujours de cette phrase. C'est simple ; elle me hante depuis deux ans maintenant.
"En même temps tu t'es vue ? On dirait un gros saucisson obèse qui se crois assez mince pour rentrer dans un pantalon slim !"
Évidemment, toute la tablée s'était esclaffée comme si c'était la blague du siècle, sauf Lara-Jean qui m'avait immédiatement emmenée loin de cette scène.

Déjà, permettez-moi de critiquer objectivement cette chère Noémie. Petit un : sa phrase n'est pas française. Sans m'avancer, je dirais que c'est un pléonasme. Un saucisson ne peut pas être obèse ET gros. Petit deux : elle s'habillait comme un sac, on aurait dit que c'était Solène qui la conseillait. D'ailleurs, il me semble qu'elles se sont retrouvées dans le même lycée, les grands esprits se rencontrent ! Petit trois : c'est tout simplement la pire des garces que je connaisse.

D'après mes blagues, on pourrait croire que tout cela ne m'importe plus aujourd'hui. Mais si j'essaye de faire de l'humour, c'est tout simplement parce que... Au fond, je me déteste. Si je n'avais jamais tendu cette perche, rien de tout cela ne serait arrivé.

Sans m'avoir interrompue pour le moment, Billie intervient pour la première fois.

-"Ne dis pas ça, c'est faux. Ce n'aurai peut-être pas été elle, mais une autre. Tu ne devais déjà pas avoir confiance en toi pour te laisser anéantir par une pique énoncée par une peste, en plus.

- Tu as sûrement raison... Toujours est-il que depuis ce jour, je me regarde d'un œil différent dans le miroir. Je vois toujours ces kilos en trop et ça m'épuise.

- Je sais, je sais... Dit-elle en se rapprochant un peu plus de moi. Je vais t'aider, compte sur moi. Tu dois seulement me laisser le faire. Tu penses que tu en es capable ?

- Je crois que je n'ai pas trop le choix de toute façon !" Dis-je en souriant timidement.

Puis, Billie effectue les quelques pas qui nous séparent et serre mon corps frêle dans ses bras tout chauds. J'enfouie mon nez dans ses cheveux et elle pose son menton sur mon épaule. Nous restons quelques minutes dans cette position, dans notre monde...

Sa remarque m'a faite réfléchir. Maintenant que j'y pense, c'est évident que tout n'est pas parti à cause de cette stupide critique. À vrai dire, je n'avais pas vraiment confiance en moi, dès la rentrée au collège. Alors, me comparer aux autres n'a pas amélioré les choses. La remarque de cette Noémie était seulement la goutte de trop.

Cette situation est inconfortable et me fatigue franchement. J'aimerai juste pouvoir m'aimer... Et je compte sur Billie pour m'aider.





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