Insouciants

32: Plus d'espoir ~ Billie ~

Notre étreinte ne dure que quelques secondes, avant que Lou ne ramasse ses affaires et sorte précipitamment de la salle. Je n'hésite pas à la suivre, ignorant complètement les deux garçons présents. Elle marche d'un pas rapide, m'obligeant à accélérer pour la rattraper. Après quelques mètres de marche intensive, je tente une approche, à bout de souffle.

-"Je suis tellement désolée... Je ne sais pas ce qui m'est passé par la tête !

- Mais moi je sais très bien."

Je m'immobilise, attendant la suite. Lou se retourne brusquement pour me faire face et poursuit.

-"J'étais trop plongée dans les cours et donc, plus assez présente pour toi.

- Oui c'est vrai, tu ne faisais même plus attention à moi. J'étais passée au second plan !

- Je m'excuse. Mais tu aurais dû venir m'en parler.

- Non parce-que, j'espèrais secrètement que tu le remarque... Mais visiblement, tu as préféré faire l'aveugle ! Mais tu vois, maintenant c'est trop tard pour t'excuser."

- Nan mais je rêve... C'est toi qui a décidé d'aller voir ailleurs !

- Tu voulais que je fasse quoi ? Je n'allais pas continuer à t'attendre éternellement.

- Oh oui, je comprends ! Te jeter dans les bras de la première venue était la seule solution qui s'est présentée devant toi !"

La conversation commence à s'envenimer, et ce n'est pas comme ça que j'avais envisagé les choses... Je m'apprête à répondre, mais me ravise au dernier moment. Je passe une main sur mon visage aux traits tirés, fatiguée et énervée par cette conversation.

-"Tu peux soupirer si tu veux ! Tu n'as plus que tes yeux pour pleurer maintenant...

- Comment ça ? Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Tu m'as très bien comprise.

- Non justement. Éclaire ma lanterne, je t'en prie.

- À ton avis, pourquoi je ne veux plus te voir depuis deux semaines ? Pourquoi tenir cette conversation m'est presque impossible, hein ?"

Je hausse les épaules, ne comprenant pas où elle veut en venir.

- C'est fini." Déclare-t-elle.

J'ouvre la bouche, mais aucun son n'en sort.

-"T'es pas sérieuse ?

- J'ai l'air de rire ?

- Tu ne vas quand même pas me quitter comme ça, en plein milieu de la rue !

- Tu as rompu au moment où tu as embrassé cette fille.

- Maeve.

- Pardon ?

- Elle s'appelle Maeve.

- Mais j'en ai rien à foutre ! Tu pourrais au moins faire semblant d'être triste !

- Mais je suis triste ! Tu viens de me briser le cœur...

- Et moi, tu ne m'as pas brisé le coeur peut-être ?"

Je ne répond rien, préférant baisser les yeux et retenir mes larmes.

-"Combien de temps ?"

Je relève la tête et la regarde, interrogée.

-"Depuis combien de temps durait ce petit manège, hein ?

- Deux semaines, environ...

- Tu l'aimes ?

- Pardon ?

- Purée mais t'es bouchée ou quoi... Est-ce que tu l'aimes ?

- Comment peux-tu penser une chose pareille ? La seule que j'aime c'est toi... Et mon erreur est impardonnable, je le sais. Comment est-ce que je peux arranger ça ?

- Tu ne peux pas, Billie. Je ne peux plus te faire confiance, tu as ruiné le mince estime que j'avais de moi..."

Je n'arrive pas à répondre, culpabilisant encore plus.

-"De toute façon, c'était évident que notre relation ne marcherait pas... Déclare-t-elle.

- Quoi, comment peux-tu penser ça ?

- Nos caractères ne sont pas compatibles, j'ai été beaucoup trop conciliante avec toi."

Sa déclaration m'arrache un sanglot incontrôlable.

-"Qu'entends-tu par « trop conciliante » ?

- Je t'ai cédé beaucoup de caprices, quand tu voulais absolument que je t'avoue mes sentiments, par exemple...

-"Mais j'ai tout fait pour toi ! Je t'ai aidée à traverser une dure épreuve !"

Cette fois-ci, c'est elle qui ne répond rien.

-"Alors, tous ces moments passés ensemble ne voulaient rien dire ? Tes « je t'aime », n'étaient pas sincères ? Tu ne les pensais pas réellement ? Réponds moi."

Mais Lou n'en fait rien. Elle détourne le regard, les larmes se déversant sur ses joues. Je n'ai qu'une envie c'est de les essuyer mais malheureusement, ce n'est plus possible.

-"Si c'est vraiment ce que tu souhaites... Et bien j'espère que tu seras heureuse et que tu rencontreras quelqu'un qui te mérite vraiment..."

Elle relève la tête et me fixe avec ses yeux suppliants. J'ai essayé, mais je ne vois plus quoi faire. D'un autre côté, ses sentiments semblent partagés ; elle veut rompre mais son regard me crie de rester...

Je prend une profonde respiration avant de détourner les talons et de m'éloigner, renonçant à notre histoire, et la laissant seule au millieu de la rue.

Je ne me retiens plus et désormais un torrent de larmes coulent sur mes joues, ma vue se brouille et je dois m'asseoir pour ne pas tomber sur le trottoir. Alors que je suis recroquevillée en boule contre le mur, une voix familière m'interpelle.

-"Billie, qu'est-ce qu'il se passe ?"

Je relève la tête difficilement et découvre, Maeve... Évidemment, ce n'est pas la personne que j'attendais, mais je vais m'en contenter. Elle me prend la main et m'aide à me relever, me soutenant jusqu'à sa moto. Elle me tend son casque et je le saisi, sans vraiment réfléchir. Une fois devant sa maison, elle me demande si je veux entrer. J'acquiesce, ayant besoin de n'importe quel réconfort.

-"Je suppose que c'est Lou ?" Demande-t-elle une fois assise sur son canapé.

Je hoche la tête, ne parvenant pas à fournir une réponse orale.

-"Tu te rend compte dans quel état elle te met ? Ce n'est pas sain, en plus elle est vraiment hyper jalouse. Et de ce que tu m'as raconté, elle n'a vraiment pas fait d'effort. Et puis, elle l'a bien cherché aussi ! Tu mé...

- Tu veux bien te taire ? Je ne t'ai rien demandé, à ce que je sache. Je l'interromps.

- Pardon ? Je viens de te ramasser à la petite cuillère et tu es chez moi, je te signale.

- Oui, excuse-moi. C'est juste que tu ne comprends rien.

- Oh si, cette fille n'a eu que ce qu'elle méritait, c'est tout.

- Mais non ! C'est de ma faute, ok ?" Je m'écris en me levant brusquement du canapé.

Je n'attends pas sa réponse et me dirige vers la sortie mais Maeve me retiens par le bras.

-"Eh, calme-toi. Il est hors de question que tu sortes dans cet état. Je suis là, si tu veux parler.

- C'est stupide, qu'est-ce que je suis encore en train de faire..."

Ne résistant plus à la tentation, je me jette dans ses bras réconfortants et laisse mes larmes couler.