Insouciants

46: Précipitation ~ Benjamin ~

J'accélère le pas en apercevant Lou qui agite joyeusement la main vers moi, pour rejoindre mes amis. Nous nous sommes donnés rendez-vous devant notre café habituel, et je suis le dernier à arriver. Je prend Billie et Lou en même temps dans mes bras mais arrivé devant Timothée, j'hésite.

Hier soir, nous sommes restés tard au téléphone. Nous avons convenu de ne rien dire pour le moment, même si nous savons que les filles ne nous jugeront pas, évidemment. Nous ne sommes seulement pas prêts pour ça et j'ai dit à Tim que je préférais prendre mon temps. Heureusement, il partage mon avis et a très bien accepté la chose.

Me voilà donc perdu... Dois-je l'enlacer ? Ou seulement lui serrer la main ? Comment est-on sensé agir face à son meilleur ami qui n'est plus vraiment votre meilleur ami ?

Timothée semble hésiter moins que moi et me serre vivement contre lui. Je m'écarte assez vite, pour ne pas laisser planer le doute. Lou et Billie rentrent joyeusement dans le café et lorsque je leur emboîte le pas, une main me retient.

-"J'ai quand-même le droit de te prendre dans mes bras ? Chuchote Tim.

- Oui mais pas comme ça !

- P... Pardon ? Demande-il toujours en chuchotant.

- Tu mets trop d'émotions, ça se voit.

- Oh, excuse-moi d'avoir envie d'exprimer mes sentiments ! Je ne savais pas qu'il y avait un code à respecter dans ce genre de situation.

- Ce n'est pas ce que je voulais dire ! Pardon." Dis-je en attrapant sa main.

Tim se rapproche dangereusement de mon visage, mais je me dis qu'il n'oserait pas, dans cet endroit trop risqué.

Et pourtant, il embrasse furtivement mes lèvres avant d'ouvrir la porte du café.

-"On va se faire choper si tu continues ! Je m'écris.

- J'aime le goût du risque !" Rétorque-t-il.

Je le suis jusqu'à la table où sont assises nos amies, le sourire aux lèvres.

-"Que faisiez vous ? On a déjà commandé les boissons ! Nous informe Billie.

- C'est vrai ? Qu'avez-vous choisi pour nous ? Demande Timothée.

- Chocolat chaud pour Ben et latte glacé pour toi, comme d'habitude.

- Super, merci ! Je réponds.

- Bref. Qu'est-ce que vous mijotiez tous les deux ?

- Et vous ? Depuis quand êtes-vous ensemble ?" Esquive Tim.

Bien joué.

Lou et Billie se regardent, et sourient avec un air complice.

-"Depuis le retour de l'Angleterre. Annonce Lou.

- Je le savais ! Je savais que tu cachais quelque-chose."

Celle-ci rougit et se tourne vers Billie pour embrasser tendrement son front. Alors, je sens le regard de Tim posé sur moi, mais je fais mon possible pour l'ignorer. Les boissons arrivent enfin et nous commençons à les siroter tranquillement. Je m'absente aux toilettes, laissant mes amis autour des boissons.

Lorsque je referme le robinet après m'être lavé les mains, j'entends comme un cri étouffé en provenance de la salle. Quand j'approche de la table, Lou me fixe drôlement, la main sur la bouche.

-"Tout va bien ici ? J'ai entendu un cri."

Toute la tablée s'échange des regards tandis que je reprends ma place. Timothée semble nerveux et Lou meurt d'envie de dire ce qu'elle a sur le cœur.

-"Je suis tellement contente pour vous, Ben !" Elle finit par s'écrier.

Billie la trucide du regard, Tim se fige et devient tout blanc...

-"Euh... Contente pour quoi, exactement ?

- Que vous soyez ensemble, c'est fantastique ! On va pouvoir faire des doubles rencards, ça va être génial !"

Mais je ne l'écoute déjà plus, trop occupé à essayer de faire fonctionner mes poumons.

Timothée.

Il leur a dit. Sans me demander. Alors qu'on en avait parlé, la veille.

Celui-ci se tourne vers moi, s'excusant du regard. Je garde la face et souris à Lou, seule enthousiaste parmis trois têtes déconfites. Heureusement, Billie la calme, ce qui me permet de reprendre mes esprits. Timothée semble avoir perdu sa langue, et il m'est aussi impossible de sortir une phrase correcte.

Je décide alors de quitter le café, mon voisin sur mes talons. Je m'adosse contre le mur et croise les bras. Je ne laisse pas le temps à Tim de s'expliquer.

-"Putain tu joues à quoi ?? Qu'est-ce qui t'a prit ?

- Calme-toi, s'il te plaît.

- On l'avait convenu ! C'était pas compliqué, si ?

- Je... J'ai pas p...

- Il fallait juste simuler ! Faire semblant d'être les meilleurs amis du monde !

- Ça fait des mois que je simule, ok ?

- Tu ne pouvais pas tenir encore un peu ?

- Non, c'était impossible. Dit-il en radoucissant le ton.

- Mais pourquoi as-tu changé d'avis ?

- En voyant Lou et Billie heureuses, je me suis dit que nous aussi on avait le droit.

- Mais bien sûr, je n'ai jamais dit le contraire ! Si on n'avait juste pu prendre ce droit un peu plus tard, ça m'aurait arrangé.

- Je suis vraiment désolé, Ben... Je suis juste tellement heureux, que j'ai envie de le crier sous tous les toits ! Tu ne peux pas me reprocher ça. Dit-il en prenant une petite voix.

- Tu n'as pas le droit de me prendre par les sentiments, c'est pas juste ! Dis-je en riant. Allez, viens là."

Je l'attire alors dans mes bras et au premier contact de son corps, mes muscles se détendent immédiatement, sous pression depuis le moment où j'ai quitté le café.

Mais alors que j'allais faire une blague, je sens des gouttes tomber sur mon épaule. Je m'écarte de Tim et rencontre son regard triste.

-"Eh... Ne pleure pas. Je ne t'en veux pas tant que ça !

- Mais tu m'en veux quand même ?

- Oui, bien sûr. Mais écoute, tant que tu ne répètes pas la même erreur au lycée, tu limites les dégâts !

- T'inquiète, ce n'était pas du tout mon intention !"

Je lui souris joyeusement avant de l'entraîner à l'intérieur du café, plus calmé et détendu.