Insouciants

49: Règlement de comptes ~ Lou ~

La semaine suivante, au cours d'une discussion habituelle avec Lara-Jean et Isaac, je leur parlai de la proposition d'April.

-"Sérieux ? Mais c'est génial ! Vous savez combien de temps vous partez ? Demanda Lara.

- Sûrement une ou deux semaines, je n'en sais pas plus.

- Vous partez tous les six ?

- Eh bien justement ! April nous a encouragé à amener plus de personnes. Donc...

- Tu nous invite ? Hasarda Isaac.

- Pourquoi pas ?

- J'y crois pas ! C'est le plus beau jour de ma vie ! Je pars deux semaines dans une magnifique villa avec tous mes amis... Le rêve absolu ! S'écria mon amie.

- Rien n'est encore fait ! Il faut voir si les autres sont capables de supporter ton enthousiasme débordant tout le long du séjour... Dis-je en souriant.

- Attends, tu es sûre de toi ? On ne connait même pas tes autres amis... Se lamenta Isaac.

- Justement, c'est l'occasion ! Lui expliqua sa sœur.

- Oui, je sais que ça peut être compliqué pour vous... Mais je suis sûre que vous allez vous entendre à merveille !" Je les rassurai.

Isaac haussa les épaules en guise de réponse mais me promit cependant qu'il réfléchirait à la proposition. Lara-Jean, de son côté, avait déjà accepté de vive voix et me demanda le numéro d'April pour la remercier personnellement.

Je retrouvai Billie à la sortie de son cours supplémentaire, tout sourire.

-"Alors, rassurée ?

- Oui, la prof m'a bien expliqué tous les points qui étaient encore flous pour moi. Je suis fin prête !

- Je n'en doute pas une seule seconde ! Je suis vraiment contente que ces cours t'aident d'une manière ou d'une autre..."

Billie me prit spontanément dans les bras, tout en se mettant en route vers le bus, ce qui rendit notre démarche plus ou moins bancale. Une fois assises à nos places habituelles, je passai un écouteur à Billie et mis en route notre playlist commune.

Je la saluai avec un bisous sur la joue et descendis du bus pour rentrer chez moi.

Ma mère lisait un magazine, assise sur le canapé. Je refermai la porte derrière moi et lui signalai ma présence. Elle me demanda comment s'était passée ma journée et j'en profitai pour lui faire part de l'invitation d'April. Elle acquiesça avec enthousiasme et m'autorisa à y aller.

Alors que je me dirigeai vers les escaliers, ma mère m'interpella.

-"Au fait, Tessa nous invite à manger chez elle demain soir."

Je me figeai immédiatement. Solène y sera sûrement, pour mon plus grand bonheur... Par réflexe, je lâchai un soupir sonore.

-"Écoute, reprit ma mère, je sais que ça ne t'enchante pas vraiment. Mais s'il te plaît viens, sinon Tessa sera déçue.

- Mais maman, sa fille est un poison !

- À ce point ?

- Oui, elle est insupportable ! À chaque fois que je la vois, ou ne serait-ce que la croise, elle arrive à dire quelque chose de désagréable.

- Je comprends... Dans ce cas, donne moi ta réponse demain matin, je ne t'oblige à rien." Me rassura ma mère avec un sourire.

Je montai dans ma chambre et m'asseyai sur mon lit, ouvrant une page Instagram. Je cliquai sur le profil de Solène et consultai ses derniers posts. Quelques photos avec sa bande d'amis, perdues dans un océan de selfies...

Le lendemain soir, ma mère appuya sur la sonnerie et nous entendîmes le tintement aigu résonner de l'autre côté de la porte. J'avais finalement accepté car j'avais tout de même envie de voir l'amie de ma mère. Celle-ci vint nous ouvrir et nous invita à entrer. Elle nous guida jusqu'à la salle à manger où le couvert était déjà installé.

-"Solène, Simon ! C'est prêt."

Les deux frères et sœurs descendirent les escaliers, l'un derrière l'autre. À ma vue, Solène soupira lourdement, sous le regard noir de sa mère. Simon lui, m'embrassa la joue, tout en retenue. Nous échangîmes quelques banalités avant de nous mettre à table.

-"Dis-moi, Lou, que fais-tu de ton été ? Demanda Solène, faussement intéressée.

- Et bien, il se trouve qu'une amie m'a invité dans la maison de ses grands-parents, avec toute notre bande." J'exposai, pas peu fière.

Elle eut un rictus de dégoût avant de répliquer.

-"Ses grands-parents... Je n'ose pas imaginer l'état de la maison... Les toiles d'araignée et j'en passe.

- Solène ! Siffla Tessa.

- Détrompe toi, cette maison est tout à fait correct et en très bon état.

- Super, tu m'envoie ravie. De mon côté, je pars à Paris pendant dix jours, avant de partir en croisière avec ma tante." Annonça-t-elle en lançant un regard fier à l'assistance.

Chouette, qu'elle s'y noie.

-"Je suis vraiment heureuse pour toi." Répondis-je, le sourire aux lèvres.

La conversation se poursuivit entre ma mère et son amie, jusqu'à la fin du dîner. Nous aidâmes à débarrasser puis, j'allai dans le salon tandis que les deux amies restaient dans la cuisine. Je regardai par la fenêtre lorsqu'un raclement de gorge m'interrompit.

-"Comment va cette chère Billie ?"

Je me retournai et découvris Solène qui me fixait, les bras croisés.

-"Elle va très bien, merci.

- Vous êtes toujours ensemble ?

- Bien sûr."

Je fronçai les sourcils, méfiante.

-"Pourtant... J'ai cru comprendre qu'il y a eu une mauvaise passe..."

Elle faisait évidemment référence à notre rupture.

-"Écoute Solène, je t'adore, mais est-ce que tu pourrais t'occuper de tes affaires, pour une fois ? J'explosai.

- Ok, ok ! Je ne faisais que demander. Excuse-moi de m'intéresser à ta vie.

- C'est faux, tu n'en a absolument rien à faire de moi. Tu ne t'ai jamais intéressée à la vie de quiconque, d'ailleurs ! Le seul truc qui te fait kiffer, c'est de chercher les embrouilles chez les autres. Accepte juste que les gens qui t'entourent soient heureux !"

Pour la première fois, je la vis perdre sa repartie et son intarissable sourire. Je ne lui laissai pas le temps, ni le loisir, de répliquer et continuai.

-"Ta vie est tellement misérable que tu t'acharne à ruiner celle des autres... C'est tout simplement pitoyable."

Sans attendre sa réponse, je la contournai et rejoignis ma mère, jusqu'à ce que nous nous dirigions vers la voiture. Elle me demanda ce qui s'était passé dans le salon pour que je sois dans cet état. Je me détendis et lui dis de ne pas s'inquiéter.

J'espérais bien que Solène avait compris la leçon et que désormais, elle me laisserait tranquille.