Insouciants

44: « Amis » ~ Timothée ~

Je reçois un sms de Ben m'annonçant qu'il arrive chez moi d'ici deux minutes.

Deux minutes.

Mes mains commencent à devenir moites et inconsciemment, mille scénarios se mettent à défiler dans ma tête.

Je lui ai demandé de passer chez moi pour... Parler. Nous n'avons toujours pas évoqué ce qu'il s'est passé, il y a trois jours.

Hier, nous sommes sortis tous les trois, Lou, Ben et moi. Je n'ai pas ressenti de malaise, en partie grâce à la présence de notre amie. Celle-ci semble d'ailleurs très satisfaisante de son séjour dans le pays anglophone. Elle n'a pas voulu nous révéler la raison de son bonheur mais a ajouté que "ça ne saurait tarder".

De mon côté, je n'ai presque pas prêté attention à mon meilleur ami, ou béguin, je ne sais même plus... Comme si nos yeux pouvaient crier ce qu'il s'est passé entre nous, en un simple contact visuel.

Trois coups à la porte me tirent brusquement de mes rêveries. Je cours à ma fenêtre et je l'aperçois devant la porte, tout aussi nerveux que moi. Je descends les escaliers, tout en essayant de trouver ce que je vais bien pouvoir lui dire.

Lorsque j'ouvre la porte en bois, il me sourit timidement et je l'invite à entrer. Il s'avance lentement dans le salon, ne sachant pas où mettre ses pieds.

-"Hum. Assieds-toi, ne reste pas planté là !"

Il s'exécute, tremblant comme s'il avait fait la pire boulette de sa vie. Je sens que ça va être compliqué...

Je m'assoie donc à ses côtés, en gardant toutefois une distance raisonnable. Il reste principalement le regard fixé sur le vase de la table basse, tout en me jetant quelques coups d'oeil. Il doit bien se passer cinq minutes avant qu'un de nous deux prenne la parole.

-"Je... Je crois que nous devrions parler." Je déclare.

Ben se retourne et je vois à son regard qu'il est complètement paniqué. J'essaie de trouver les bons mots pour le rassurer...

-"Hey, détends-toi !

- Je sais... Mais ce n'est pas si simple. Cette situation ne nous est jamais arrivée lorsque nous étions de simples amis !

-"Parce-que nous ne somme plus de simples amis ? Je demande malicieusement.

- Je..."

Ben perd à nouveau tous ses moyens et je jugerais voir des gouttes de sueur perler sur son front.

-"Désolé, je ne voulais pas t'angoisser. Mais tu me tends des perches aussi !"

Il sourit, se détendant petit à petit. Mon angoisse diminue elle aussi, confiant pour la suite. Malheureusement pour moi, Ben me prend la main et ma détresse remonte en flèche. Devant ma mine effarée, il la lâche aussitôt.

-"Pardon...

- C'est moi !"

Nous revoilà donc au point de départ, tout aussi gêné l'un que l'autre.

-"Je voulais te di...

- Est-ce q...

- Vas-y, je t'en prie."

Je le remercie et prend une grande respiration.

-"Pour être honnête, je suis perdu. Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe ni dans ma tête, ni dans mon corps. Je... Je ne sais pas si s'embrasser était une erreur, ni même si je regrette. Tout ce que je peux te dire est que je pense que j'ai besoin de plus de temps."

Ben ne répond pas, et se contente de garder le regard dans le vide.

-"Qu'y a-t-il ?"

Il relève la tête et me regarde, l'air déçu.

-"C'est juste que tu ne te soucies même pas de ce que je ressens. Ce moment, je l'ai espéré et vécu en rêve des milliers de fois !" Explique-t-il.

Je ne répond pas tout de suite, étonné par ses révélations. Je ne pensais pas que Ben pouvait avoir ressenti la même chose que moi...

-"Mais Benji ! C'est juste que je ne te vois qu'en ami, pour le moment.

- Très bien, si c'est ce que tu veux... Dit-il en se levant.

- Benji, attends !"

Mais il se dirige déjà vers la porte, d'un pas décidé. Alors sans vraiment comprendre ce qui m'arrive, je me lève et attrape son bras, l'obligeant à se retourner. Et une fois de plus, je l'embrasse, le poussant lentement contre le mur. Benjamin finit par interrompre notre baiser et me regarde, le sourire aux lèvres.

-"Un ami, tu disais ?

-"Est-ce que des amis qui s'embrassent, sont-ils vraiment des amis ?"