Seule avec lui, je n'arrive pas à décoller la sensation de ses lèvres sur les miennes, une sensation inattendue. Ses iris ne me quittent pas des yeux, je suis telle une proie entre les griffes d'un prédateur. Je ne peux pas le laisser mener la danse. Le plan A a échoué, je suis prête à tenter autre chose. Je me relève fièrement, fait face à son regard malgré ce feu d'émotions dans ma poitrine. Il lève un sourcil pour m'annoncer :
- Je suis impressionnée sincèrement, il m'a fallu 4 jours pour deviner de quel sort il s'agissait. C'est très malin.
Je ne dis rien, je l'écoute, tentant de trouver un moyen de sortir d'ici en vie. Pourtant, je ne le quitte pas des yeux, ne faiblit pas et surtout ne laisse aucune expression sur mon visage. Il pourrait les retourner contre moi, c'est avant tout un manipulateur. Il s'approche, glissant sa main dans la mienne :
- Tu sais ce qu'il te reste à faire, Solina.
J'ai un rictus, il ne croit quand même pas que je vais l'ouvrir pour lui. Son air sévit, une froideur englobe la pièce en dépit du petit feu de cheminé qui tente lui de résister. Il tient toujours ma main, mais cette fois avec plus de fermeté. Il ajoute :
- Qu'est-ce que tu attends ?!
Honnêtement, c'est plus un ordre qu'une question, mais je choisis de l'interpréter à mon avantage. Je prends enfin la parole :
- Je ne compte pas ouvrir ce livre, encore moins pour tes beaux yeux.
Il penche sa tête, laissant une expression de fausse déception, il ajoute sur ton doux :
- Pourtant, on sait tous les deux que tu le feras.
- Il faudra le prendre de force !
Je glisse ma main pour atteindre ma baguette, je suis prête à me battre, quand un sourire sournois apparait sur son visage :
- Autre solution : tu fais ce que je te dis si tu ne souhaites pas que j'aille voir le directeur à propos du passe-temps de Marilou.
Je devrais être scandalisé, mais je me doutais que je serais face à ce choix, je préférais encore me battre. Il continue avec toute l'hypocrisie du monde :
- Je sais aussi qu'elle n'a pas de famille, donc son exclusion de Poudlard, détruirais sa vie. Horrible, hein ?
Il prend un air interrogateur, fier de lui :
- Tu serais prête à détruire la vie de ton amie pour tes erreurs ?
Instantanément, une rage m'enveloppe, il me répugne. Ma main, dans un élan, atterrie violemment au contact de sa joue. Elle est partie toute seul, faisant pivoter son visage. Un visage qui avait perdu son amusement. Ses yeux me poignardent d'éclairs. Il ne sourit plus. Je l'ai énervé comme il m'a énervé et j'en suis fière. Je souris lui disant :
- Pardon ? Tu disais ? Je crois que je t'ai coupé.
Il me prit par les épaules, j'atterris coller au mur en l'espace de deux secondes. Tout m'était bien égal, voir cette haine sur son visage me ravissait. Il ne mérite pas de sourire surtout lorsqu'il menace mes amis. Comment peut-on être aussi cruel ? Il s'agissait bien du pire être, je ne compte plus jamais en douter.
- Ne me tente pas Eleanor. Marilou ou le retourneur de temps ? Choix simple.
- Va te faire foutre.
Il dégage son emprise le temps de chercher le livre accompagné d'un petit couteau suisse. Cette fois, je suis bel et bien dans le pétrin. Il pose le livre délicatement sur son bureau et m'indique de venir, me tendant délicatement le couteau. Je m'exécute, j'attrape la lame que je fais glisser ouvrant ma paume de ma main. Je me concentre pour ne laisser afficher aucunes expressions de douleur, je ne veux pas lui donner plus de satisfaction. Le regard fasciné de Jedusor rythme la scène. Il ajoute :
- Évite de mettre du sang partout.
- Pourquoi, est ce que je m'en priverai.
Je prends intentionnellement le temps de faire couler mon sang un peu partout avant d'atteindre ce dont ses yeux brule d'envie : le livre. Quelques gouttes tombent sur la couverture, ce qui libère un champ lumineux entourant le livre. Après s'être évaporé, j'ouvre lentement le livre, priant pour me réveiller de ce cauchemar. Le retourneur de temps se trouve à l'intérieur, il n'a pas bougé ni changé. Il me chuchote, prêt à l'attraper :
- La magie du sang, un pur génie. Je te l'accorde.
Je ne peux pas... Je ne peux pas le laisser le prendre. J'inspire. Je n'ai pas d'autre option. "Je suis désolé" je songe aussi fort que je le peux. Alors que mon cœur se serre, que ma poitrine se retourne et que mes larmes inonde mes yeux, je prends furtivement le retourneur de temps. D'un mouvement rapide, je le lance dans la cheminée, exécutant mon sort dans un sanglot :
- Incendia
Devant moi, le feu consume tout t'espoir pour moi de rentré chez moi. Le feu de la cheminé se réanime de plus belle. Jedusor, reste immobile, je sens la colère derrière moi et je suis incapable de me retourner, ni même de l'écouter. Avant toute réaction, je m'effondre par terre, mes jambes n'ont plus la force de me porter. Les larmes coulent le long de mes joues, ma main me fait atrocement mal et j'arrive à entendre indistinctement le grondement de sa rage. D'un coup de bras, il renverse tous les objets de son bureau. Je n'ai qu'un souhait, disparaître. Soudain, Orion entre dans la salle, il reste un instant sidéré par la scène. Puis, il se reprend :
- Jedusor, viens, il y a une bataille dans la salle commune.
- Ce n'est pas le moment Orion.
- C'est important ! On a besoin de toi pour calmer les choses. Sinon Slughorn va débarquer.
Il reprend instantanément son calme et hoche la tête. Orion repart en fermant la porte. Jedusor passe à côté de moi et sans un regard, mais sur un ton rempli d'animosité, il lance :
- Compte sur moi pour détruire ta vie en commençant par Marilou. Puis quand je reviens, tu as intérêt à être partie.
Qu'est-ce que j'avais fait ? Dès qu'il quitte la pièce, j'éclate en sanglot. Je me positionne devant la cheminé pour vérifier mon travaille. Je ne peux pas rester ici, je dois retrouver les filles, je dois leur dire. Alors tête baisser, camouflant mes larmes, je quitte la pièce. Je ne prête pas plus attention à la bataille. Je me dépêche d'atteindre ma salle commune où les filles m'attendent toutes les deux assises sur le lit. À l'affut du son de la porte, elles se lèvent et voyant mon état, elles me prennent dans leur bras. Je sanglote :
- Je suis désolé Marilou...
Elle me serre fort et me rassure :
- Ça faisait partie des risques, ça faisait partie du plan B...
J'essuie mes larmes et Sara m'interroge :
- Alors ça a fonctionné au moins ? Il y a cru ?
J'acquiesce, sortant le retourneur de temps décoré de sang de ma poche. Elle saute toutes les deux de joie. Marilou s'exclame :
- Merci les cours de Métamorphose de Dumbledore et merci à la meilleure élève de la classe ! Il ne s'en doutera jamais, tu es la seule élève qui est travaillé sur l'élément du feu.
Je suis dans un tourbillon de tellement d'émotion différente. Je ne sais pas si je dois être heureuse ou triste. Les filles me demandent plus de détail et je m'exécute. Du chantage, au moment où j'ai métamorphosé le retourneur de temps en flamme, puis la diversion d'Orion grâce à Louise et Vahé qui se sont mis à se battre. Il n'a pas eu le temps de vérifier et heureusement, sinon en éteignant le feu, il l'aurait trouvé. Puis j'ajoute :
- Je ne sais pas s'il va s'en rendre compte, mais d'ici là, je serais en sécurité à Pré-Au-Lard.
Je dois bien avouer que je suis soulagé que notre plan B est fonctionné, même si je continue de désapprouver le sacrifice de Marilou, puis je suis triste de devoir quitter Poudlard. L'angoisse et l'adrénaline retombée et le sommeil nous rattrape. Je range le retourneur de temps dans une enveloppe. Demain je pars voir Abelforth, je serai loin de tout ça.

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Anytime...
Fiksi PenggemarEleanor est inconsciente et enrobée dans la neige la nuit du 24 janvier 1944. Elle n'a plus aucun souvenir, juste un retourneur de temps et l'uniforme de Poudlard. D'où vient-elle ? Et comment est-elle arrivée ici ? Dans le but de raviver ses souve...