IV

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Halley's Comet - Billie Eilish

L

Il était peut-être un peu effrayé. Tout de même.

Même si il était évident qu'il mourrait d'envie de l'apprendre enfin. Louis était animé par une peur presque cruelle.

Il avait peur de ne pas être assez, de ne jamais être assez. Qu'on se lasse rapidement de son être qui se sauvait entre les pages de ses bouquins.

Le sentiment de ne pas mériter cette attention qu'il aurait pu qualifier de soudaine, lui brûlait la gorge, lui laissant des traces douloureuses. Un goût âcre sur la langue.

Son cerveau ne s'arrêtait jamais, le berçant dans des illusions absurdes qui le rendaient fou.

Harry était si pur et aimant que Louis s'effrayait de gâcher une partie de son aura, de l'assombrir.

Il ne se sentit pas partir cette nuit là. Épuisé par ses scénarios idiots, il put rejoindre enfin son amant inconnu qu'il attendait chaque jour un peu plus.

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C'est une main qui caressait tendrement son visage qui le réveilla lentement.

Ses yeux papillonnaient alors que des lèvres se posaient sur son front.

En ouvrant totalement les yeux, et après s'être habitué à la luminosité de la pièce, Louis distingua les traits de Oli, le meilleur ami qu'il avait depuis sa plus petite enfance, et qui l'avait accompagné tout le long de sa vie. Il était maintenant aussi son colocataire.

Les deux jeunes hommes se portaient un amour fraternel. Un lien puissant les reliait depuis toujours et les réveils de ce genre réconfortaient Louis des épisodes blessants, comme celui de la veille, qui étaient plutôt fréquents.

Un sourire s'éternisait alors sur le visage de Louis alors qu'il attirait le corps d'Oli contre le sien, s'accrochant à celui-ci.

Oli comprenait. Il savait.

Autant pour ce qui le tourmentait avec Harry qu'avec son inconnu.

Alors il le serrait contre lui un peu plus fort.

Louis aurait presque pu pleurer tant la pression retombait dans son corps. Il savait pourtant que celle-ci ne le quittait jamais vraiment, qu'elle revenait l'étrangler trop souvent quand il s'y attendait le moins.

Aucun des deux n'osait élever la voix. Leurs corps parlaient certainement déjà pour eux. Trouvant une bouée de sauvetage dans les bras de l'autre.

Peut-être que Louis avait fini par pleurer silencieusement et que Oli avait prétendu ne pas s'en rendre compte.

Peut-être que Louis lui en était reconnaissant.

Peut-être que Oli s'en voulait de ne pas réussir à faire comprendre à celui qu'il considérait comme son frère qu'il était tout ce qui comptait.

Peut-être.

Mais peut-être aussi qu'il suffisait de profiter de tous ces instants pour oublier la douleur aussi longtemps que possible.

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Louis partageait une cigarette avec Zayn. Il admirait leur capacité à se comprendre sans utiliser de mots. En un échange de regards, ils savaient.

Son meilleur ami l'apaisait de sa si grande simplicité. Au point même où il n'avait besoin de rien pour faire de chaque instant une étincelle unique.

La cigarette passait entre leurs doigts, finissait entre leurs lèvres.

Ils ne se regardaient pas et n'en ressentaient pas le besoin. Ils avaient certainement déjà la sensation de sentir chacun de leurs tourments. Comme s'ils se connaissaient par cœur, d'un amour sans pareil.

Sans parler de l'amour avec un grand a. Un amour fusionnel peut-être, les liant sincèrement dans une étreinte invisible plus réconfortante encore que de belles paroles.

Aux côtés de Zayn, Louis se sentait invincible.

Ils parlaient sans les mots. Sans user leurs voix.

À cette pensée, Louis laissa un sourire léger orner son visage.

Et pour une fois, Zayn lui demanda avec des mots, la raison, si il y en avait une, de ce sourire qu'arborait doucement celui qu'il considérait comme son âme-soeur amical.

Un sourire aux lèvres, il avança :

- Qu'est-ce qui te fait sourire comme ça ? Mon charme exceptionnel ?

Zayn faisait danser ses sourcils dans le seul but d'entendre le rire de Louis apaiser ses maux.

Et c'est ce qui arriva.

Louis laissa échapper un doux rire, un de ceux qu'on ne contrôle pas, un éclat de rire peut-être. Mais un rire véritable.

- T'es bête Zee ! Je tiens juste tellement à toi.

En entendant ces mots, le sourire de Zayn s'agrandit encore si c'était possible. Illuminant presque chacun de ses traits.

Doucement, il le serra dans ses bras comme si c'était la dernière fois.

Et Louis se sentait finalement réellement assez. Assez pour Harry. Et assez contre le monde aussi. Une force invisible, mais qui le rendait invincible l'entourait réellement.

Zayn.

dreams - l.sOù les histoires vivent. Découvrez maintenant