Un Océan au Fond des Yeux - Amours, Amours !

Chapitre 24

— Ah ! Voilà notre retardataire préférée ! s'écria Mickaël alors que son regard balayait le corps d'Élia qui venait de franchir la porte du salon. Et Tristan ! Accompagné de... Ta sœur ! Super ! Plus on est de fous, plus on rit !

— Laissez-moi vous présenter ma sœur : Élisa. Juline n'est pas avec vous ?

— Elle danse. Élisa, tu feras la connaissance de notre merveilleuse – et tyrannique – manager plus tard ! Un bout de pizza ?

— Volontiers ! Tu es Mickaël, c'est ça ? On n'a pas eu le temps de faire connaissance l'autre jour. Élia m'a parlé de toi.

— Le seul et l'unique ! D'ailleurs, si je n'existais pas, il faudrait m'inventer ! Le monde se porterait trop mal sans moi !

— Arrête tes conneries Mickaël et sers-moi une part, ordonna Élia en s'asseyant à côté de lui.

— Ce n'est pas des bêtises : du génie à l'état pur coule dans mes veines !

Cette réflexion fit naître l'hilarité générale alors que chacun prenait une part de pizza.

— Alors Élisa, reprit Mickaël en gobant presque sa troisième part, tu aimes la musique ?

— Tu sais, je ne connais personne qui déteste la musique. Quand on écoute un morceau, soit, c'est un coup de foudre immédiat – comme avec cette merveilleuse pizza à l'ananas – ou alors on la découvre peu à peu, tel un cadeau que l'on déballe pour en découvrir un contenu magique.

— Je l'adore cette petite ! s'écria l'homme en passant énergiquement sa main dans les cheveux bouclés de la blonde. Champagne ?

— Volontiers.

— C'est hors de question.

— Grand frère, s'il te plaît !

— Comment puis-je résister à tes petits yeux de chaton perdu, dis-le-moi ? Bien, Mickaël, ma sœur n'aura le droit qu'à une seule flûte.

— Évidemment, elle n'a le droit qu'à une seule flûte à la fois !

Naturellement, Mickaël plaisantait : il veillerait personnellement à ce que personne ne pervertisse la petite et adorable sœur de son ami. Mais la réaction de Tristan était digne d'un film comique : il avait failli s'étouffer avec sa pizza et fut obligé de vider d'une traite son verre d'eau. Soudain, son téléphone vibra dans sa proche le coupant dans son rire. Élia venait de lui envoyer un message. Le chanteur avait remarqué que la brunette avait discrètement quitté le salon, il espérait qu'elle ne se sentait pas mal.

"Rejoins-moi sur le balcon sud."

***

Élia ferma son trench-coat et s'accouda sur le rebord du balcon en pierre grise. Il donnait une magnifique vue sur les jardins, au milieu desquels la lune reflétait sur l'eau d'un petit lac, donnant au paysage une ambiance presque mystique. La brunette inspira profondément l'air humide de cette fin d'automne en songeant à la désagréable conversation qu'elle allait avoir avec son ami. La voix du chanteur surgissant dans son dos la fit sursauter.

— Tu voulais me voir ? amorça-t-il en venant s'accouder au rempart juste à ses côtés.

— Tu es fou Mickaël ! Tu n'as pas froid ? Tu aurais au moins pu mettre un manteau !

— Je suis un bonhomme, moi !

La vaine tentative du chanteur pour relaxer l'ambiance venait d'échouer aussi vite que la course entre une crêpe au chocolat et une soupe de légumes verts. Le silence perdura quelques minutes, durant lesquelles les deux amis admirèrent le paysage. Mickaël prit les devants, dans un élan de courage.