Chapitre 8

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— Tristan...

Élia ne devait rien laisser paraître : la jeune femme ne voulait pas être à l'origine d'un conflit de plus qui pèserait encore sur les épaules de ses amis.

— J'étais si inquiet. Je t'en prie, Élia, dis-moi que tu n'as rien... murmura-t-il en s'emparant des mains rougies de sa belle pour les poser sur ses joues blanches.

Tristan ferma les yeux à ce doux contact. Elle était glacée. Bien plus que la sensation d'une cuillerée de crème glacée qui descend dans votre gorge en plein été et de la quinte de toux qui en suivait.

Tristan... Tristan... pensa-t-elle, tel un disque rayé avant de sombrer.

***

Lorsque le petit corps frêle de sa douce Élia s'effondra contre lui, Tristan avait eu l'impression de mourir une nouvelle fois.

— Élia ! Réponds-moi ! Mon dieu, tu es brûlante...

Tout cela était uniquement de la faute de son père... Cet homme... La rage de Tristan s'était accrue d'un coup, comme si une main de fer emprisonnait son cœur. Mais avant tout, il devait la sortir d'ici : cette maison était bien trop nocive pour qui tentait d'y vivre heureux. Le jeune homme prit dans ses bras son petit soleil éteint et se hâta vers la sortie où l'attendait Juline. Lorsqu'il voyait la tête et les membres d'Élia pendre ainsi dans le vide, sans vie, il ne pouvait s'empêcher d'imaginer que... Non, elle respirait encore, faiblement. Mais il ne savait guère si cela était un bon signe.

***

Juline venait de passer l'immense grille du manoir lorsqu'une vision d'horreur s'imposa à ses yeux mordorés. Elle sortit en trombe de la Berline et courut rejoindre Tristan, le cœur battant.

— Que s'est-il passé ?!

— Je t'explique dans la voiture. Sais-tu où elle vit ?

— Dave, chez Élia, et ne te préoccupe pas des limitations de vitesse, je te rachèterai un nouveau permis. Tristan, installe-la à l'arrière.

Une fois que la voiture se mit hâtivement en route, le jeune homme raconta toute l'histoire à son amie sans lâcher les mains de la brunette. A ce moment, elle lui semblait si loin. Si faible, qu'il aurait tout donné pour qu'elle aille mieux.

— Ton père est un imbécile !

— Je sais.

— Ju-Juline... C'est toi... murmura douloureusement la brunette, les yeux toujours fermés.

— Je suis là, la rassura-t-elle en passant sa main dans ses mèches brunes. J'ai déjà appelé le médecin. Il nous attend déjà devant ton immeuble. Ne t'inquiète de rien. Je m'occupe de tout...

— I-il ne faut pas... Je dois...

— Chuut... Ne t'agite pas.

— Mais ça va la tuer ! Ils vont tuer Élisa !

La manager leva des yeux écarquillés en direction de Tristan. Elle sentait que son ami était au bord du gouffre. De quoi leur père était-il réellement capable ? Et si....

— Ne t'inquiète pas, Juline. Il ne lui fera rien. Je pense que la fièvre fait délirer Élia.

— Mais...

— Je sais que les règles de notre famille sont strictes. Quand Élia ira mieux, je partirai avec ma sœur.

Tristan posa alors un regard sombre et mélancolique à travers la fenêtre. Il faisait nuit.

Un Océan au Fond des Yeux - Amours, Amours !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant