Chapitre 5

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Oh, c'était donc cela. Elle comprenait mieux à présent. Si Élisa désirait tant une rencontre entre elle et son grand frère, c'était parce qu'elle rêvait qu'ils s'entendent, et plus si affinité.

— Écoute, commença-t-elle en lui caressant les cheveux. Pour moi, tu es bien plus qu'une amie. Je te considère et t'aime comme si tu étais ma petite sœur. Si j'ai tu le fait que Mickaël avait des sentiments à mon égard, ce n'était pas pour te mentir. Je me sens moi-même totalement perdue vis-à-vis de cela et... Je ne voulais pas t'embêter. Alors, il est vrai que nous nous sommes embrassés, et qu'il m'a raccompagnée chez moi. Mais j'ignore ce que je ressens pour lui. Cela fait si longtemps que nous sommes amis. Nous avons décidé de prendre notre temps, afin que je clarifie la situation.

— Donc... Tu n'es pas en couple ?

— Non.

— Tant mieux ! De toute façon, ce n'est pas un garçon comme lui qui te rendra heureuse. Je suis certaine que tu t'entendrais mille fois mieux avec...

L'enfant empêcha les mots de sortir de sa bouche en plaquant ses mains blanches contre celle-ci.

— Tristan ? ajouta Élia pour terminer sa phrase.

Élisa rougit et cacha ses joues en se retournant à nouveau vers la fenêtre.

— Tu sais mon ange, je ne connais pas encore ton frère. Je ne peux donc pas savoir s'il me plaît ou non. Et même si tu voudrais que nous devenions des... Amis très proches, peut-être qu'il ne désire pas la même chose que toi.

Élia avait peut-être raison... Après tout, il n'avait pas arrêté Mickaël tout à l'heure dans le parc. Mais elle savait qu'elle lui plaisait, alors pourquoi ?

— Il me semble que je t'ai promis un goûter aujourd'hui, non ? Alors sèche tes larmes mon ange, et je vais de ce pas demander à ce qu'on nous prépare une table dans le jardin, profitons du soleil avant que l'hiver n'arrive, tu veux bien ?

Un timide sourire se dessina sur les lèvres roses de l'enfant.

— Et... Tu veux bien que Tristan se joigne à nous ? hasarda la blonde.

— Je vais demander à Madame Louisa de prévenir ton frère que nous changeons de lieu pour notre goûter. Je suis sûr que ça lui fera très plaisir de voir que tu te sens mieux.

Élia quitta la chambre de son amie et se mit en quête de retrouver la gouvernante générale du manoir. Elle arpentait les couloirs classieux de la demeure en se demandant comment Élisa en était arrivée à la conclusion que son frère et elle pourraient avoir une liaison. Le jeune âge sans doute, et la naïveté enfantine qui allait avec.

Soudain, une voix habituellement sévère filtra du salon de musique, sonnant douce, comme désaccordée.

— Oui, je vais de ce pas informer le cuisinier de préparer le repas préféré de Mademoiselle Élisa.

Curieuse, la brunette passa sa tête dans l'embrasure afin de constater de ses propres yeux que Madame Louisa pouvait, elle aussi, être une humaine avec des sentiments. Ses prunelles noisette heurtèrent une présence délicatement masculine. Il était grand et fin. Son col roulé clair en laine rendait sa peau aussi pâle qu'une plage de sable blanc. Il avait un visage tout à fait ravissant : une mâchoire virilement dessinée, et le reste, diaboliquement raffiné. Ses cheveux mi-longs aussi noir que l'ébène étaient relevés en un chignon, dévoilant sa nuque sensuelle et ses oreilles embeillies de piercings.

— Tristan... n'avait-elle pu s'empêcher de susurrer.

***

Le cœur de l'écrivain sursauta lorsqu'il entendit la douce voix d'Élia murmurer son prénom. A travers ses jolies lèvres, il sonnait si bien.

Un Océan au Fond des Yeux - Amours, Amours !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant