Chapitre 58

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Taehyung

    Alors que le sommeil, à peine profond, me gagne un bruit assourdissant me privant de mon audition pendant plusieurs secondes me réveillent en sursaut lorsqu'un missile aérien atterri dans la forêt. Des arbres succombent sous l'attaque brutale et un nuage de cendres étouffant me prive de la vue, en plus de la nuit noire.

« Merde ! Les mecs, vous allez bien ? »

    Je tente de me relever sans tomber mais je n'entends rien hormis un bourdonnement dans mes oreilles. Mes yeux me brûlent et ma gorge me gratte. Je tousse et j'essaie de me repérer en avançant, le bras tendu mais la pluie s'est malheureusement calmée et la chaleur produit immédiatement un feu qui n'arrange pas ma vision. Mais dans la panique, je trébuche sur un tronc tombé devant moi. J'aperçois un de mes hommes qui n'aura pas la chance d'être secouru à temps, écrasé par un chêne vieux de plusieurs années.
    Le bourdonnement dans ma tête me désoriente et je n'arrive pas à reprendre mon équilibre, comme si j'étais ivre et la chaleur devient très vite insoutenable. Je me sens tiré en arrière pour voir mes trois hommes encore en vie. Ils m'aident à me relever et nous quittons la forêt le plus rapidement possible en sachant que pour notre collègue, c'est fini.

***

    Le visage recouvert de crasse noire, la gorge sèche et les yeux rouges à cause de la poussière, nous marchons sous la fine pluie incapable de dominer les horreurs qui ont lieu.
    Nous avons faim, froid. Nous sommes fatigués et mes brûlures causées par le fouet me tirent des grimaces à chaque fois que le tissu de mon t-shirt frotte contre celles-ci.

« Nous devons trouver de l'eau potable pour retirer la cendre sur nos visages. Elle est toxique pour notre organisme. je m'exclame. Le seul problème, c'est que nous devons boire de l'eau en bouteille car l'eau possiblement potable des montagnes, des étangs, des lacs va être contaminée par les nuages de cendres retombés. »

    Les stages de survie nous aident à être plus vaillants mais tout semble brûler autour de nous. Au loin, nous voyons des nuages de feu se créer sur la Terre en plus des bruits effrayants des bombes lorsqu'elles retombent. Je crois même entendre le cri des civils à plusieurs kilomètres.

« Vous n'avez vraiment pas pris le chemin le plus facile pour réussir notre mission. on me fait remarquer.

— Il n'y a pas de raccourci pour les nobles combats. » je me contente de répondre.

    Nous marchons vers l'inconnu, ou devrais-je dire, encore plus dans les terres ennemies et je ne suis pas sûr que notre chemin sera plus calme.

***

    Deux nouveaux jours viennent de passer et nous n'avons pas cessé de marcher. Nous n'avons toujours pas pu manger ni boire. Notre sommeil n'a tenu qu'à un fil et pour cause, nous avons été victime d'une nouvelle attaque aérienne. Dans cette lutte à la survie, j'ai perdu un autre de mes hommes et je suis fatigué.
    La pluie bat son plein. Elle fouette violemment mon visage et mon haut me colle fortement au corps. La douleur de mes blessures et de mes nouvelles brûlures à cause du feu rencontré par les éclats des projectiles, je suis obligé de retirer mon haut.
    Nous traversons des villages qui ont été totalement rasés par la puissance des missiles et je m'en veux car je sais que mon clan n'est pas innocent.
    En fin de journée, je n'en peux vraiment plus. Ce n'est pas tant le manque d'eau et de nourriture qui me fait plier mais la douleur dans mon dos et les inconvénients de la cendre qui m'empêchent de respirer. Je me sens même m'écrouler au sol.
    Les genoux à terre, je tente de reprendre mon souffle et je tousse à en cracher du sang parce que je suis irrité. J'essore mon haut imbibé d'eau sur mon visage pour me rafraîchir mais mon corps n'a jamais été entraîné à survivre à toutes les catastrophes du monde d'un coup. La famine, la soif, la canicule du feu, les missiles, la douleur, le manque d'air...
    Mes deux hommes ne sont pas dans un meilleur état. Je dirais même qu'ils sont encore pire que moi.
    De nouveau une attaque aérienne a lieu non loin et cela me redonne des vertiges lors du tremblement du sol. Lorsque je me laisse retomber totalement à terre, je ferme mes yeux qui me brûlent et je ne bouge plus. La douleur me fige sur place. Mais la force de mon mental m'autorise à enfouir ma main dans ma poche pour en faire retirer le masque de Merryl. Il est sale à cause de la boue mais il est en entier et c'est le principal. Je le place devant contre mon torse et je repense à ma femme en priant de toute mon âme pour qu'elle soit au chaud dans sa chambre d'hôpital.
    Mes dernières forces, je les voue à cette prière puis je me sens partir. La fatigue mentale et physique l'emportent.

DIRTY HEART II - spare me -Où les histoires vivent. Découvrez maintenant