4. Une aube nouvelle

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CHAPITRE 4

- Comment ça, rentrer ?
- Badiene part et laisse moi régler ça.
- Non non non !

Je boite rapidement vers elle et lui prend le bras.

- S'il te plaît. S'il te plaît.
- Mais néné toi aussi (mais, ma chérie, toi aussi)...
- Mère do demm bayima ak ki nguir Yallah. Je te promets que je vais gérer ça.
- Hummm... Fadel !
- Ne t'inquiète pas. Va dormir. Viens Asta, fais moi confiance.

Mais je continuais à m'accrocher au bras de la vieille femme.

- Badiene, s'il te plaît, on vous remboursera tout l'argent, s'il te plaît.

Mes larmes coulaient sans même que je ne m'en rende compte. Le fait de devoir rester seule dans une chambre, avec un homme... c'était au-dessus de mes possibilités.
Fadel semblait en avoir plus que marre. Sans douceur, il enleva mes doigts agrippés à Badiene Sophie et poussa cette dernière vers la sortie.
Il faisait écran avec son corps pour que seule badiene sorte et que moi je reste derrière lui.
Dès que j'entends le cliquetis de la porte qui se referme sur badiene, je fais demi tour et cours vers la chambre. Je pourrais m'enfermer jusqu'au matin ... mais à peine je fais trois pas, qu'il me rattrape et me soulève dans ses bras. J'eus beau m'agiter, le frapper, le griffer.. Il resta stoïque et me déposa doucement sur le lit.

- Nguir Yallah, je ne peux pas.
- TAIS TOI ASTA !!!

Son éclat de voix me fait sursauter.

- Essuie tes larmes, je ne te demande rien. Il ne se passera rien ce soir ni les autres soirs d'ailleurs. Tant que tu ne voudras pas de moi, je ne te toucherais pas. Mais calme toi.
- ...

Ses paroles traversaient doucement mon esprit.

- Je ne te ferais rien. Mais tu dois comprendre que tu ne sortiras plus de ce mariage. On t'a donné le choix de refuser, tu ne l'as pas pris. Alors que ça te plaise ou non, tu resteras dans ce foyer.

Je hoche la tête en signe d'assentiment. Tout ce que je retenais de son discours c'est qu'il ne me touchera jamais.

- Ce soir je vais dormir dans la chambre d'à côté. Mais laisse ta porte ouverte au cas où tu aurais besoin de quelque chose. Ok ?

Je hoche encore la tête.

- Une dernière chose, je ne veux plus jamais voir ce genre de comportement. Désormais c'est toi et moi dans la même équipe. Quand ça ne va pas, parle moi et on trouvera une solution. C'est clair ?
- Oui.
- Repose toi et à demain.
- Merci !

Il part en laissant la porte de la chambre entrouverte.
J'étais totalement paniquée à l'idée de rester seule avec ce gars, je n'étais pas capable d'endurer un nouveau contact intime, juste 24h après mon viol. Mais la fermeté de sa voix m'avait bizarrement rassuré.
Je me glisse entre les draps et admire la pièce où je suis. Elle était aménagée avec goût, dans un style minimaliste avec un lit gigantesque au milieu. Je ne sais pas pourquoi mais je croyais Fadel quand il disait qu'il ne me toucherais pas contre mon gré.
Doucement, je glisse dans les bras de Morphée pour un sommeil réparateur.

Mohamed Fadel Ndiaye

J'étais allongé dans le noir mais je ne trouvais pas le sommeil. La réaction de cette fille était trop disproportionnée par rapport à la situation. Je comprends qu'elle ait peur de passer à la casserole, comme toutes les femmes, mais de là à réagir ainsi...
Je me demande si elle n'a pas été abusée sexuellement, en plus des maltraitances qu'elle subissait.
Je me rappelle la première fois que je l'ai vu. J'étais en compagnie de mon père et de Patrick (l'homme à tout faire de la famille) pour aller expliquer à Dramé les options qu'on lui donnait pour éviter la prison. Dramé nous accompagnait lorsqu'un vacarme assourdissant nous parvient. Une grosse femme battait une petite fille en l'abrevant d'horribles insultes. Le bâton qu'elle utilisait pouvait facilement blesser la fille.

INESPÉRÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant