12. Souvenirs

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Chez les Dramé,

Ndeye Coumba ne trouvait plus les sommeil. Les révélations de son ex belle soeur résonnaient en replay à ses oreilles.
Elle savait que ce jour viendrait, ce jour maudit où la vérité eclaterait en plein soleil. Ce jour où, toutes ses mauvaises actions du passé referont surface.

Coumba avait toujours vécu dans la tourmente que son ancien amant, Badou Ndiaye, ou un membre de sa famille qu'elle avait abandonné, ne la retrouve. 

Elle avait connu Badou dans ses tendres années. Il incarnait tout du bad boy de quartier que toutes les mamans craignent pour leurs filles. Ndeye Coumba en était éperdument amoureuse. Et Badou le lui rendait bien. Il aimait ce petit bout de femme au caractère bien trempé et à la langue acérée. Elle avait bravé les interdits de sa mère et de son frère ainé pour être avec lui. Ce qui le rendait fière comme un paon.
À force de traîner tout le temps ensemble, ils finirent par devenir intimes. Et comme dans la majorité des relations sexuelles entre deux jeunes insouciants, inconscients et plein de santé, une grossesse en fût issue.
Badou prit mal la nouvelle. Il était hors de question qu'il devienne père à seulement 19ans.

- Loumakey doundalé? Yow weurr nga? (Comment vais je faire pour nourrir un marmot ? Tu es folle ou quoi ?)

Il a fait alors rompu avec Ndeye Coumba.
Bien sûr, cette dernière avait fait des pieds et des mains pour retrouver l'amour de sa vie.
Elle avait accepté de se faire avorter.
Dans un entrepôt désaffecté de la zone industrielle, Badou et son ami, un étudiant en troisième année de médecine, avaient installé un matelas à même le sol. Coumba avait avalé les médicaments que l'ami avait apporté avec lui. Elle avait vu beaucoup d'eau, comme demandé par le médecin en herbe et s'était tordu de douleurs toute la nuit. Au petit matin, le foetus de sept semaines était là, sur sa serviette hygiénique détrempée de sang.
Ndeye Coumba perdit une part de son humanité ce jour là, alors que son regard fixait ce petit bout d'elle même, le fruit de son amour pour Badou, expulsé de force de ses entrailles.
Une relation toxique se développa entre les deux amoureux. Badou se sentait mal d'avoir forcé Ndeye Coumba à souffrir autant et à s'être débarrasser de cette grossesse et Ndeye Coumba, quant à elle, fit vivre le calvaire à Badou, le tenant pour unique responsable de cette tragédie. Elle en fit sa marionnette, le culpabilisant sans cesse.
Elle appris à le manipuler et à obtenir de lui tout ce qu'elle désirait. Ils devinrent un genre de Bonnie et Clyde.

Puis un jour, son chemin rencontra celui de Ibrahim Dieng, un interne en imagerie médicale.
Elle avait été reçue aux urgences de l'hôpital Le Dantec pour saignements gynécologiques inexpliqués.
Ibrahim comprit vite qu'un avortement clandestin, très mal fait, avait laissé des séquelles terribles sur l'appareil reproducteur de la jeune fille.
Elle était tellement frêle, elle était tellement perdue et tellement seule qu'il n'eût pas le coeur de la renvoyer dans la rue. Il appela sa soeur qui était étudiante à l'Université Cheikh Anta Diop et qui logeait à la cité universitaire Claudel.
Fatou Binetou Dieng hebergeat la petite protégée de son frère. Elle lui offrit des vêtements, la soignat, la veillat jusqu'à ce qu'elle fut complément rétablie.

Badara avait perdu la trace de Coumba. Il savait, après avoir fait le pied de grue des jours durant, qu'elle n'était pas rentrer chez ses parents. Depuis que ces derniers l'avaient flanqué à la porte, elle n'y avait plus remis les pieds.
Il ne se fatiguat pas à la rechercher. Au fond, c'était mieux ainsi, il pourrait reprendre sa petite vie de voyou sans être encombré d'une femme. Mais très vite, il se rend à l'évidence : le cerveau du duo, c'était Ndeye Coumba. C'est elle, avec ses grands yeux et sa peau laiteuse, qui savait hypnotiser les hommes et attendrir les femmes. Elle accaparait leur attention pendant que lui les dépouillait de leurs biens.
Seulement, Ndeye Coumba ne reviendra pas chez ses parents. Elle était devenue la raison de vivre de Dr. Ibrahim Dieng.
Elle avait réussi sans aucune difficulté à lui faire croire qu'elle était orpheline, enfant unique, certainement la bâtarde d'une histoire sordide d'un soir. Elle lui raconta une histoire tellement attendrissante, où bien sûr, elle était l'héroïne, car se battant dignement et effectuant de menus travaux pour survivre. Mais un de ses patrons l'avait violé et elle s'était enfouie. D'où la grossesse, l'avortement, l'infection et son admission aux urgences de Le Dantec, où Dieu avait placé pour elle un ange gardien.
Elle n'avait nul part où aller, personne à qui demander de l'aide.

INESPÉRÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant