16. Retour de bâton

514 44 13
                                    

Asta Ibrahim Dieng

Je me réveille dans la douce chaleur des bras de mon mari. Blottie contre lui, je rends grâce à Dieu et lui demande de protéger ce petit équilibre naissant avant de glisser à nouveau dans le sommeil.
Mais monsieur Fadel Ndiaye ne l'entendait pas de cette oreille. Il colle une érection phénoménale contre mes fesses.

- Hummm! 

Je me déporte aussitôt en protestant mais il se recolle à moi, le sexe tendu. J'opte pour simuler un sommeil. Si je ne réponds pas, il finira par se lasser. Du moins, c'est ce que  j'espérais. 

Mais j'eus beau faire semblant, il réussit à se hisser sur moi. 

- Bébé, réveille toi. 

Ses dents mordillent gentiment le lobe de mon oreille tandis que ses mains caressent mes seins nus sous la couverture.

- Huuuummmmm, Fadel, je suis fatiguée !! 

Après plusieurs minutes de négociation, lui pour me faire encore passer à la casserole et moi pour lui échapper, il abdique enfin. Moi, je me rendors aussitôt. 

Je suis réveillée une seconde fois par des chuchotements très bruyants. Lol! Fadel devait sûrement être au téléphone. Khamna pour mome nak, dafa discret nonou deh.

Me rappelant de mes nouvelles résolutions, je suis partagée entre m'habiller avant de sortir ou aller à lui toute nue. 
Je suis une femme assumée, je suis une femme désirable, et Fadel aime quand je me mette à l'aise en sa présence. Je sors donc de la chambre, uniquement enroulée dans le drap, un beau sourire aux lèvres, mais je suis stoppée aussitôt dans mon élan.

Sokhna Diarra, en pleurs, était blottie dans les bras de mon mari. Je tique parce qu'il ne portait qu'un pantalon de jogging et à voir comment il descendait sur ses hanches, je devine aisément qu'il était nu en dessous. 
Je m'immobilise pour reprendre mon souffle coupé. Comme il était un peu de dos, il ne m'a pas encore vu. J'observe tranquillement, priant de tout cœur que rien de fâcheux ne se produise. Je ne suis pas sûre de pouvoir pardonner si jamais il ...

- Sokhna, arrête s'il te plaît. Conduire à bien une grossesse, ok, mais il n'y aura jamais rien entre nous et tu le sais pertinemment. Sokhna, faté khadioufi (Je ne suis pas  amnésique, je me rappel de tout le mal que tu as fais).

Je le vois la repousser mais cette sangue continuait de vouloir se coller encore à lui. 

Je me force à ne rien dire même si au fond de moi, je souffrais de voir les mains de cette fille sur le corps à moitié nu de mon homme. Mais puisqu'il la repoussait rek, grawoul. 

Un moment, mes yeux croisent ceux de Sokhna et elle fait un truc complètement dégueulasse. 

Elle tire la nuque de Fadel et l'embrasse de force sur la bouche. 

Ça n'a duré que quelques secondes, le temps que Fadel se ressaisisse et qu'il la décolle de lui. Même pas une minute. 

Je savais qu'elle ne l'avait fait exprès, je savais que c'était seulement pour me faire du mal. Je savais que Fadel n'était pas consentant. Je savais tout ça et pourtant, elle avait réussi à m'énerver. 

- Fadel ?! 

Il se retourne brusquement, tenant Sokhna à bout de bras. 

- Bébé ... Tu es réveillée ? 

Sa voix contenait toute la culpabilité du monde. 

- Oui . 

Emmitouflée dans mon drap, au saut du lit, courbaturée et décoiffée, je me sentais minable devant Sokhna Diarra qui, même enceinte, restait resplendissante. 

INESPÉRÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant