17. Première confrontation

530 45 5
                                    

Mohamed Fadel Ndiaye

Boum boum boum !!

- Asta sort de là, on va arriver en retard deh

On avait notre première audition devant le juge.
C'était un grand jour et j'étais serein. Je ne pouvais pas en dire autant pour Asta. Elle était tellement stressée qu'elle a vomi son petit déjeuner.

Pourtant, je lui avais expliqué que nous avions toutes les chances de notre côté. En effet, le matériel génétique qui a été trouvé sur ses vêtements correspondait à celui prélevé lors de l'affaire de viol de l'ancienne assistante de Dramé.

Même si aucune comparaison n'a pu être faite avec l'ADN de ce dernier, vu qu'il fallait son assentiment, la coïncidence était trop énorme pour ne pas intriguer un honnête juge.

Malgré tout, Asta redoutait la confrontation. Elle était angoissée à s'en rendre malade. Malheureusement, il fallait qu'elle assiste à cette première audience.

- Bébé, ouvre-moi s'il te plaît. Allez, wa ouvre, je veux juste te parler. S'il te plaît ma biche.

Je l'entends bouger dans la salle de bain avant d'ouvrir la porte au ralenti. Dans le petit interstice, elle engage son beau minois tout triste.

- Fadel, je ne me sens pas bien.
- Rhooooo, bébé toi aussi... Wa kay !

Elle se jette contre moi en pleurant toujours.

- Bébé, tu sais, je vais finir par croire que tu n'as pas confiance en moi.
- Snif, pourquoi ?
- Mais parce que tu as peur. Or je serais là avec toi. Tu penses que je suis incapable de te protéger ? Tu penses que cette vielle enflure de Dramé a le pouvoir de te toucher en ma présence ?
- Hum hum, ce n'est pas ça deh
- Si. Et ça me peine.

Je me détache d'elle pour me détourner, l'air triste mais elle s'agrippe à ma chemise.

- Bébé boul wakh lolou, je te jure que ...
- Tu as peur de lui alors que je suis là. Yow Asta mane nga yabb en fait.

Je surjouais un peu pour la détourner de sa peur mais au fond de moi, la terreur que lui inspirait ce gars me fait réellement mal. Les horreurs qu'il lui a infligées restent écrites dans sa chair. Et malgré tous mes efforts, jamais je ne pourrai effacer ça.

- Wa attend, j'ai fini, on y va.

Elle se débarbouille puis prend une grande inspiration avant de revenir vers moi. Nous trouvons Badienne qui attendait sagement devant l'entrée de la maison.

Je la salue brièvement et nous nous mettons en route pour le palais de justice.

Il a fallu attendre longtemps, que plusieurs autres affaires soient vidées avant que la nôtre ne soit évoquée.

La salle s'était désemplie aux deux tiers mais il restait quand même du monde.

Le greffier annonce :

- Affaire Dieng contre Dramé, numéro 1205202204.

Asta se lève timidement, accompagnée de Me Cledor.

Il avait pris le temps de la briefer et de bien la préparer. Pourtant, elle semblait déboussolée. Je lui serre brièvement la main puis elle avance devant le juge.

Dramé, se lève du banc des détenus et vient retrouver son avocat.

À part dire leurs noms respectifs, ni Asta ni Dramé n'eurent à beaucoup parler, car avant même le début des choses sérieuses, l'avocat de la défense a demandé un report. Pour Me Coulibaly, un ténor du barreau, habitué des sorties médiatiques fracassantes, l'absence de son confrère Me Barro pour raison sanitaire était suffisant pour ajourner la séance. Pour Me Clédor, c'est juste une stratégie de la défense pour échapper au glaive de la justice. Le ton est vite monté entre les deux parties avant que le président ne mette fin au grabuge.

INESPÉRÉOù les histoires vivent. Découvrez maintenant