Pouvoirs - Newtmas

1. Le Plan

Les deux enfants se fixaient au milieu de la grande salle blanche. Derrière la vitre qui les séparait, les hommes à blouses examinaient la scène, les lèvres entrouvertes le souffle coupé. Un d'eux en particulier dévisageait ses sujets d'une impatience incontrôlable. Il observait attentivement le petit garçon s'efforcer de ne pas cligner des yeux. Il grinçait des dents sous la douleur jusqu'à finalement lâcher prise, les cils mouillés. La fille en face de lui soupira, découragée par cet énième abandon. Les scientifiques rejoignirent les enfants de ce pas franc, sévère, qui n'annonçait rien de bon. Le plus observateur d'entre eux s'agenouilla devant Thomas de son air faussement rassurant. Teresa défendit aussitôt son ami : « C'est de ma faute. Je n'étais pas suffisamment concentrée. » L'homme rat se força à offrir un sourire mielleux.

« Ne l'innocente pas, Teresa. Tu ne lui rends pas service. »

Sa voix sifflante trahissait son ton doucereux et sa sourde colère. Il dévisageait Thomas, tournant parfois la tête, parfois les yeux, demandant de son imposante autorité : « Qu'as-tu fait, Thomas ? As-tu appliqué les conseils qui t'ont été donné ?

- J'ai fait de mon mieux, Janson... je le promets... Mais... je n'entends rien... Même pas un murmure... Rien ne se passe... »

Janson cacha difficilement la rage fulgurante qui grimpait laidement dans ses entrailles. Il détacha entre ses dents grinçantes et crochues : « Teresa, qu'as-tu fait ?

- J'ai pensé très fort à son prénom. Je me le suis répété sans cesse et l'ai hurlé, comme le professeur Eckel me l'a recommandé.

- Parfait, ma petite. Parfait. »

Il fit volte-face vers un second homme. Son sourire erroné disparut férocement en éructant : « A-t-elle était mise en relation avec le sujet B1 ?

- De toute évidence... bredouilla l'homme, frissonnant. Les résultats sont un véritable succès : nous pouvons confirmer que les capacités du sujet A1 sont opérationnelles.

- Les échanges par télépathie ont-ils abouti sans aucun problème ?

- Sans aucun, monsieur. Le sujet B1 et le sujet A1 communiquent avec une facilité encourageante.

- Qu'en est-il du sujet A2 ? Les résultats des derniers tests sont-ils prometteurs ? »

L'homme vêtu de blanc blêmit. Il réajusta ses lunettes carrées d'une main tremblotante et s'éclaircit la gorge : « Eh bien... Le sujet A2 s'avère plus réticent qu'à quoi nous nous --

- Allez droit au but, Kazz.

- Le pouvoir du sujet A2 se montre... capricieux. Il ne reçoit aucun signal, les résultats des dernières expériences en témoignent. Son cerveau n'est soumis à aucune des tensions familières chez les autres sujet.

- Avez-vous tentez d'injecter le sérum ?

- Affirmatif, monsieur.

- Aucune réaction ?

- Aucune, monsieur.

- L'avez-vous stimulé avec les drogues recommandées ?

- Affirmatif, monsieur.

- Toujours rien ?

- Rien, monsieur. »

Le visage de l'homme rat s'empourpra. Son regard s'inclinait et balayait le sol à l'infini, cherchant comme une solution laissée là, dans la blancheur et le silence. Il farfouilla les limbes de son esprit, à la recherche d'idée, d'issue, de remède miracle. Mais elles avaient toutes été épuisées. Il bouillit d'une frustration croissante, démoniaque. Fulminant de colère, il froissa les documents qu'un troisième homme lui avait soigneusement tendu et les tassa dans sa poche. Docteur Kazz reprit, la voix chevrotante : « Malgré ces échecs, monsieur, nous nous sommes penchés sur une toute nouvelle idée, qui pourrait certainement faire évoluer les capacités du sujet A2. » Une lueur d'espoir luisit dans les pupilles sournoises de l'homme rat. Sa langue humecta ses lèvres gercées lorsqu'il releva avidement : « Une idée ? Laquelle ?