13. L'Évasion

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Le Griffeur avait quitté le Bloc dès le retour de l'aube. Les Blocards sortirent prudemment de leur cachette, ils découvrirent le champ de bataille qu'était devenu leur foyer. Les herbes avaient brûlées, certaines cabanes s'étaient effondrées, des cadavres tâchaient le sol de sang. Ils s'aventurèrent dans la prairie avec cet air terrifié, cet air qui témoignait le désespoir et confirmait que plus jamais leur monde ne retournerait à la normale. Newton regardait les corps inertes de ses anciens camarades, les yeux miroitant de larmes et les poings serrés. Il s'expliqua lorsque Thomas s'immobilisa à ses côtés : « Eugène... Il était celui qui m'a fait découvrir mon don et le seul à ne pas me redouter, durant les premières semaines. Même Alby avait du mal à me faire confiance. Et pourtant... il m'a aidé. Et il m'a soutenu. Je n'arrive pas à croire qu'il... qu'il soit... » Les doigts du brun enlacèrent les siens.

« Il est plus en sécurité là où il est. murmura-t-il. »

Au loin, le groupe de Gally les rejoignait d'un pas ferme. Gally tenait fermement le bras de Teresa et la traînait de force malgré ses plaintes. Il vociféra, les yeux injectés de sang et les joues encore mouillées par les pleurs : « C'est vous qui avez fait ça, pas vrai ? Le Griffeur... Le Bloc... Tout ça c'est de votre faute, hein ? » Il pointait une lance devant le torse de Thomas, le bras tremblant.

« C'est eux. répondit-il. Nous vous avions mis en garde. Le plan a été enclenché. Nous devons partir et maintenant.

- Il a raison. acquiesça Minho. On doit se tirer d'ici dans moins d'une heure. Après, ce sera trop tard pour nous. Ceux qui nous suivent, venez derrière nous. »

Certains garçons quittèrent Gally pour se poster à leurs côtés. Seuls deux Blocards lui restèrent loyaux. Newton insista : « Gally... C'est idiot. Vous ne pouvez pas vous sacrifier comme ça, sans même essayer de vous battre !

- De nous battre ? répéta-t-il, la voix coupée. Nous n'avons aucune chance, Newt ! Aucune ! C'est peine perdue !

- Laisse-nous essayer, Gally. Je t'en prie. Essayons de survivre. Essayons de nous battre. Vous devez venir avec nous. Du sang a suffisamment été versé sur cette terre... Nous devons les venger. Tous. Amis comme ennemis. Ils ont affronté la fin pour nous. Qu'ils aient été tué ou qu'ils se soient donnés la mort. Qu'ils soient partis hier ou il y a un an. Nous devons les venger. Nous devons leur rendre hommage. Nous devons mettre un terme à cette anarchie. S'il te plaît, Gally... Pense à eux. Pense aux premiers comme aux derniers. Nous devons nous battre. »

Des perles s'écrasaient dans les joues creuses du garçon, qui baissait lentement son arme. Puis, sanglotant, il hocha faiblement la tête avant de concéder : « Oui... Oui... Pour eux... » Il essuya quelques larmes du revers de sa main, reniflant : « Nous devons essayer. » Thomas reprit, le remerciant en un regard : « Très bien. Minho, distribue les armes et les montres. Chuck, surveille le labyrinthe. Clint, concentre-toi sur ton don. Et Winston, passe devant avec Gally, Newton et moi. Nous nous chargerons de la sécurité. » Les garçons obéirent et, un moment plus tard, la vingtaine d'adolescents pénétra le labyrinthe. L'air était froid et humide, la lumière était masquée par la hauteur des murs et leurs lierres. Minho guidait le groupe et Thomas lui conseillait les sections pouvant cacher la sortie. Derrière eux, Gally faisait souffler une brise prête à devenir un ouragan, Winston s'entraînait à créer ses boucliers et Clint rangeait les provisions qu'il faisait apparaître dans le sac à dos de Chuck. L'enfant marchait près de Newton et de Frypan, l'oreille tendue, et s'arrêtait à chaque froissement de feuille. Devant son inquiétude, l'ancien co-leader glissa sa main dans la sienne et lui offrit un petit sourire. Les heures passèrent dans un calme effrayant. Le labyrinthe semblait avoir oublié sa férocité. Ou bien masquait-il des horreurs bien pires encore... Ils regagnaient la section sept lorsque Thomas s'arrêta net et chuchota : « C'est ici... Je le sens. Cet endroit regorge de souvenirs... Je me vois encore le surveiller depuis les caméras.

Pouvoirs - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant