6. Les Fragments

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Les garçons se fixaient une fois de plus, les yeux brûlants, les poings et les dents serrées. Ils s'observaient sans trop se voir, entièrement silencieux, se redoutaient sans se l'avouer. De l'autre côté de la vitre, Janson jubilait déjà de ses prochains mots. Il jouait avec les muscles de ses joues, s'empêchait de sourire et guettait les enfants de son regard d'épervier. Il saisit son microphone et déclara avec une jouissance difficilement masquée : « Vous devez vous entretuer. » Ses ordres laissèrent les garçons bouche bée. Ils se dévisagèrent de leurs regards perdus et débordants de peur, comme pour s'assurer que Jason n'avait pas écorché ses paroles. Thomas balbutia :« Non... je ne ferai pas ça...

- Moi non plus. rejoignit Newt.

- Voulez-vous donc recevoir une sanction ? cracha l'homme de son venin.

- Non, monsieur. répondirent-ils en chœur.

- Qu'attendez-vous, dans ce cas ? s'impatienta-t-il.

- Ne pouvons-nous pas choisir un autre exercice ? contourna Thomas. Sommes-nous réellement obligés d'exécuter celui-ci ?

- Vous l'êtes, Edison. À présent, monsieur Newton, veuillez activer votre don. Ne perdons pas davantage de temps. »

Les yeux du blond s'embuaient alors qu'il secouait la tête, le cœur douloureux.

« Je... Je ne peux pas,Tommy... Je ne peux pas. murmura-t-il.

- Si nous refusons, nous irons dans la cage aux Griffeurs. rappela-t-il.

- Je préfère mourir que de te tuer !

- Tu ne me tueras pas ! Ton don ne peut pas me toucher.

- Alors pourquoi cet ordre ?

- Je... Je l'ignore... Mais... ne posons pas de questions. Contentons-nous d'obéir.

- Je suis tellement, tellement, tellement désolé pour ce que je m'apprête à faire, Tommy...

- Tu as mon pardon le plus sincère. Tu fais ce qui est juste. Maintenant... dépêche-toi, s'il te plaît. »

Newton acquiesça à contre cœur et ses doigts prirent feu. De son côté, Janson collait la vitre, les yeux avivés par une hâte malsaine. Il observait Newton pleurer, supplier, implorer et éteindre ses flammes. L'homme rat hurla de rage et vociféra : « Eh bien ?! Pourquoi cela ne marche-t-il pas ?! » À ses côtés, les scientifiques inclinèrent la tête, de peur de recevoir ses foudres. L'un d'entre eux osa : « Ce n'est pas le bon test... La haine, la douleur et la terreur ne feront jamais ressortir le don du sujet A5. Il ne pourra jamais éveiller celui du sujet A2.

- Alors quoi ?! s'emporta-t-il. Que faut-il faire ?!

- Nous... Nous devons attendre qu'ils grandissent. déglutit-il.

- Ah oui ?! Et pourquoi faire, hein ?!

- Pour que les sujets puissent... partager leurs sentiments.

- Leurs sentiments ? Quels sentiments ? reprit-il plus calmement.

- Leur amour. Rien ne sera aussi puissant que leur amour. Rien d'autre ne fonctionnera. »

Janson cracha au sol, les tempes tremblantes. Son regard s'était planté sur les deux enfants, enlacés l'un l'autre alors qu'ils se susurraient des paroles douces. Et puis, une voix raisonna, encore et encore, comme une phrase que l'on aurait oublié, comme un conseil que l'on nous aurait donné : « WICKED est bon. » Le Bleu se réveilla en sursaut, couvert de sueur. Une main se plaqua contre son ventre pour le maintenir allongé.

« Tu vas bien, le Bleu ? demanda la voix tendre de Newt. »

Le nouveau le dévisagea, un peu assommé par son étrange rêve, et répondit dans un murmure : « À peu près... Où suis-je ?

Pouvoirs - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant