Wicked - 5 h 44 -
La lueur bleutée projetée par l'écran éblouissait la rétine de l'adolescent de dix-sept ans, posant sa tasse de café sur son bureau où s'étalaient par dizaines des feuilles gribouillées et des rapports de conditions. Il détaillait le quotidien pénible affiché par les écrans d'un œil désintéressé, l'esprit ailleurs. Il ne le connaissait que trop par cœur. Ses yeux s'attardèrent comme toujours sur le garçon s'enfonçant sans relâche dans les longs couloirs de pierres, la peau blanchie de sueur, les vêtements et les cheveux humides. Minho avait tant grandi. Le temps n'avait pas effacé la force de son courage. Il observa enfin ce qu'il s'était défendu d'observer depuis qu'il s'était assis à son bureau. Le chagrin immense encastré dans sa poitrine remonta un goût de bile dans sa gorge, ses doigts saisirent hâtivement son stylo. Il murmura en notant sur une feuille anormalement lisse : « Sujet A5, 5 h 45. » Son regard s'inclina timidement vers l'écran. Il croisa le sien, la si belle poésie qui l'ensorcelait plus que quoi que ce soit d'autre dans ce monde gâché. Son cœur battait de panique. Il ne s'y ferait pas, à ces beaux yeux sombres. Sa beauté le fit fantasmer jusqu'à ce que ses pieds quittent le sol. Il s'imagina effleurer ses lèvres, caresser ses cheveux, sentir son souffle sur sa nuque, leurs corps, sa chaleur et ses muscles. Il s'imaginait si bien, là, déchu dans son fauteuil, il s'imaginait ensemble, ensemble et rien qu'ensemble, éternellement amoureux. Mais les yeux qui le défiaient à travers le robot débordaient de rancoeur et crevaient la bulle de ses rêveries solitaires. Thomas fut terrifié, l'ange ne portait plus sur lui ce regard attendri par l'amour. Il sommeillait maintenant au plus noir de son être, gardé inconscient par les supplices de son passé. Les yeux du brun s'embuaient de mélancolie alors que Newt secouait sa main devant la créature qui l'observait sans bouger.
« Eh oh, les plonks ? On arrête de jouer et on nous libère, maintenant ? Ce serait sympa de votre part, les tocards. »
Le cœur de Thomas se serra. Entendre la voix mélodieusement suave du blond lui retournait l'esprit et le cœur. Il scruta le garçon sans rien dire, perturbé par sa présence, par son charisme. Il ne s'y ferait jamais, à son rôle. Lorsqu'il imagina le bel adolescent le surplomber de toute sa magnificence et lui gémir son amour, son professionnalisme reprit le dessus sur ses songes. Il ne devait pas faire l'erreur de se laisser engloutir par le passé, elle lui serait fatale. Il inscrivit quelques lignes sur son un papier, examina le comportement du sujet, reporta ses moindres faits, ses moindres gestes et recommença ce cycle. Son manque de réaction lassa le garçon, qui finit par s'en aller et l'oublier une énième fois. Thomas fut pris d'une déception si profonde qu'il se laissa pleurer.
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Le Bloc - 12 h 36
« Tu te fais des idées. »
Newt leva un regard agacé vers Frypan. Son ton se fit plus tranchant : « Je te dis qu'ils m'observent sans arrêt.
- Ils sont là pour ça, les scarlames. C'est leur job. raisonna-t-il.
- Je sais, je sais, mais... ils sont... différents, avec moi.
- Différents... Différents comment ?
- Ils me suivent partout, même jusqu'au labyrinthe. Et puis... ils ne fuient pas, avec moi. Ils restent plantés là, à me regarder jusqu'à ce que je m'en aille.
- Nous sommes des bêtes de foire, pour ces gens.
- Ce... Ce n'est pas l'un de ces gens... rectifia-t-il.
- Quoi ? De qui parles-tu ?
- L'homme qui m'espionne. Il n'est pas... pas comme eux. Je le sens.
- Il n'y a que ces gens qui nous observent, Newt. Personne d'autre.
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Pouvoirs - Newtmas
FanfictionDès ses cinq ans, Thomas est capturé par WICKED pour son immunité et son don inexploité de télékinésie. Condamné à grandir entre ces murs, il se voit coupé du monde et encerclés par des scientifiques et d'autres prisonniers de son âge. Cette compagn...