9. La renaissance

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Ils se tenaient en hurlant. La voix de Thomas répétant les mêmes mots éclatait dans les couloirs, et les Créateurs le taisaient en frappant le manche de leurs armes sur ses cervicales. Le garçon résistait, criant de douleur quand Newton fut jeté dans la Boite froide et rouge, perdant conscience contre les grilles plates et dures. L'Effacement était déjà en cours, il était impuissant. Il l'oublierait. Thomas le rejoignit, déclenchant aussitôt les alarmes fortes et criardes, embrassant ses lèvres qui se vidaient lentement de leur chaleur, tragiquement salées par ses propres larmes s'échouant sur ses joues blanches.

« Ne m'oublie pas, ne m'oublie pas, ne me fais pas, je t'en supplie... Newt, merde...! Je t'aime ! Reste avec moi ! »

Il y eut une détonation de mécanismes, et un cortège d'employés empoigna Thomas pour l'arracher au corps qu'il serrait fermement contre son cœur. On le traîna dans les couloirs, les murs simples et laids défilaient sous ses yeux que les coups avaient injectés de sang. Il fut jeté dans une cage de verre, limpide et carrée, faisant trois fois à peine sa largeur. Il s'écrasa sur le carrelage, hurlant à nouveau de rage alors que son arcade sourcilière se mettait elle aussi à saigner. Il se releva d'un bond, brisant la vitre de ses poings, poussant des mugissements sauvages qui retentissaient les uns après les autres dans la pièce immaculée.
Il n'y avait rien, ni personne. Ni alarme, ni sécurité, ni piège. On l'avait enfermé en espérant l'adoucir, comme un fou dans une camisole, la prison de glace n'était qu'un artifice. Alors Thomas hurla. Il hurla si fort, si désespérément, qu'il se réveilla en sursaut, en pleurs et en sueur dans son matelas, scrutant le dortoir calme et désert qui l'accueillait dans sa prise de conscience. Mais il y avait un cri, encore, toujours un cri. Celui-là n'était pas le sien.
Le jeune homme courut, sortant de la grande cabane pour traverser la largeur du Bloc, voyant au loin une vingtaine de Blocards, agités aux portes de l'infirmerie. Il se faufila parmi eux, gagnant l'accès à l'entrée malgré les protestations des spectateurs : « Eh ! Newt nous a ordonné de rester dehors, le Bleu ! » Les Medjacks se tournèrent en l'entendant, et Newt, qui tentait de faire taire la fille, ouvrit un regard incrédule.

« Tommy ? Que fais...? »

Thomas le prit contre sa poitrine, passant ses grandes mains dans ses cheveux, soutenant son crâne en échappant un soupir long, grave et bruyant.

« C, Clint, Jeff ? bredouilla Newt, en rougissant timidement. Pouvez-vous nous laisser un moment ?

- À vos ordres, chef. »

Newt l'enlaça quelques secondes, remontant son visage avec deux doigts en reprenant : « Que se passe-t-il, Tommy ? Tu allais bien il y a deux heures.

- D... Deux heures...? haleta Thomas, avalant un second soupir en embrassant le garçon. »

Newt gémit de surprise, cueillant maladroitement ses joues en l'embrassant doucement.

« T... Tom ? appela soudain la fille, tremblante de peur à deux mètres sur le petit lit.

- Teresa...? est-ce toi ? répondit Thomas, se séparant légèrement de Newt, mais attrapant tout de même sa main. Tu as... tellement grandi...

- Est-ce si surprenant, après six ans ? plaisanta-t-elle, la voix chargées de larmes joyeuses.

- Je... Je te croyais...

- Près d'eux, je le sais... moi aussi. partagea la fille. Pourquoi ne l'es-tu pas ?

- J'ai... commis la plus grave des erreurs... C'est ainsi que l'on me punit.

- Ce n'est pas seulement ça, Tom, je le crois... ils nous ont menti... ils nous ont menti sur toute la ligne. Nous sommes des pions, nous sommes comme les autres sujets.

Pouvoirs - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant