9. La renaissance

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Les garçons s'embrassaient et s'agrippaient en criant. Thomas répétait, la voix déchirée par l'angoisse : « Tout va bien se passer... Je vais te sauver, je te le promets. » Les scientifiques lui arrachèrent Newton et l'entraînèrent dans la blancheur infinie des couloirs. Thomas bondit hors du dortoir malgré les menaces et les coups que l'on pointait sur lui,  les poursuivant à bout de souffle et débordant de panique. Il était trop tard, Newton avait été posé au creux de la Boîte, à peine conscient. Son regard vitreux, presque sans vie l'observait derrière un voile d'incompréhension. L'Effacement commençait. Les lèvres salées du brun s'écrasèrent sur les siennes, ses mains saisirent son haut quand il jura : « Je te rejoindrai, Newt ! Je te le promets ! Quoi qu'ils t'aient fait, ne m'oublie pas ! Ne m'oublie pas, je t'en supplie ! Je t'en supplie ! » Face à lui le blond restait de marbre, enfermé dans une bulle de sons discordants, de frayeurs muettes et de souvenirs de plus en plus vagues et distants. Thomas murmura, la gorge serrée par les larmes : « Newton... Newt, je t'en prie... Je t'aime... Je t'aime tellement... » Un détonation mécanique éclata, une foule d'employés WICKED se précipita sur le corps de Thomas encore échoué au sol, des bras l'empoignèrent crûment pour l'arracher une seconde fois à son amour. Thomas se débattait vainement et hurler jusqu'à faire résonner sa voix dans le bâtiment entier : « Newton ! Ne m'oublie pas ! Je t'aime tellement ! Tu as éclairci ma vie ! Je ferai tout pour t'aider ! Je te le jure ! Je t'aime à en crever, Newt ! Newton ! » Transporté de force, il fut jeté dans une cage en verre et s'écrasa sur du carrelage. Du sang s'écoula le long de sa temps, ses poings brisèrent la vitre dans un élan de rage grâce à un déferlement de coups. Personne ne vint, personne ne prêta attention à lui. Il n'intéressait pas, il était pour le moment inutile. Abandonné, prosterné contre la surface du sol, il hurla de souffrance, d'un hurlement qui lancine, qui bouleverse, qui glace le sang dans les veines et ralentit le cœur. Il perçut un second se fondre dans sa voix. Il retentit dans son esprit, détruisit ses songes, le poussa à se recroqueviller de douleur. Tout s'assombrit soudainement dans l'ombre d'un décor inanimé, le hurlement survécut malgré l'assaut des ténèbres. Ses oreilles bourdonnèrent, ses viscères se tordirent de frayeur et ses paupières s'ouvrirent enfin. Adossé contre un mur, couvert de sueur et les joues mouillées par les pleurs, Thomas s'extirpa de son rêve. Ses yeux balayèrent la cabane, complètement déserte. Malgré son retour au réel, le cri persistait. Il semblait l'appelé au loin. Il venait du Bloc. Le jeune homme courut hors du dortoir et le suivit aveuglement. Il le conduisit jusqu'à l'infirmerie, là où des dizaines de Blocards patientaient bruyamment. Thomas se faufila parmi eux et gagna l'entrée.

« Eh ! T'as pas le droit, le Bleu ! Newt nous a ordonné de rester dehors ! Eh ! Tu m'écoutes ? »

Thomas ignora le garçon de plus belle et entra. Devant lui, un garçon blond et des Medjacks renfermaient quelque chose et discutaient entre eux. Alerté par ses pas précipités, le co-leader se tourna et s'étonna : « Tommy ? Qu'est-ce que tu fabriques ici ? » Le nommé ne répondit pas. Face au jeune homme, il vint l'enlacer dans une étreinte pleine de soulagement et se laissa souffler contre son épaule. Les yeux du blond s'écarquillèrent de surprise tandis que Thomas confiait d'une voix brisée : « Tu m'as tellement manqué. » Les joues de Newt rougirent. Il toussota, embarrassé : « Clint, Jeff ? Pouvez-vous nous laisser un moment, s'il vous plaît ?

- À vos ordres, chef. répondirent les garçons en soupirant. »

Une fois seuls, Newt encercla le Bleu de ses bras, un peu perdu, et reprit : « Que se passe-t-il ? On s'est vu il y a à peine deux heures ! » Reniflant, Thomas secoua négativement la tête et embrassa passionnément ses lèvres. Le blond hoqueta de surprise. Il répondit timidement à son baiser, soupirant de bonheur et de gratification contre sa chair. Il finit par le repousser, brutalement coupé dans son rêve et réveillé par la fraîcheur de la réalité.

Pouvoirs - NewtmasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant