- Wicked -
Il avait un rugissement de désespoir, issu d'une rage, peut-être, expulsée aux bords de ses canines. Les mains enterrées dans le cuir laid de son siège, les poings cognant parfois le bureau trop large, trop plein, trop grand. Les yeux stagnant à travers les fréquences de lumières, d'images, parcourant les chemins bleus dans lesquels fleurissait encore le sang. Il hurlait, usant les commandes sous ses empreintes, frappant aléatoirement, poussant un sanglot moribond à chacun de leur mauvais son, de leur son affreux, vif et strident. Le tocsin de ses conséquences. Des avertissements sur lesquels Thomas crachait, appelant plutôt un nom, - toujours les mêmes syllabes, toujours la même vélocité sur ses lèvres rouges. Le pantin était un spectacle, il s'offrait aux yeux gourmands, affamés de pêchés. Il était comme une brebis en cage, Thomas devait être le lion en pâture. "Tu sais ce que nous sommes. La gueule du loup, les yeux de l'agneau. Tu le seras aussi", entendait-il, le proverbe éclatant en lui à la façon des artifices dans un ciel pur et bleu.
« La ferme, la ferme ! Putain, la ferme ! vociférait le jeune homme, empoignant ses propres cheveux, excoriant ses propres oreilles. »
Il broya les boutons, - interrupteurs, portes, entrées et sorties. Il ordonna la fermeture d'un premier mur, mais la bête immisça son corps gluant et cruel entre les cloisons. La silhouette de la brebis réfractée par ses terribles globes rouges. Thomas en fit clore deux, trois, quatre, cinq ; la créature pouvait toujours embrocher sa proie sur ses gigantesques, oblongs bras. Et la figure de la brebis s'étiolait, le visage désaligné par ses boucles légères, fines et blondes, non loin du monstre se grandissant au-delà de son ombre projetée sur les sols glacés, - près de sa fin. Thomas gronda, les cris rageux, lancinants vrombissant au coeur de sa gorge, martelant les commandes des innombrables claviers, maniant, forgeant et relevant les murs, la masse noire et lourde flottant au-dessus du coureur à l'image d'un nuage de fumée. Il avait crée une sortie regagnant le Bloc, une métamorphose face à laquelle l'adolescent levait son front blond avec une fascination horrifiante. La spoliation tira les mugissements les plus gutturaux du monstre. La sortie se rapprochait, elle approchait vite, - injustement vite. La brebis se délivrait.
L'alarme se mit à geindre dans les locaux de WICKED. Même s'il se damnait en refusant la fuite, Thomas persistait dans son miracle, parvenant à guider son plus fidèle ami jusqu'aux pieds des portes. Ces murs cyclopéens, prêts à se coaliser avant le passage du garçon, l'enfant se propulsant à travers la brèche de lumière. Le portail s'étrécissant sur sa jambe. Thomas hurla, sa voix tonitruant par erreur dans l'entièreté du labyrinthe, comme un cyclone rebondirait contre les vents : « Newton ! » Des secondes et la porte du bureau explosait. Les scientifiques fusaient, se précipitaient, l'arrachaient à ses écrans, malgré ses coups, ses cris et ses morsures : « Non ! Je dois savoir qu'il va bien, je vous en supplie ! Lâchez-moi ! » Il y eut des blouses blanches, passant devant et derrière lui à la manière des phares éblouissants des voitures, puis une aiguille enfoncée dans la plus grosse veine de sa nuque.
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- Wicked -
Dès l'ouverture de ses paupières, Madame Paige le dominait du haut de la plus sévère des inhumanités, sa silhouette éclairée par les lustres blancs, - ceux qui saisissent le regard et la tête. Il s'abandonnait sur le matelas aussi pâle que les murs, une main tâtonnant aveuglement sa dernière douceur.
« Vous êtes en danger, Edison. bourdonna la voix neutre. En grand danger. »
Thomas voulait se redresser, observant la veille femme malgré ses yeux troubles, tout juste assommés.

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Pouvoirs - Newtmas
FanfictionDès ses cinq ans, Thomas est capturé par WICKED pour son immunité et son don inexploité de télékinésie. Condamné à grandir entre ces murs, il se voit coupé du monde et encerclés par des scientifiques et d'autres prisonniers de son âge. Cette compagn...