11. Une amie inattendu

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June fixait le plafond de sa chambre, elle s'acharnait à contempler cette surface blanche, la scrutant comme pour y déceler les prémices d'une réponse. Sa main reposait paresseusement sur son ventre, soulevée au rythme de sa respiration. Leiftan était emprisonné. Le temps était passé à une vitesse extrême ces dernières semaines. Suite au dernier acte de violence de Leiftan, elle avait été convoquée auprès d'Huang Hua. Au bout de quelques jours, elle avait réussit à dire ce qu'il s'était passé. A mi-voix, en s'y reprenant à plusieurs fois, mais elle avait réussit à se libérer de son fardeau si longtemps gardé, condamnant Leiftan à l'enfermement. La culpabilité de la lâchait jamais. Elle se sentait responsable de son emprisonnement. Si ses séquelles physiques étaient derrière elle, ses sévices psychologiques semblaient plus présentes de jour en jour. La jeune femme posa son regard sur son bas ventre, puis sur son lit. Elle se leva subitement, sentir son matelas sous son dos lui sembla soudainement insupportable. Elle se déplaça rapidement jusqu'à l'extérieur, et se détendit un peu quand elle sentit l'air frais sur son visage. Elle fit quelque pas de plus et entendit son prénom. Elle reconnu la voix de Koori. June se retourna, le regard lasse. 

- June... Bonjour, comment vas tu ? 

- Tiens ? Pas de mesquinerie aujourd'hui ? Lui demanda June avec un sourire froid. 

- En vérité, je voulais te parler. J'ai appris ce qu'il s'était passé avec Leiftan, enfin, je veux dire, tout le monde est plus ou moins au courant des grandes lignes mais... 

- Ravie de l'apprendre. Lui répondit June en levant les yeux au ciel. 

- Ce que je veux te dire, c'est que si tu as besoin d'en parler, je pense que je peux comprendre ce que tu as vécu. 

June détailla la jeune Kitsune, elle se rappela de leur conversation sur le bateau qui les avait menées à Genkaku. L'air torturé qu'avait la jeune femme, la détresse visiblement présente dans son regard quand ils s'étaient retrouvés en présence de Tenjin. June lui sourit tristement. 

- Je comptais me promener près des falaises, est ce que tu veux venir avec moi ? 

Koori acquiesça et les deux jeunes femmes se dirigèrent vers la plage. June se laissa glisser sur l'herbe abimée par l'air marin, elle contempla la crique un instant, son regard se perdant sur les reflet de l'eau. 

- Tu sais, quand tu m'as expliqué ce que tu avais vécu sur Genkaku... Ce sentiment d'être une marionnette ? J'ai la sensation d'être devenu une poupée, lisse et obéissante. J'ai la sensation d'être un objet cassé à présent. Comment est ce qu'on en est arrivée là ? Comment est ce qu'on a fait pour ne pas voir les signes ? Pour se laisser berner ? Comment est ce que j'ai fais pour le laisser faire comme cela ? 

- J'ai mis du temps, à comprendre que ce n'était pas de ma faute. J'ai mis du temps à comprendre que si je ne m'était pas défendu, ce n'était pas parce que j'étais faible, mais parce qu'il avait fait en sorte que je ne puisse pas me défendre. Mes liens n'étaient pas physique, mais bien à l'intérieur de ma tête. C'est le type de lien le plus difficile à défaire. Lui souffla Koori. 

- Je culpabilise. C'est terrible. Le fait qu'il soit emprisonné, je devrais me sentir soulagée, mais j'ai la sensation que si je n'avais rien dit, si j'avais obéi, il n'aurait pas tout ses problèmes actuellement... 

June posa distraitement sa main  sur son bas ventre. Elle tourna la tête vers Koori qui secoua la sienne brutalement. 

- Qui t'as convaincu que tu ne méritais pas mieux que ça ? 

- Je te demande pardon ? Lui demanda June.

- Tu sais, je me suis demandée, comment j'avais fais, pour ne pas voir ce qu'il trafiquait. Mes parents, ils ont toujours étés... absent. Mon père était toujours occupé, toujours en déplacement, son rôle de souverain lui prenait beaucoup de temps, il n'en avait plus pour nous. Ma mère s'en est toujours contenté, je crois qu'au fond, elle n'avait pas tellement le choix, je crois qu'elle ne l'a jamais eu. Elle n'a jamais été une personne douce, ou attentionnée. Avec du recul, je pense qu'elle n'a pas non plus choisit d'être mère. Entre elle est mon père, j'avais la sensation d'être invisible. J'ai passé beaucoup de temps, seule, à rêver au jour où mon prince charmant viendrait me délivrer. En fait, je crois que j'ai grandit en étant persuadée que je n'était pas digne d'amour, car si même mes parents ne m'en donnait pas, finalement, pourquoi est ce que je mériterais d'en avoir ? Alors, quand Tenjin est arrivé, et qu'il s'est montré si doux, si prévenant, je me suis jetée à corps perdu dans ses bras. Tu imagines ? J'étais enfin aimé, quelqu'un s'intéressait enfin à moi ! Et puis, ça a commencé à dégénérer. De manière insidieuse au début. Des petites réflexions, des remarques cachées par l'humour, caché par le fait de « vouloir me protéger ». Et au final, j'étais persuadée que c'était le prix à payer, convaincu au fond de moi que je ne méritait pas plus que ça au final, parce que, au fond, je ne valais pas grand chose. Ce genre de personnes, ils savent très bien à qui ils s'en prennent. Ce n'est pas de notre faute, c'est logique, d'être attiré par des choses que l'on connaît, même si ce sont des choses terrible... Le connu à quelque chose de rassurant, c'est difficile de se détacher des schémas qui nous ont construits...

D'Azur et d'Améthyste ( Lance - Eldarya New Era)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant