26. Clarté

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Le vent soufflait inlassablement sur les plantes du biome littorale, girolée et centaurée se débattaient vigoureusement sous ses rafales dévastatrices, pliant sans jamais rompre, malménées indéfiniment sans jamais se déraciner. Quelle force elles devaient déployer, quelle énergie elles devaient déverser à se battre contre le vent. C'est ce qu'il s'était toujours dit, mais plus il les regardait, plus sa perception changeait. Elles ne se battaient pas, contre le vent. Elles le sentaient arriver, et avaient comprit depuis bien longtemps qu'elles ne pourrait rien y changer, les bourrasques maritimes étaient inhérentes à la vie sur la falaise. Quand il arrivait, elle le laissaient faire, écoutant ce qu'il avait à dire, se nourrissant de son mouvement changeant. Elles avait tout simplement évolués en fonction de lui, devenant plus forte, pliant à son contact, se gorgeant des expériences qu'il lui apportait. Finalement, tout comme le vent battant inlassablement le bord de la falaise, il y a des évènements qui ne pourront jamais être changés. La vie est un grand cycle, une roue, changeant en fonction des saisons. Il observa un Lapy se poser sur une branche, sautant au grès du vent, se laissant planer dans les air, puis remontant en pique pour retourner se poser en hauteur, il semblait observer les rafales. Un autre, plus jeune, peinait à s'envoler, se battant vigoureusement contre le vent.  

Il y avait deux manières, d'appréhender ce cycle. Le première serait de se laisser happer par ses flux, de se débattre dans ses courants pour espérer naïvement pouvoir maintenir la tête hors de l'eau, dépensant toute son énergie pour se battre contre l'inévitable. Somme toutes, fuir, fermer les yeux, se contenter d'avancer en espérant ne pas s'effondrer. Être comme attaché, à cette roue immuable, profitant des haut qu'elle voudrait offrir, et subissant les bas dans lesquels elle plongerait innévitablement. Être un pantin à la merci du destin, à la merci de cette roue de la fortune qui tournera irrévocablement, aussi certainement que le soleil se lèvera chaque matin, terminant sa course en laissant place à la nuit. Cette méthode pourrait sembler fonctionnelle, car avec elle, la responsabilité des actes n'est pas prise, avec elle, la vie semble douce et féroce, mais elle ne dépend plus des choix fait dans l'existence, et le pantin peut passivement fermer les yeux sur ses propre responsabilités. Il n'en est rien, car le pantin n'est que spectateur, victime de cette roue qui l'oppresse, qui l'écrase et le contraint. 

Le seconde en revanche, est bien plus pénible. Prendre de la hauteur, observer les flux et reflux de la roue, comprendre son schéma, observer ses mouvements. Si bien qu'un jour, il sera possible d'apercevoir l'orage au loin, d'appréhender la tempête. Alors, oui, tempête il y aura. Mais ce jour là, le Lapy pourra se laisser porter par les flots, jouant avec les torrents , se laissant glisser paisiblement, car il saura une chose que le pantin ignore. La tempête est de passage, et le beau temps est derrière elle. Car s'il n'est pas possible d'éviter la tempête, si le mouvement de la roue est immuable, il est possible de changer sa perception de cette denrière, de s'adapter à ce fâcheux évènement, pour le voir pour ce qu'il est, un évènement parmi tant autre, qui à l'importance sur sa vie qu'il  veut  lui donner. Le lapy est le seul à pouvoir lui permettre de détruire son  monde intérieur, car il est le seul garant de ses portes. Cette tempête externe ne le ravage que parce qu'il lui en donne le pouvoir. 

Alors, qu'est ce qui fait, que nous lui en donnons le pouvoir ? Qu'est ce qui fait, que nous nous laissons ravager et pas seulement traverser ? 

Lance avait plongé dans cette surface brumeuse tellement de fois qu'il lui était devenu impossible d'en faire le compte. Et quand bien même il y avait plongé de sa propre volonté, le résultat avait toujours été le même, il avait tenté de fuir, à un moment ou un autre, il avait fuit. Il avait fuit quand il croisait le visage de Valkyon, jugeant ses actes, fuit quand June venait à lui pour le confondre, fuit quand on lui criait au visage qu'il était responsable. Il n'avait fait que fuir ses responsabilités. En y repensant, la colère et la haine ne l'avait jamais vraiment quitté, il avait la sensation qu'elles avaient toujours étaient là, tapies dans l'ombre, rongeant son coeur, empoisonnant son âme au fil des saisons. Il en avait perdu la raison. 

D'Azur et d'Améthyste ( Lance - Eldarya New Era)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant